Imaginez une petite ville digne d’album pour enfants, où les habitants sont de charmants animaux anthropomorphes. Ajoutez-y une esthétique crayonnée, des couleurs pastel, une quincaillerie accueillante et une fanfare pour fêter le bicentenaire local. Maintenant, glissez-y une tueuse en série… C’est le cocktail détonnant de “Beneath the Trees Where Nobody Sees“.
Une anti-héroïne si douce (en apparence)
Samantha Strong est une oursonne bricoleuse, réputée dans sa petite ville de Woodbrook pour sa gentillesse et son savoir-faire. Mais derrière ce vernis de perfection se cache une véritable machine à tuer.
Samantha a deux règles d’or : ne jamais tuer dans sa ville, et ne laisser aucune trace. Elle part donc régulièrement dans la grande ville d’à côté pour assouvir ses pulsions, puis enterre ses victimes dans la forêt après les avoir consciencieusement découpées. Le contraste entre son quotidien de voisine parfaite et ses expéditions sanglantes est à la fois glaçant… et fascinant.
Tout allait bien jusqu’au jour où un meurtrier frappe à Woodbrook. Pour Samantha, c’est l’horreur : non seulement cela menace sa couverture, mais en plus, quelqu’un ose souiller “sa” ville. Déterminée à protéger son petit monde, elle se lance dans une enquête, bien décidée à démasquer ce concurrent encombrant. Et là, le polar prend le relais : entre fausses pistes, tensions communautaires et paranoïa montante, Woodbrook perd peu à peu son vernis de perfection.

Cuteness et hémoglobine
Ce qui fait tout le sel de cette bande dessinée, c’est son esthétique. On pourrait croire, à première vue, à une histoire jeunesse. Les personnages sont adorables, les décors charmants, l’ambiance “petite ville américaine parfaite”. Mais attention : “Beneath the Trees Where Nobody Sees” est d’une violence froide, chirurgicale. Le décalage est saisissant, presque comique par moments, mais surtout terriblement efficace. Une sorte de Happy Tree Friends, version crayonné.
Le dessin de Patrick Horvath est d’une précision redoutable : il sait rendre Samantha attendrissante puis terrifiante en un seul regard. Son sens du cadrage et ses détails glaçants rendent l’ensemble immersif et perturbant.
Au-delà de l’enquête et des meurtres, le récit interroge : que cache-t-on derrière les sourires et les gentillesses de voisinage ? Est-on jamais totalement sincère ? Samantha est glaçante parce qu’elle n’est jamais dans l’excès. Elle est méthodique, rationnelle, polie. Et cela fait d’elle un monstre d’autant plus crédible.

Mon avis
J’ai dévoré ce comics / BD / roman graphique (appelle le comme tu veux). J’avais l’impression de feuilleter un album de mon enfance, version adulte et sanglante. C’est drôle, intelligent, superbe et bien rythmé. Samantha est un des personnages “gentil/méchant” les plus réussis que j’ai croisés en BD dernièrement. Si vous aimez les méchants bien écrits, les ambiances décalées et les petites villes pas si parfaites qu’elles en ont l’air : foncez.
“Beneath the Trees Where Nobody Sees” est disponible chez Ankama Editions à 19,95€.
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