Cette étude, menée au Walter and Eliza Hall Institute of Medical Research (WEHI, Australie) identifie des pistes de traitements inédites pour prévenir l’infection virale potentiellement mortelle par ce virus de la leucémie T humaine de type 1 (HTLV-1). Ces travaux, publiés dans la revue Cell, qui suggèrent que des médicaments anti-VIH existants peuvent inhiber la transmission du virus HTLV-1 (chez la souris), pourraient radicalement changer la donne.
Le virus HTLV-1 infecte un type de globule blanc, les lymphocytes T. Dans 3 à 8% des cas, les personnes infectées développent un cancer de type leucémie/lymphome ou un trouble de la moelle épinière (neuromyélopathie). On estime à environ 10 millions de personnes, la prévalence de l’infection à ce virus à travers le monde, avec des foyers majeurs au Japon, dans les Caraïbes, en Amérique Latine, en Afrique tropicale, au Moyen-Orient et en Océanie. Une faible proportion de personnes infectées par le HTLV-1 après une longue infection développent des maladies graves, telles que la leucémie T et une inflammation de la moelle épinière.
L’étude ouvre la perspective de tout premiers traitements contre l’infection à HTLV-1, une maladie qui peut être mortelle, mais reste pourtant mal comprise et ne dispose actuellement d’aucun traitement préventif ni curatif. L’équipe identifie en effet une nouvelle cible médicamenteuse susceptible d’éliminer les cellules positives au HTLV-1 chez les personnes infectées et de prévenir la progression de la maladie :
- 2 antiviraux spécifiques contre le VIH, déjà commercialisés, peuvent inhiber la transmission du HTLV-1 et prévenir la maladie : la démonstration en est faite, ici sur des souris modèles d’infection à HTLV-1 ; les auteurs rappellent que le virus HTLV-1 infecte le même type de cellules que le VIH : les lymphocytes T, un type de cellules immunitaires sanguines qui aident l’organisme à combattre les infections ;
- lorsque les antiviraux contre le VIH sont utilisés en association avec un composé induisant la mort cellulaire, les cellules infectées sont détruites, ce qui laisse entrevoir une stratégie curative possible ;
-
les cellules humaines contenant le HTLV-1 sont sélectivement détruites
lorsque des souris sont traitées avec ces médicaments anti-VIH ;
- ces médicaments pourraient faire l’objet de prochains essais cliniques sur cette indication et faire l’objet d’un repositionnement rapide contre HTLV-1.
L’un des auteurs principaux, le Dr Marcel Doerflinger confirme que ces résultats prometteurs vont être rapidement exploités pour cet accès à de nouveaux médicaments de traitement et de prévention pour l’un des virus les plus négligés au monde.
« Enrayer le virus dès sa transmission permettrait de l’arrêter avant qu’il n’ait le temps de provoquer des dommages irréversibles au système immunitaire, entraînant une maladie et un décès prématuré ».
« Nous n’aurons pas à partir de zéro, car nous savons déjà que ces médicaments sont sûrs et efficaces. Nous apportons une première démonstration de l’intérêt d’élargir leur utilisation au HTLV-1 ».
Source: Cell 10 July, 2025 DOI:10.1016/j.cell.2025.06.023 Combination antiretroviral therapy and MCL-1 inhibition mitigate HTLV-1 infection in vivo
Équipe de rédaction Santélog Sep 10, 2025Admin
