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Le printemps peut-être, de Léna Furlan

Publié le 10 septembre 2025 par Francisrichard @francisrichard
Le printemps peut-être, de Léna Furlan

Nous sommes nées le vingt-cinq mai. J'ai deux ans de plus. Deux années vécues sans Anna. Je ne m'en souviens plus. À partir de là, ça a toujours été deux pour le prix d'une. Cadeau commun. 

La narratrice s'appelle Ada M., sa petite soeur, Anna. Depuis qu'elles ont quitté la maison, elles ont tendance à se voir plus souvent, même quand elles n'en ont pas envie. Cela ne les empêche pas de se disputer et de se réconcilier.

Anna est en couple avec Simon, Ada l'a été1 avec un inconnu aux yeux verts, que le lecteur apprend à connaître peu à peu: peintre, sculpteur, photographe, son atelier se situait dans une grange, tandis que, de son côté, elle écrivait.

En attendant de décider de poursuivre ses études, Ada travaille dans un magasin où elle vend notamment des sacs à main, ce qui lui vaut la visite de divers clients parmi lesquels une de ses vieilles connaissances, un dénommé Elias.

Simon n'apprécie pas qu'Anna invite souvent Ada à les rejoindre. Il préférerait sans doute qu'ils soient seuls, tous les deux. Parmi leurs amies, d'aucunes ne se privent de penser, voire de dire, que les deux soeurs M. sont tarées...

La relation d'Ada avec le jeune homme aux yeux verts ne devait être que physique. Dans un sens, elle l'a été, mais pas dans celui auquel elle s'attendait. La rupture l'a d'autant plus traumatisée qu'auprès des autres il s'est victimisé.

Pour être admise en master, Ada doit remplir un formulaire et dire ce qu'il pourrait apporter. Au lieu de cela elle confie:

Je voudrais écrire

le printemps peut-être

ou la disparition des hirondelles

la couleur du béton

celle du ciel

les étoiles comme des diamants dans du velours noir

l'odeur de la pluie

Le lecteur n'est pas étonné par le choix du master auquel, finalement, elle envoie sa candidature et qu'assise, sous l'ombre morcelée du chêne des pique-niques de [son] enfance, elle se dise, pour tourner définitivement la page:

Peut-être qu'il faut que je me rappelle, que je suis plus qu'un traumatisme, plus qu'une rumeur, plus qu'un sujet de conversation, plus qu'une douleur, plus qu'une soeur, je suis aussi.

J'existais avant.

J'existerai après.

Francis Richard

1 - Les souvenirs de cette liaison sont exprimés dans des textes en aparté, en italiques.

Le printemps peut-être, Léna Furlan, 160 pages, Éditions Slatkine


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