Contrairement à un large panel de médias, de contacts sur mes réseaux sociaux ou d’artistes, le sort de Charlie Kirk me questionne plus qu’il ne m’émeut. Si l’acte en lui-même est répréhensible, il s’inscrit cependant dans une longue liste d’assassinats, ou de tentatives d’assassinats politiques, qui ramènent les Etats-Unis depuis les années 60 à l’époque du western. Au pays des cow-boys, il faudrait arrêter à un moment de s’étonner de l’utilisation régulière des armes à feu, ici pour régler un conflit de voisinage, là pour vengeance personnelle, quand ce n’est pas une tuerie de masse pour idéologie politique ou religieuse. Au 31 août 2025, 309 fusillades avaient fait 302 morts et 1 354 blessés.
Ce qui pose question aujourd’hui, ce n’est pas que les médias parlent de cet énième fait divers dans un pays qui nous habitue tous les jours au pire, mais que l’on fasse passer la victime Charlie Kirk, pour une espèce de martyr, lui qui était si jeune, si talentueux, père de famille et bon mari. Sur certains posts, il apparait au milieu de Martin Luther King, JFK et Jesus !! Ha ha ! Trump a mis les drapeaux en berne pour lui, mais pas pour la mort de Jimmy Carter ! C’est dire toute l’importance donnée à cet individu, qui, au contraire des trois autres, ne prêchait pas vraiment la paix dans le monde ni entre les individus. Tout son combat aura été de faire monter la division dans les rangs d’une jeunesse blanche américaine qui n’en demandait pas tant, déjà bien lobotomisée depuis l’arrivée de Trump en 2016. Raciste, masculiniste, misogyne, homophobe, réac, climatosceptique, amateur d’armes à feu, Kirk avait la parfaite panoplie du petit soldat trumpiste s’en allant prêcher la bonne parole sur le chemin de la guerre idéologique menée contre les dangereux gauchistes voulant détruire le monde et les préceptes qu’un Dieu miséricordieux nous légua jadis dans son immense bonté. Une caricature du militant Maga qui n’a de cesse de distiller la haine sur des campus pour alimenter sa petite croisade personnelle contre le Diable woke venu détruire la Terre à grands renforts de cheveux bleux, de tacos et de musique disco. Quels sont les médias français à avoir qualifié ce sinistre individu tel qu’il aurait dû l’être : un fasciste nauséabond et dangereux pour la jeunesse de son pays en déliquescence ?
Dans un concert à Wembley, le pourtant très lisse, et un peu naïf Chris Martin a demandé au milieu d’un set de Coldplay, à avoir un peu de compassion pour la famille de Charlie Kirk. Au lieu de ne rien dire, ou d’expliquer à cette autre jeunesse qui boit ses paroles pourquoi ce genre d’individu ne mérite pas qu’on lui donne une tribune, fut-elle post-mortem. Le populisme à définitivement gangréné toute la société. On ne réfléchit plus, on s’émeut. On vénère des héros de pacotille, agitateurs éphémères de réseaux qui n’ont de sociaux que le nom. On confond liberté d’expression et déversoir à ordures.
Évidemment à chaud, on a cru à une action des Antifa. C’est de bon ton, surtout sur CNews, de trouver des agresseurs tout désignés, sans attendre l’arrestation du coupable. Qui s’avère être un autre jeune homme, blanc, de 22 ans, encore plus secoué que sa cible, élevé dans la fascination de la Bible et des fusils d’assaut, les deux mamelles d’une Amérique flippée par le ciel et les étrangers. On retiendra alors simplement que 93% des meurtres extrémistes aux USA ont été commis par des gens d’extrême-droite, non par des islamistes oiu des gauchistes ! Ce qui ne va bien sûr pas dans le sens de Trump et de Pascal Praud. Qui sont chacun à leur manière responsables de ce climat de haine et de défiance qui détruit toute possibilité de débats des deux côtés de l’Atlantique. Comme entre un supporter de l’OM et un du PSG, il n’y a plus de dialogue possible, plus de recul, plus de marges pour espérer changer les mentalités. On est pour ou on est contre. On est ami ou on est ennemi.
Cette manière de penser qu’imposent les dictateurs qui dirigent le monde moderne. De Trump à Xi Jin Ping, de Poutine à Netanyahu, nous devenons les témoins muets et terrifiés des exactions de chacun, menant le monde à sa perte en Mondiovision, sans être perturbés une seconde par les puissances impuissantes à les contrer durablement. Pour mieux comprendre l’extrémisme, le populisme et le fanatisme à l’œuvre chez les « grands » dirigeants de notre monde flippant, il faut regarder sur Arte ‘’Israel, les ministres du chaos’’, documentaire édifiant sur les fachos qui dirigent le pays et l’ont mené dans l’état dans lequel il se trouve aujourd’hui. Sous la haute bénédiction de Dieu bien évidemment, comme chez Trump. Rien n’arrive par hasard, mais il faudrait arrêter de penser que Poutine et Netanyahu signeront une quelconque trêve, tant que leurs rêves de grandeur et d’expansion n’auront pas été comblés, à défaut d’avoir été stoppés…
Je ne suis pas LOUIS non plus.
Le populisme c’est aussi ces inquiétantes dérives journalistiques et médiatiques qui font qu’aujourd’hui les milliardaires contrôlent l’information dans ce pays pour pouvoir continuer leur petit business en plaçant leurs pions extrémistes à tous les postes qui comptent. Ainsi en ce moment, comme le peuple s’est déjà lassé de la guéguerre des BG ‘’Bardella contre Attal’’, Bolloré décide d’imposer Louis Sarkozy, ses tatouages, sa femme enceinte et ses discours de morveux premier de la classe à la une des magazines, à la télé et à la radio, histoire que l’on ait du sang frais pour attaquer 2027, en faisant honneur à papa, pour qui le même Bolloré avait alors fait karchériser Canal Plus avant de créer CNews.
Tout va bien. On sait désormais que ces discours affligeants et ces méthodes de barbouzes ne cesseront que si l’on éteint nos téléviseurs, que l’on coupe nos réseaux sociaux et qu’un miracle se produise un jour dans les urnes. Mais contrairement à eux, nous ne croyons pas en Dieu, ni en aucune religion, qui sont à l’origine de tous les maux de ce monde depuis bien trop longtemps.
Le fanatisme est une plaie depuis que l’homme existe. Avant que Musk ou que Jensen Huang, le boss de Nvidia ne le fasse à notre place, il serait temps d’apprendre à réfléchir par nous-même et à reprendre le contrôle. Il reste encore un mince espoir. En attendant, comme dans Sirat, il ne nous reste plus qu’à danser sans réserve en attendant l’Apocalypse. Avec les basses bien à fond, pour couvrir le bruit dérangeant du populisme ambiant.

