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Moi qui t’aimais

Publié le 03 octobre 2025 par Alexcessif
t’aimais

Un écrivain qui se raconte c’est un travail de journaliste qu’un stagiaire exécutera sans plus de créativité qu’une intelligence artificielle

De sorte qu’un acteur n’est pas un imitateur, c’est un créatif. L’intelligence de Diane Kuris est d’ouvrir son film sur Marina Foïs et Roshdy Zem au maquillage. On assiste à la touche subtile qui donnera vraisemblance grâce à quelques rides aux deux protagonistes et d’incarner, d’entrer dans la peau de Madame Signoret et de Monsieur Montand

Sans la suspension volontaire de l’incrédulité il est inutile d’entrer dans une salle obscure. 

Ne cherchez pas, le film n’est pas un concours de sosies ni un gala d’imitateur mais un exercice d’anthropologue où grâce à un fémur et deux vertèbres les acteurs habillent de chair —incarnent, tu l’as? — le squelette des deux dinosaures du cinéma international

… et l’émotion est là dans cette compétition d’egos dont nous fûmes témoins dans leur actualité devenue historique augmentée des éléments intimes qui ne me regardent pas et pourtant me touchent. 

Le film se passent entre un film de Sautet et la Nostalgie n’est plus ce qu’elle était

Simone s’est-elle trainée aux pieds de Montand qui faisait sa valise? Le sofa du salon était-il saumon ou pervenche? Montand a-t’il une enfant cachée? Jusqu’où Yvio Livy a-t-il poussé la forfaiture et la tromperie? — Regarde tes mensonges sur mon visage. 

Cela ne me regarde pas. 

Comment cette gauche mal à droite a vécu avec des domestiques? Peu importe, j’ai aimé l’appartement du 16 de la place Dauphine, la déco chez Paul, la chambre où Simone s’est tordue de solitude pendant que le macho vintage essayait de ne pas vieillir entre les cuisses d’une jeune actrice. Montand accaparant l’affiche de Vincent, Francois, Paul et les autres. Montand humiliant Reggiani en post Syncro ou son pianiste en préparant son retour à l’Olympia. Montand devant sa télé parce qu’il ne croyait pas à un césar pour madame Rosa mais Montand là, chez Prunier, quand Simone et Catherine se préparaient à fêter l’anniversaire à deux. La musique et la voix de Montand emplissent la salle déserte de feuilles mortes et on peut penser que « Deux minutes 35 de bonheur » peuvent effacer des nuits d’attente interminables à partager un homme qui rentrera toujours à la niche parce que: « On ne quitte pas Simone Signoret! » 

Dans ce couple qui s’égratigne sans se séparer on peut spéculer à l’envie sur Montand, opportuniste, mondain et probablement toxique et que tout problème est soluble dans le whisky. C'est juste qu’il faut augmenter la dose de poison antalgique jusqu’à cette mort lente de l’amour dans les artères de Signoret

Mais cela ne me regarde pas. 

On se doit, nous spectateurs, de regarder par le trou de la serrure des chambres d’Auteuil à Saint Paul de Vence sans sombrer dans le voyeurisme 

Vazy ou pas, tu fais ce que tu veux, moi j’ai chialé


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