Je n’appartiens plus à la ville

Publié le 07 octobre 2025 par Paulo Lobo

Je n’appartiens plus à la ville.
Je vois des oiseaux dans le ciel.
Ils s’élancent dans tous les sens, comme si leur vie en dépendait.

Dans la rue, des voitures passent.

Dociles, pour la plupart, respectueuses des conventions.
Sur la voie publique aussi j’aperçois des utilitaires, des bus, le tram.

Je croise des gens sur le trottoir.

Tout un tas de gens.
Des inconnus, qui le resteront, bien malgré eux, bien malgré moi.

Trois personnes fument et discutent devant la vitrine d’un magasin.

Des jeunes, probablement évadés de l’école,
bien dans leur peau.

J’entends les bruits, les conversations, les sursauts.

J’entends un labyrinthe de sons.
J’imagine les amitiés, les amours, les querelles, les soupirs.

Je marche sans me forcer.

Je suis suspendu dans l’espace-temps,
en sursis de ma propre vie.

Je laisse penser ma plume,

couler les mots,
jaillir les phrases.

C’est ainsi que le monde va.

Peinard.
À la recherche du Ricard perdu.

La paix est une belle chose quand on en prend conscience.

Soudain, tout s’éclaire :
les sourires, les éclats de rires, les larmes, les soucis, les sourcils,
les âmes puériles, les chiens dans le chenil.

Je suis heureux quand les autres sont heureux.

Je suis content pour eux.
Le fait de savoir que ça va bien me fait du bien.

J’aime quand la rue s’anime, qu’elle fonctionne,

que les gens marchent,
qu’ils ont du travail ou une occupation,
qu’ils circulent, s’amusent, s’extasient, s’étonnent.

J’aime quand chaque chose est à sa place

et que les bâtiments, solidement accrochés au sol,
ont des étages et des fenêtres qui s’ouvrent vers le dehors.

Que cachent leurs façades ?

Beaucoup de gens qui travaillent,
d’autres qui somnolent,
d’autres encore qui rêvent à une vie différente.

Mais même si la vie est différente,

elle sera toujours la même.

Il ne faut pas croire les contes de fées.

Bois ton café en attendant :
même si ce n’est plus le même,
il restera le même.

Je voudrais pouvoir m’oublier, toujours et encore,

comme je le fais maintenant.
Me laisser envelopper dans une langue qui n’est pas la mienne.

Me dire :

« Assieds-toi et prends un verre.
Ne le remplis surtout pas.
Laisse-le devant toi,
contemple-le et attends qu’il se remplisse ou qu’on le remplisse. »

Le ciel est gris,

le ciel est couleur de plomb.
Les nuages sont loin,
les planètes insoumises.

Très peu pour moi.

Toute cette rage enfouie.
Étrange. Étrange.

Moi, je n’en ai rien à faire.Je vois une jeune fille extraite de mes jeunes années,

je vois une autre jeune fille, toute de noir vêtue,
et je vois des jeunes hommes qui tournent sur eux-mêmes.
Clownesques et sauvages.


Je retrouve le paysage qui m’était si familier.

Les gens ont changé.
L’aménagement urbain a changé.
J’ai changé.

J’entends.

J’entends.

Je vois une jeune fille, cette fois de vert vêtue,

qui demande aux passants s’ils peuvent lui donner un sou. 
Un petit sou.
Elle a sûrement un problème.
Elle demande si on peut la dépanner.

Terrible, l’environnement.

Terribles, les tristesses.
Terrible quand on y pense.

Le respect de l’environnement et du bien-être du personnel est au cœur du projet.Le feu est vert pour les piétons.

Certains ont les yeux bouclés.
D’autres ont des lunettes.

On aime ça.

On s’amuse.Voulez-vous une tasse de café ?