L’imparfait du présent

— La lecture en cours l’intéressait mais le style de l’auteur l’agaçait. La promesse narrative de Tanguy Viel était souvent tenue mais le récit était laborieux. L’attente devant l’ascenseur lui paru interminable alors il est descendu à pied. Dans le garage, la moto le tenta un moment mais la température extérieure un peu moins. La voiture promettait un meilleur confort mais la facilité l’ennuyait. Il enfourcha le vélo électrique mais renonça pour la même raison. Il parti finalement à pied mais il était mal chaussé comme un cordonnier. Il se dirigea vers Boulogne et Saint Cloud et il aurait bien pris un café avant mais le bar de Farid n’était pas encore ouvert. Bien sûr, à la maison le café était excellent mais la machine était bruyante et il ne voulait pas réveiller sa compagne au demeurant plus bruyante qu’un décollage du Concorde. La Seine était bien là au bout de la rue de la Convention mais il y avait trop de clapot pour faire des ricochets au Pont Mirabeau. Dans son dos le soleil se levait mais il le trouva un peu pâlichon. Hier soir la chatte avait décliné son invitation à ronronner sur ses genoux. 

Tout est là: il avait tout! Sauf une ronronneuse sur les genoux pour regarder la télé. A écrire dé-crire re-écrire le roman de sa vie il ne pouvait se résoudre à choisir une conjugaison. Le passé, pas si simple, le présent, singulier, le futur, antérieur. Les perfectionnistes sont des emmerdeurs. Ils trouvent souvent trop de mais dans l’imparfait du présent

Intranquillité & autres coquetteries-Paris-Octobre 2025