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Le club des jeunes hommes riches

Publié le 14 octobre 2025 par Eric Acouphene
« Affligé de cette parole, cet homme s’en alla tout triste car il avait de grands biens »Evangile selon MarcDieu merci il n’a pas été dans mon destin de faire la guerrecelle sans cesse recommencée de siècle en sièclede contrée en contrée de chef en chefde peuple en peuple matière des livres dits d’histoire mécanique de morten mode éternel retour Dieu merci il a été dans mon destin d’en faire une autre bien moins connuepas moins récurrente mais touchant moins d’appelésla guerre invisiblecelledont les livres d’histoire ne disent motde siècle en sièclede contrée en contréed’ami spirituel en ami spiritueld’élève en élève matière de récits obscurs inintelligibles à la plupartdynamique de la grâcede cette guerre entamée comme toutes les guerres fleur au fusil illusions en bernerêves de gloire et de hauts faitsde cette guerre qui comme toutes les guerres s’est avérée âpre romantisme fracassé sur la cruauté de la bataillede cette autre guerre pour mon plus grand bienje suis sorti sinon anéanti,du moins proprement défaitbel uniforme en lambeauxdémarche hésitantequelques séquelles et souvenirs incommunicables cependant neufreconnaissant d’avoir été acculé à la redditionau terme d’une résistance pied à pieddéfense d’un ordre ancien de toutes façons condamnévieux soldat désormaisje savoure une paix balbutianteici et là traversée de résurgences de combats périmés mais si tenaces en leur volonté de se perpétuer dans le videdepuis ma retraitemes médailles remiséesde mon œil amène mais à qui on ne la fait pasj’observe les recrues d’aujourd’huibeaucoup se contentent d’observer de loin la bataille parfois fournissent ravitaillementacclamations et haranguesd’aucuns se rapprochent rôdent aux confins des combatsau risque de prendre une balle perdue ou d’être assourdi par le grondement du canonquelques uns dont c’était le destin n’ont pu faire autrement que d’avancer en première ligne je les vois chargerici et là reculer pour repartir à l’assautje reconnais sur leurs visages la foi club jeunes hommes richesla peine la rageparfois l’effroià ceux là je dis il n’est plus temps de reculermême si dans cette guerre là les apparences donnent à croire qu’il serait facile à tout moment de se retirerramasser son paquetageregagner sans trop de dommagesson petit carré tranquilled’aucuns le fonttels le jeune homme riche de l’Evangileils tournent les talonsà jamais tristes en profondeur en surface soulagéss’ils s’en vont c’est qu’ils ont de trop grands biensdont le plus précieux à leurs yeuxleur imagece récit qu’ils dévident à l’envi rarissimes ceux qui confessent leur simple trouilledéserteurs, eux ?tout au contraire se récrient ilspeaufinant leur narratifeux combattants plus lucides que les vieux officiers dont il est entendu qu’ils se sont égaréset de vivre désormais peinards autant que hantéseux qui, oui, ont donnéobservé tous les commandements Si je déplore qu’ils terminent ainsi mi cuitsje ne m’octroie pas licence de juger chacun n’a t-il pas droit à son camp retranché ?
Gilles Farcet
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