J’ai donc dégusté un Glenmorangie 18ans puis un Signet, fort agréable avec 2-3 gouttes d’eau. Des arômes plus « subtils et agréables », des whiskys qui me convenaient nettement mieux.
Avant de partir, un ami m’avait dit de goûter un Springbank…sans trop me douter qu’il s’agissait en fait d’une sorte de « licorne » du whisky, un truc quasiment introuvable. C’est un peu comme si vous rentrez dans chez un caviste et que vous demander simplement s’il est possible d’avoir un vin de la DRC …Autant dire que je suis passé pour un allumé quand je posais la question dans les magasins. Jusqu’au jour ou j’en ai trouvé.
Nous avions visité la distillerie de Buchmill en Irlande, celle de Deanstone à Douve en Écosse… à mon retour en Suisse, je me suis un peu intéressé à la chose de plus près, à commencer à suivre des comptes spécialisés sur les réseaux. C’est un monde aussi vaste que celui du vin, il y en a pour tous les goûts et tous les budgets. Certaines bouteilles rares valant des milliers voir dizaines de milliers de francs…
En cherchant quelques références, je suis tombé sur, non pas un magasin, mais plutôt une « société »…la SMWS.
La Scotch Malt Whisky Society : quand chaque fût devient une aventure
La société s’est donné une mission simple, mais ambitieuse : célébrer le caractère unique de chaque fût. Contrairement aux whiskys d’assemblage, ici, rien n’est mélangé ni corrigé. Chaque expression est embouteillée à son degré naturel, sans filtration à froid, révélant ainsi la personnalité brute et authentique du whisky.
Les fûts sont soigneusement sélectionnés dans plus de 150 distilleries, aussi bien en Écosse qu’à l’étranger. Mais ce qui rend la SMWS si particulière, c’est sa manière de présenter ses créations : pas de nom de distillerie, juste un code secret et un titre poétique. Chaque embouteillage devient une découverte sensorielle, presque un jeu. On déguste d’abord avec le nez et l’imagination avant de deviner son origine.
Être membre de la SMWS, c’est rejoindre une communauté mondiale de passionnés. Les membres ont accès à des dégustations privées, à des clubs exclusifs à Édimbourg, Glasgow ou Londres, et à des éditions limitées introuvables ailleurs.
Nous arrivons donc Ma dame et moi au salon de dégustation de Queen Street. J’ai ma carte de membre avec moi, j’ai le droit d’inviter une personne à m’accompagner (cela tombe bien vous me direz). La salle pour les membres se trouve à l’étage. En rentrant, je crois arriver dans un autre monde… un bar avec plusieurs dizaines de bouteilles de whisky…mon dieu ce choix.
De grands bocaux en verre ancien débordaient de bonbons à la cerise, de petits cœurs friables à la craie et de friandises pétillantes au goût de violette. Après avoir ajouté une goutte d’eau à notre verre, notre attention s’est portée vers une vieille malle à thé posée dans un coin. Sur le couvercle trônait un vase de géraniums, tandis qu’à l’intérieur se cachaient du tabac à la pomme et de l’huile d’arbre à thé.
Et puis, la révélation : dans le réfrigérateur, nous avons découvert un trifle à la nectarine, garni de groseilles, abricots secs et tranches de melon, miel roulées dans des copeaux de noix de coco grillée.
En bouche, un morceau de gingembre confit semblait avoir transpercé une mangue caramélisée au chalumeau, tandis que des zestes d’agrumes se mêlaient à des effluves de tabac vieilli.
Avec quelques gouttes d’eau, le profil s’adoucit : les notes sucrées se dévoilèrent davantage, mêlant confiture de framboises et linge fraîchement lavé, tandis qu’une touche d’huile d’orange venait napper un shortbread friable.
Le palais, désormais soutenu par une pointe de crème Chantilly, offrait une belle harmonie de pomme, ananas, pain au chocolat, amande et de légers tanins de chêne.
Portés par la douceur d’un accord de rhubarbe et de crème anglaise, nous glissions dans un rêve sucré tapissé de mélasse et de prunes mûres. Des canneberges, fraises et cerises tombaient du ciel tel des présents divins, s’amoncelant dans un nuage de cannelle et de gingembre séché.
Puis, avec une simple goutte d’eau — presque céleste —, des vagues de glace rhum-raisin vinrent caresser des éclats de noisette et des pétales séchés, au rythme apaisant de notre hamac qui oscillait dans la lumière dorée des tropiques.
Un superbe moment partagé avec Ma dame qui a joué le jeu de la dégustation et qui a trouvé tout ceci (quand même) intéressant !Copyright ©: Mes photos et mes textes sont protégés par un contrat Creative Commons. Merci de lire les conditions et de les respecter !