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J'ai perdu un Bédouin dans Paris, d'Arthur Essebag

Publié le 30 octobre 2025 par Francisrichard @francisrichard
J'ai perdu un Bédouin dans Paris, d'Arthur Essebag

Qui est Arthur Essebag? Selon GrokipediaJacques Essebag (né le 10 mars 1966), connu professionnellement comme Arthur, est un présentateur de télévision français né au Maroc, un producteur et un comédien renommé pour son activité dans le divertissement sur des chaînes majeures telles que TF1 et France 2.

J'ai perdu un Bédouin dans Paris est son premier livre:

Il est imparfait. Bien sûr.

Il tremble encore par endroits.

Mais il est là. Comme moi.

Sincère. Inconfortable. Mais il est vrai.

Si certains y trouvent un écho, tant mieux.

Moi, j'y ai trouvé une respiration.

Ce livre a été écrit après le 7 octobre. Il n'est pas besoin de préciser l'année. 2023 restera dans les mémoires de ceux qui, comme lui, ont vu l'innommablela date d'un point de rupture.

En apprenant le pogrom en direct, Arthur n'était pas prêt à entendre dans sa propre gorge le cri des générations d'avant. [...] Un cri inscrit dans son ADN:

Mon cerveau se vide.

Mais mon sang, lui, se met à hurler.

Un cri venu du fond.

Des cendres.

Des trains. 

Des barbelés.

Un cri qu'on croyait oublié.

Et c'est la désillusion:

Le monde cligne des yeux.

Puis il parle.

Pas pour nous.

Contre nous.

Comme si c'était de notre faute.

Comme si on l'avait mérité.

Le pire n'est jamais sûr, et pourtant, il advient, avec la montée de l'antisémitisme:

Je ne savais pas qu'on pouvait avoir aussi peur.

Dans ce livre donc, Arthur raconte ce qu'il a vécu au cours de ces deux dernières années. Et, notamment, le déferlement de haine contre lui et les siens, les calomnies, les diffamations, non pas pour ce qu'il fait, mais pour ce qu'il est, parce qu'il est juif1.

Comme Rutebeuf, il pourrait se dire: 

Que sont mes amis devenus? 

Dans ce livre, alternent ce que, mis sous protection, lui et les siens vivent, les portraits d'otages du Hamas, retrouvés ou libérés, morts ou vifs, ses interventions, les rares soutiens, les nombreuses insultes:

Le 7 octobre n'a pas seulement été une tragédie pour Israël. Il a été un signal, un top départ pour la haine, partout ailleurs.

Au cours de ces deux années, il se rend plusieurs fois en Israël, où il décrit la vie là-bas, les alertes, Tseva Adom!, la place des Otages à Tel-Aviv:

Hier, on forçait les Juifs à porter l'étoile jaune. Aujourd'hui, ils choisissent d'arborer le ruban jaune. Hier contraints, aujourd'hui fiers. Et ce simple renversement suffit à rendre fous ceux qui refusent obstinément de les voir libres.

Il s'y rend notamment pour voir son filleul Noam qui a dû revêtir l'uniforme de Tsahal pour intervenir à Gaza à la recherche des otages.

Arthur n'est pas inactif pendant ces deux ans:

  • Il diffuse le documentaire Supernovaun testament qui fera le tour du monde, sur le pogrom perpétré lors du festival Nova, qui comprend des images tournées par le Hamas.
  • L'exposition au Musée d'art moderne de Tel-Aviv consacrée au 7 octobre, un an plus tard, vu par de grands artistes, qui ne veulent pas que le monde oublie.
  • Une vidéo diffusée le 14 juillet 2024 lors de la finale de l'Euro
  • Une image projetée sur l'Arc de Triomphe, à Paris, le 14 juillet 2024, où manque dans la devise républicaine le mot Fraternité et où n'apparaissent plus que les mots Liberté, Égalité:
J'ai perdu un Bédouin dans Paris, d'Arthur Essebag

Mais, surtout, ce livre délivre justement un message de fraternité. Le titre en est une des expressions: J'ai perdu un Bédouin dans Paris. C'est le cri de détresse que lui lance Émilie Moatti2. Qui, avec son aide, a fait venir en France certaines familles de Bédouins dont les proches ont été enlevés par le Hamas le 7 octobre, pour qu'ils témoignent:

Contrairement à ce que beaucoup croient, ou préfèrent ignorer, il n'y avait pas que des Israéliens juifs parmi les victimes. Des musulmans aussi ont été assassinés. D'autres, pris en otage.

Ce livre est également un cri. Un cri d'amour et de fraternité, que les sectaires, qui se donnent la main partout dans le monde, pour frapper, ne peuvent pas comprendre:

Pour certains, aimer Israël? C'est trahir.

Pour d'autres, avoir de la sympathie pour Gaza? C'est être complice.

Mais visiblement, ce sont des concepts devenus trop subtils pour une époque qui préfère les slogans aux idées.  

Francis Richard

1 - Il raconte, entre autres, la machination montée contre lui, fin 2024, pour le faire passer pour un prédateur sexuel quand il animait l'émission de jeu À prendre ou à laisser sur TF1, entre 2004 et 2006, exploitée par des comptes anti-Israël, très actifs. Des participantes témoigneront du contraire...

2 - Il sera heureusement retrouvé...

J'ai perdu un Bédouin dans Paris, Arthur Essebag, 336 pages, Grasset

Vidéo diffusée le 14 juillet 2024:


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