Au théâtre des attentes moites
mon corps sue la mort
et sent le sale --
une ombre traverse la salle
un bateau rentre au port
un murmure ferme la boîte.
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Quelle tristesse que ce deuil
en avance sur le légiste
mes peurs autopsient l'espoir
l'ardeur dans le noir
un travail d'archiviste --
l'arbre perd ses feuilles.
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Détournant le regard
d'un astre aveugle
le fleuve de mes peurs aiguille
la seringue
quel appel au creux
du bras ridé.
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Bouclé au cagibi final
le bond factice la chevelure
je défais un noeud
j'arrache une prière --
les peurs sont à taire
l'espoir est à demeure.
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Mon horizon plus bref
qu'un mensuel consulté
en salle d'attente
j'humecte l'index
tourne les pages
meurs d'angoisse.
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Le parfum du savon
la mousse les mains le mal
me ramènent là-bas
l'odeur de l'enfance
une porte de grange
la poya que mon père avait peinte.
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La lumière filtrée
un grand cru
la pièce fraîche
la poussière sur les seuils
que j'oublie de franchir
le chant de mars.
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Les premiers accords de septembre -- on joue un faux requiem
sur mes joues je compose
une élégie
je crois ce soir à demain
demain je croirai que ce soir
est déjà loin.
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Glacial repas de marbre
dans le repos
entre les larmes
le port la promenade l'amour
entre les jambes
la vie jetée en pâture.