"La nuit au cœur" a été préférée aux autres romans qui figuraient dans sa dernière sélection : "Au grand jamais" (Gallimard) de Jakuta Alikavazovic; "Un mal irréparable" (Mialet-Barrault) de Lionel Duroy; Le monde est fatigué" (Finitude) de Joseph Incardona et "La Maison vide" (Minuit) de Laurent Mauvignier qui obtiendra le prix Goncourt.
Le jury a par ailleurs attribué le prix Femina du roman étranger à l'écrivain irlandais John Boyne pour "Les éléments" chez Lattès, un ouvrage déjà récompensé par le prix du Roman Fnac 2025. Le prix Femina de l'essai est allé au journaliste et écrivain Marc Weitzmann pour "La part sauvage" (Grasset), qui célèbre le romancier américain Philip Roth. Mais, quelle que soit la qualité des autres prix, la grande affaire c’est bien celui-ci, créé par testament par Edmond de Goncourt en 1892, le premier prix Goncourt fut décerné le 21 décembre 1903.
Cette année, après trois sélections successives, quatre auteurs sont restés en lice, Nathacha Appanah, "La Nuit au cœur" (Gallimard), elle aura le Femina; Emmanuel Carrère, "Kolkhoze" (P.O.L) il obtiendra le Médicis; Caroline Lamarche, "Le Bel Obscur" (Seuil); Laurent Mauvignier, "La Maison vide" (Minuit).
C’est ce dernier qui l’emportera au premier tour avec 6 voix. Philippe Claudel président du jury déclara "On est dans le salut à un auteur qui a une œuvre déjà très importante derrière lui et qui, cette année, nous a livré non pas une somme, mais un roman quand même fondamental".
Quant à Laurent Mauvignier, il a confié "Je ressens de la joie", c’est "une récompense énorme parce que c’est un livre qui vient de l’enfance et de plusieurs générations".
C’est son dixième roman, déjà récompensé par le prix des Libraires de Nancy-Le Point, en septembre dernier, du prix littéraire du Monde à la même époque et du prix Landerneau des lecteurs en octobre dernier.
L’ouvrage est d’une longueur inhabituelle, 752 pages. C’est d'ailleurs un des rares prix Goncourt à être aussi long, il vient cependant loin derrière "Les Bienveillantes" de Jonathan Littell couronné en 2006, avec 1.403 pages.
On remarquera également que "Rabevel ou le mal des ardents" de Lucien Fabre couronné en 1923 comportait aussi 752 pages.
"La maison vide" est bâtie à partir d’un souvenir d’enfance de l'auteur, 58 ans, et des mystères d’un trésor découvert dans une maison familiale d’une bourgade de Touraine, inhabitée depuis plus de vingt ans. "C'est un livre écrit à hauteur d'enfant, né des récits que j'ai entendus quand j'étais petit".
Il s’agit d’une histoire familiale. Cela commence vers les années 1880, au cours de plusieurs générations qu’ont marquées les deux guerres mondiales.
Un récit exceptionnel même si son auteur le dit proche de celui "de millions de Français avec ses zones d’ombre et ses parts plus glorieuses". Un récit à la langue et au style remarquables, malgré les nombreuses répétitions et les phrases parfois bien longues. A la lecture de cette immense fresque comment ne pas penser à Zola, et à ses Rougon-Macquart, lesquels sont souvent évoqués dans "La Maison vide".
Une fois le prix remis avec le chèque de 10€, les membres de l’académie n’ont qu’un pas à faire pour rejoindre la table du restaurant Drouant où ils tiennent régulièrement leurs assises et la réception du prix. Romain Van Thienen, chef de cette institution parisienne sise près de l'Opéra Garnier, a concocté pour la circonstance un menu gastronomique en sept services, servi aux membres du jury mais également proposé aux clients de l’établissement jusqu'au 15 décembre, moyennant 190€ et une réservation.
En voici la composition: Beurre de caviar en forme de madeleine, servi avec une boule de pain signée Frédéric Lalos, Meilleur ouvrier de France boulanger. Puis "L'éveil du palais", soit un caviar Schrenkii Dauricus (20g), avec une gelée de cèpes et une crème de cresson. Le festin continue avec "Langoustines du Palais-Royal", un tartare de langoustines délicatement relevé par des agrumes et parsemé de fleurs. Il se poursuit avec "Les amants de la mer", une queue de homard confite au beurre d'algue et "Noir velours et feu iodé", c’est-à-dire un lièvre à la royale servi avec des langues d'oursins. Arrivent alors "Les pierres chaudes de Montigny" autrement dit une pièce de charolais réhaussée d’une émulsion de brousse infusée au Mélinot. Enfin "Les fruits de la patience" marquent le terme de ces folies, ce dessert réunit une pomme flétrie rôtie, une poire crue et une crème crue fouettée émaillée de noix fraîches.
On imagine que revigorés par cette bonne chère, ils se sont tous remis à leur table de travail... Rédaction internationale En savoir plus sur cet auteur La canicule s'abat de nouveau sur nous. Les températures grimpent, les records tombent, et l'été devient, plus que jamais, une épreuve. Mais au-delà de la gêne et des alertes sanitaires, ce que révèle cette chaleur suffocante, c'est une troublante...
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