
Photo représentant une distribution de dons humanitaires. Au premier plan on apperçoit des boites de conserves et en arrière plan on peut identifier des bénévoles
" data-orig-size="5441,2649" sizes="(max-width: 1024px) 100vw, 1024px" aperture="aperture" />Crédit : Caleb OquendoLe 28 octobre 2025, l’ouragan Melissa a frappé la Jamaïque avec une intensité exceptionnelle, provoquant plusieurs dizaines de décès, des milliers de personnes déplacées et des infrastructures détruites.
Face à l’ampleur des dégâts, dès les premières heures qui ont suivi le passage du phénomène des dons ont afflué du monde entier. Mais cette générosité s’accompagne d’un risque accru de détournement.
Un bilan humain et matériel lourd
L’ouragan Melissa a laissé dans son sillage un paysage de dévastation. Le bilan provisoire fait état d’au moins 36 morts. L’ODPEM, l’office national de la gestion des catastrophes, recense plus de 50 000 maisons détruites. De nombreuses infrastructures critiques ont été endommagées lors du passage du phénomène. Selon le gouvernement jamaïcain, 40% du réseau électrique du pays est endommagé et 60% des établissements hospitaliers ont été touchés générant une situation de tension sur le système de santé.
Les vents violents, les pluies torrentielles et les submersions marines provoquées par le cyclone de catégorie 5 ont également impacté le réseau d’eau et d’assainissement du pays. Les pertes matérielles sont estimées à près de 7 milliards de dollars.
Face à l’ampleur de la catastrophe, l’élan de solidarité a été quasi immédiat.
La Banque Mondiale a débloqué 150 millions de dollars pour le pays, la PAHO, l’organisation panaméricaine de santé a lancé un appel aux dons et le gouvernement jamaïcain a mis en place une plateforme nationale de recueil des donations publiques et privées.
Crédit : page Facebook ODPEM
Fraudes et faux sites
Le risque de détournement des fonds d’aides après une catastrophe naturelle est réel. En effet, alors que les vents destructeurs du cyclone Melissa se faisaient encore ressentir sur le territoire, les premiers sites pirates se multipliaient sur la Toile. La Jamaica Cyber Incident Response Team (JaCIRT) avait déjà détecté des dizaines de domaines frauduleux visant à détourner les dons destinés au pays dans les premières heures après que Melissa avait eu touché terre. Le gouvernement a donc appelé les donateurs à la plus grande prudence et indiqué que seule la plateforme supportjamaica.gov.jm était habilitée à recueillir les donations.
Le manque de transparence sur l’attribution de l’aide post-Melissa
En Jamaïque, nombreux sont ceux qui craignent des dérives dans l’attribution de cette aide internationale. Ainsi, sur les réseaux sociaux, de nombreux internautes s’inquiètent de ne pas voir arriver les secours et l’aide dans certaines zones sinistrée de l’île.
Le 2 novembre, dans un courrier, les présidents de la JMEA(Association des fabricants et exportateurs de la Jamaïque), PSOJ (organisation des acteurs du secteur privé) et de la JCC ( Chambre de Commerce) ont interpellé le premier Ministre Andrew Holness sur la nécessité de transparence sur l’attribution de l’aide internationale et appelé à la formation d’une commission de surveillance composée de membres du gouvernement de l’opposition, de représentants des acteurs du monde économique et de la société civile. Les acteurs économiques ont insisté sur l’unité nationale essentielle pour la reconstruction du pays.
Un passé marqué par les scandales de corruption
Cette inquiétude est liée au contexte de corruption politique qui règne en Jamaïque. Une enquête du JAMP, organisme non partisan, non gouvernemental et à but non lucratif qui se consacre à l’amélioration de la gouvernance financière publique en Jamaïque, révélait que la “grande majorité” des Jamaicains interrogés, affirment que la principale raison pour laquelle les parlementaires sont impuissants dans la lutte contre la corruption réside dans le fait que ces derniers en “bénéficient directement”.
En septembre 2024, le journal Jamaica Observer indiquait ainsi qu’au moins trois élus du parti au pouvoir Jamaica Labour Party (JLP) et cinq membres de l’opposition People’s National Party (PNP) avaient été référés devant la Commission d’Intégrité pour des allégations d’enrichissement illicite.
Plusieurs membres du gouvernement font également l’objet de soupçons dont le premier ministre. En 2024, la révélation de l’existence de 28 comptes bancaires détenus par Andrew Holness avait provoqué un tollé sur les réseaux sociaux jamaïcains sans qu’il n’y ait de suites judiciaires à ce jour.
En février 2025, le JLP, le parti travailliste jamaïcain a demandé la démission du maire de Kingston de la présidence de la Kingston and St Andrew Municipal Corporation (KSAMC). Andrew Swaby est au cœur d’un scandale de corruption, accusé de délit de favoritisme.
Commentaire laissé sur la page Facebook du Premier Minstre
La création d’une commission de surveillance à l’étude
Une dizaine de jours après le passage de l’ouragan Melissa, la défiance est palpable au sein de la population.
Le 3 novembre, lors d’une conférence de presse, le chef de l’opposition Mark Golding, a appelé à l’unité nationale et demandé la création d’une task force composée en priorité de spécialistes en gestion de catastrophes naturelles pour piloter les opérations d’urgence et la reconstruction.
« À mon avis, cette tâche devrait être confiée aux professionnels de la gestion des catastrophes, et non aux politiciens qui ne connaissent pas les tenants et aboutissants d’une intervention face à une catastrophe de cette ampleur. »
Mark Golding
Le 4 novembre dernier, le Premier Ministre a annoncé devant la Chambre des représentants, qu’une commission de surveillance allait voir le jour à l’instar de celle instaurée pour la gestion de la pandémie de Covid-19.
Andrew Holness promet une commission “transparente” chargée de coordonner la gestion de crise, la reconstruction et la relance dans un contexte de vulnérabilité accrue en raison du changement climatique.
Le succès de cette instance dépendra toutefois de sa capacité à dépasser les clivages politiques et incarner l’unité nationale face à l’urgence humanitaire et climatique.
Ouragan Melissa — Bilan et appels à dons
Bilan humain et matériel (au 8 novembre 2025)
- Victimes : au moins 36 morts confirmés (bilan provisoire)
- Personnes déplacées : plus de 28 000 réfugiées dans des abris d’urgence
- Maisons endommagées ou détruites : environ 45 000 selon l’ODPEM
- Infrastructures critiques : 40 % du réseau électrique endommagé, 60 % des hôpitaux touchés (PAHO/OMS)
- Pertes économiques estimées : plus de 7 milliards US$ (World Bank, 2025)
Appels à dons publics et privés
- SupportJamaica.gov.jm — plateforme officielle du gouvernement
- Red Cross Jamaica
- Food for the Poor
- PAHO/WHO Relief Fund
- Caritas Caribbean
Vous souhaitez donner
Vérifiez l’adresse du site web (terminaison .gov.jm ou ONG reconnue)
Évitez les liens de réseaux sociaux non vérifiés
Favorisez les dons financiers
Privilégiez les organismes déjà présents sur le terrain avant la crise
Demandez ou consultez les comptes rendus d’utilisation des fonds
