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A 4 jours de l’ouverture officielle de la COP30, le Brésil a lancé un nouveau fonds pour les forêts tropicales. Ce jeudi, devant la trentaine de dirigeants réunis à Belém à l’occasion du sommet des dirigeants, le pays hôte de la Conférence des Nations Unies 2025 sur le changement climatique, a présenté ce mécanisme financier destiné à lutter contre la déforestation.
Comment fonctionne le Fonds ?
Le Tropical Forest Forever Facility (TFFF), acronyme anglais pour Fonds pour des forêts tropicales éternelles, est un modèle de financement innovant qui récompensent les pays qui préservent leurs forêts humides à hauteur de 4 dollars par hectare protégé et par an.
Le dispositif doit rendre la préservation des arbres plus rentables que la déforestation. 4 milliards d’euros pourraient ainsi être alloués par an aux pays dotés de forêts tropicales pour leur lutte contre le défrichement.
Le projet, ambitieux, est conçu comme un nouveau modèle de financement de la nature, qui se veut neutre sur le plan budgétaire.
Le fonds sera hébergé par la Banque mondiale et disposera d’un secrétariat et d’un Fonds d’investissement dans les forêts tropicales (TFIF, pour Tropical Forest Investment Fund).
Ce dernier investira l’argent des sponsors dans des obligations des marchés émergents favorisant la transition écologique, en évitant les combustibles fossiles et tout secteur lié à la déforestation.
Les rendements de ces investissements seront utilisés pour rembourser intégralement les investisseurs initiaux.
Autre particularité du fonds pour les forêts tropicales éternelles, son modèle de financement mixte provenant à la fois de fonds publics et privés basé sur la performance.
Le dispositif prévoie qu’au moins 20% de ce fonds soient alloués directement alloués aux communautés autochtones qui vivent dans les forêts.
Par ailleurs, le modèle du TFFF n’est pas normatif. L’objectif étant de permettre aux pays dotés de forêts tropicales et subtropicales et aux communautés autochtones de mettre en œuvre leurs propres politiques et initiatives de conservation.
70 pays éligibles au TFFF
70 pays ont été identifiés comme éligibles à ce fonds pour les forêts tropicales. Parmi eux, le Burkina Faso, le Cambodge, le Costa Rica ou l’Indonésie. Les possibles bénéficiaires représentent plus de 90% des forêts tropicales de la planète.
Au total, 53 pays ont déjà apporté leur soutien à ce nouveau fonds. Le Brésil et l’Indonésie se sont engagés chacun à hauteur d’un milliard de dollars, la Colombie à 250 millions de dollars et les Pays-Bas ont indiqué vouloir engager 5 millions pour les dépenses initiales du secrétariat de la Banque Mondiale.
« Nous avons déjà obtenu 50 % des engagements que nous espérions obtenir d’ici l’année prochaine. La Chine et d’autres pays ont déjà manifesté leur soutien », a déclaré Fernando Haddad, ministre des Finances du Brésil, lors d’une conférence de presse ce jeudi après-midi à Belém.
L’objectif est de collecter environ 25 milliards de dollars de fonds publics sur un total de 125 milliards. À terme, le dispositif pourrait générer 4 milliards de dollars par an soit près du triple des fonds concessionnels actuellement disponibles pour la protection des forêts.
Toutefois, certains pays font preuve de réserve et attendent la COP30 pour s’engager dans ce dispositif, à l’instar de l’Allemagne qui attend la réunion bilatérale prévue avec le président Brésilien Lula.
La solution éco-écologique peine à convaincre
Néanmoins, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement (PNUE), le déficit de financement demeure criant : les investissements annuels dans les forêts devraient passer de 84 milliards de dollars en 2023 à 300 milliards en 2030, puis 498 milliards en 2050.
Les militants du mouvement climatique quant à eux, dénoncent l’idéologie du capitalisme vert. La marchandisation de la résolution des problèmes environnementaux, demeure une solution temporaire pour palier l’épuisement des ressources naturelles et maintient selon eux une structure néocoloniale peu favorable à la justice climatique.
Un sursaut indispensable
Les scientifiques estiment que les forêts tropicales sont responsables du ralentissement de plus de 1 °C du réchauffement climatique grâce à leur capacité à capturer de grandes quantités de carbone et à refroidir la planète en formant de la vapeur d’eau et des nuages. Les forêts tropicales favorisent également la régulation des ressources en eau et la lutte contre l’érosion.
Cependant, la déforestation a considérablement réduit cette capacité des écosystèmes forestiers tropicaux affecte les chaînes d’approvisionnement, les coûts des matières premières et la sécurité économique.
Après l’aveu d’échec de l’Accord de Paris, du 10 au 21 novembre, dirigeants, négociateurs et représentants de la société civile seront réunis autour d’un même enjeu : créer un sursaut et mettre en œuvre des actions concrètes pour limiter le réchauffement climatique.
