Magazine Société

Sans Souci, de Dominique Willemin

Publié le 11 novembre 2025 par Francisrichard @francisrichard
Sans Souci, de Dominique Willemin

Turpinski avait des étoiles dans les yeux quand il évoquait Werner, étoiles multipliées par dix par la coke plaquée dans ses narines.

Paul Schmidt avait fait sa connaissance dans les toilettes du restaurant de l'hôtel Richemont à Genève. Et s'était rendu chez lui, à son invitation, le 24 décembre 1980, pour passer une bonne soirée à sniffer de la cocaïne.

Paul y avait découvert une toile de Carlo Werner, datée de 1979. Il connaissait ce peintre pour avoir choisi de lui consacrer son mémoire de licence en histoire de l'art de l'Université de Lausanne, mémoire qu'il avait abandonné.

Carlo Werner avait disparu depuis longtemps... Deux jours plus tard, Paul, caméraman de profession, appelait Pierre-Jean Gibier Couturier, producteur qu'il considérait comme son ami, pour lui proposer un film sur Werner.

Paul et Pierre-jean avaient donc pris rendez-vous avec Turpinski dans son appartement presque vide où était cloué son Werner. Ils voulaient en effet contacter le peintre maudit: ce ne serait qu'en lui écrivant une lettre...

À l'aube du vingt-huit août 1981 Paul Schmidt débarqua en conquérant sur l'île de Mahé aux Seychelles, car c'est là que Carlo Werner s'était fait oublier. Attendant que Pierre-Jean débarque à son tour, il y fera des rencontres...

D'abord logé avec un couple de Canadiens, un peu plus de trois semaines ayant passé, sans nouvelles de Pierre-Jean, il prendra l'initiative d'appeler Carlo Werner, qui l'invitera à se pointer le plus vite possible, sans lui dire où... 

Puis Paul, conduit par Jason, le chauffeur du bureau de tourisme, regagnera sa nouvelle maison, à Sans Souci, dans la montagne, loin de tout, au bout d'une route magnifique, où ne passent qu'un bus ou deux par jour.

Comment Paul et Pierre-Jean avaient-ils pris contact avec Werner? En lui écrivant donc. Et il leur avait répondu qu'il ne comprenait pas leur projet, mais leur avait indiqué son numéro de téléphone, trop court pour être vrai...

Le film se fera-t-il, son financement par l'Office fédéral de la Culture, par le richissime Turpinski ou par Pierre-Jean étant rien moins que sûr? Le lecteur se le demandera tout du long de ce récit tortueux et satirique.

En effet les dialogues entre les personnages sont assez lestes et les moeurs dissolues dans cette île tropicale. Quand ils ne se droguent pas, ils boivent ou copulent, ou font des rêves pour aller au bout de leurs fantasmes... 

Ne manque pas au tableau la tentative de coup d'État qui a eu lieu dans ce paradis tropical le 25 novembre 1981 et qui s'est terminée piteusement pour les mercenaires sud-africains venus par avion à Pointe Larue...

Paul rencontrera seul Carlo Werner et avec Pierre-Jean. Que faire des prises de son et de vues de cet artiste tragique? Pas de souci: il y a toujours quelqu'un pour tirer profit du travail des autres et à leur détriment...

Francis Richard

Sans Souci, Dominique Willemin, 460 pages, BSN Press


Retour à La Une de Logo Paperblog