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Appuie ailleurs s’il te plait !

Publié le 16 novembre 2025 par Nicolas Esse @nicolasesse

Ce n’est rien, vraiment. Rien du tout. 
On en voit partout, des affiches. Partout. Sur les murs, sur les écrans, par terre, aux toilettes aussi, là où le regard de l’homme se pose pour régler la mire avant de tirer. C’est banal, sans importance, n’est-ce pas ? Aussi futile que la musique qui remplit les allées de nos supermarchés. À peine si on l’entend, à peine si on reconnaît cette chanson des années quatre-vingt, qui s’incruste dans notre tête avec son refrain entêtant. 
Ce n’est rien et pourtant, insensiblement, toutes les images, tous les sons impriment une trace infime à la surface de notre conscience, forment une nouvelle bosse, un nouveau sillon, ajoutent une toute petite touche de rouge ou de bleu. Bien sûr, on peut se dire que c’est sans importance. Au fond, on s’habitue aux mots vides, aux couleurs vulgaires et aux slogans qu’une intelligence sans doute artificielle recrache en associant un anglais frelaté à un français estropié. Mais le bonheur est une chose trop belle pour être écrasée par une injonction inepte à l’impératif sali par un S qu’il faudrait effacer.
Bon, pourquoi tous ces transports alors qu’il s’agit juste une faute, juste d’un autre slogan.
Rien de grave et pourtant.
Insensiblement, l’addition de toutes ces phrases creuses et de ces images vulgaires finit immanquablement par ternir l’éclat sans pareil de nos brillants intérieurs. On pourra utiliser les meilleurs détergents, frotter tant que faire se peut à l’aide d’un chiffon microfibre ou d’une brosse à risette, il restera toujours, enfouie au fond de nous, une toute petite trace, une petite tache, la marque sombre de l’ignorance mélangée à l’essence même de la bêtise humaine.

Appuie ailleurs s’il plait

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