Dans son fameux livre de 1978, « Le chemin le moins fréquenté », Scott Peck utilise un titre métaphorique pour désigner le choix d'une façon de vivre non conventionnelle. L'ouvrage explore les thèmes de l'amour, des relations et de la croissance spirituelle à travers la discipline, la responsabilité, la vérité et l'équilibre. L'expression elle-même symbolise un choix indépendant et moins conventionnel, témoignant d'une grande individualité, et s'inspire du poème de Robert Frost, « Le chemin qu’on ne prend pas ». J'ai lu ce livre, mais mis à part ce qui précède, je n'en retiens aucun élément particulièrement marquant.
Je dirai simplement aujourd'hui que « la route la moins fréquentée » a une connotation d'exclusivité ; elle n'est certainement pas destinée au grand public, mais à une élite restreinte qui peut se le permettre, tant en matière de temps que de ressources.
Autrement dit, je n'avais ni le temps ni l'argent pour faire l'aller-retour en 2CV Citroën entre mon village haut-savoyard de Montriond et Kaboul ! En réalité, j'ai fait exactement le contraire et j'ai exploré en profondeur les chemins qui se sont présentés à moi ou qui, de temps en temps, m'ont été offerts. Cela donne à l'expression « avoir bien voyagé » un sens de plénitude, de présence et de gratitude.
Cela montre aussi que bien voyager n'est pas réservé aux privilégiés, mais accessible à quiconque s'engage à tirer le meilleur parti de ce qui se trouve à sa portée. Dans le cas de Robert Frost, il y avait deux chemins divergents, et il s'agissait donc de choisir. Mon « chemin bien voyagé » est une question de réponse. Je n'ai pas choisi la voie la plus rare mais j'ai simplement honoré les chemins qui m'étaient proposés. Une nuance subtile : il s'agissait moins de défiance que de responsabilité.
Je peux simplement dire qu’à aucun moment de ma vie, j’ai négligé quoi que ce soit. J'y pensais il y a de cela quelques jours en me réveillant. C'est tout à fait vrai. J'ai saisi la moindre opportunité pour la faire fructifier, sans jamais en négliger une seule. Dès mon enfance, ayant appris la valeur de la rareté, j'étais déterminé à mettre à profit le moindre coup de pouce reçu. Finalement, cette stratégie a parfaitement fonctionné et continue de me porter chance.
Rien n'est trop insignifiant, rien n'est trop petit. Je veille simplement à apprendre à tirer le meilleur parti des opportunités qui se présentent à moi, avant même d'envisager de m'aventurer sur ces rares chemins moins fréquentés. Je pourrais conclure en disant que les voies les plus fréquentées, donc les plus banales, ne sont pas synonyme de nouveauté, mais de profondeur.
C'est l'art de parcourir des sentiers familiers avec une attention particulière, de trouver l'abondance dans la rareté et de prouver que le sens profond ne réside pas dans la rareté du chemin, mais dans la manière dont on le parcourt.
