À 65 jours de l’ouverture, une arène olympique joue à cache-cache avec les ouvriers. La NHL n’est pas amusée.
MILAN – Dans la catégorie “timing parfait”, les organisateurs des Jeux olympiques de Milan-Cortina 2026 sont en bonne voie pour décrocher la médaille d’or. Alors que la cérémonie d’ouverture approche à grands pas – dans 65 jours exactement – la Santagiulia Ice Hockey Arena, enceinte de 16’000 places destinée à accueillir les demi-finales et la finale du tournoi de hockey, ressemble davantage à un chantier qu’à une patinoire olympique.
La NHL redécouvre les vertus de la patience
Le problème ? Cette infrastructure devait accueillir les stars de la NHL, de retour aux JO pour la première fois depuis Sotchi 2014. Un accord arraché au terme de longues négociations et de contrats d’assurance qui ont dû coûter un bras. Autant dire que la ligue nord-américaine n’est pas d’humeur à composer avec l’improvisation à l’italienne.
Gary Bettman, commissaire de la NHL, a d’ailleurs choisi ses mots avec le tact d’un défenseur en fin de match : “En règle générale, les installations sont achevées près d’une année à l’avance, ce qui permet de les tester. Là, on joue les prolongations.” Une métaphore hockey pour dire poliment : “C’est quoi ce bordel ?”
Cerise sur la glace pas encore coulée : Bettman envoie ses propres experts constater les dégâts. Parce que visiblement, “le bien-être de nos joueurs est notre priorité absolue” – surtout quand ils valent des millions de dollars.
La fédération internationale en mode panique discrète
Luc Tardif, président de la Fédération internationale de hockey, ne cache pas non plus son enthousiasme débordant. Les installations ne sont “pas à la hauteur de l’événement”, lâche-t-il diplomatiquement. Traduction : on est mal.
Le principal souci ? L’événement test a été repoussé, ne laissant pratiquement aucune marge si un petit problème technique – genre une glace qui ne tient pas – venait à se manifester. Rien de grave, donc.
Le CIO dans son rôle habituel : “Tout va bien”
Face à ce concert d’inquiétudes, le Comité international olympique sort sa partition classique. Christophe Dubi, directeur des Jeux olympiques au CIO, qualifie la situation de “tendue” avec un calendrier “très serré”, mais se dit “confiant”. Autrement dit : oui, c’est la panique, mais on fait comme si tout était sous contrôle.
Des experts rappellent opportunément que les retards de dernière minute sont “courants” pour les JO. Réconfortant. Comme si la tradition de finir à l’arrache était un gage de qualité.
Rendez-vous en janvier pour le moment de vérité
L’événement test, reprogrammé du 6 au 9 janvier, sera le jour du jugement dernier. Il devra se dérouler “en conditions réelles, avec des spectateurs” pour valider l’infrastructure. Parce qu’on ne sait jamais, peut-être que la patinoire fonctionnera mieux avec du public pour l’encourager.
D’ici là, les organisateurs ont 65 jours pour transformer un chantier en cathédrale de glace olympique. Facile. Après tout, Rome ne s’est pas faite en un jour. Mais une patinoire, apparemment, ça devrait aller plus vite.
Les joueurs de NHL, eux, peuvent toujours croiser les doigts. Et peut-être emporter leurs propres patins de sécurité, au cas où.
