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Caraibes : près de 50% des coraux ont disparu en quarante ans

Publié le 09 décembre 2025 par Caribbeanstyle

Les récifs coralliens, véritables piliers de la biodiversité marine, barrières de protection naturelle et moteurs économiques majeurs pour la région connaissent un déclin historique.

Selon un rapport du Réseau mondial de surveillance des récifs coralliens (GCMRN-Caraïbes) dévoilé ce mardi 9 décembre 2025, la couverture en coraux durs a chuté de 48% depuis 1980 et les macroalgues ont progressé de 85%. Un bouleversement attribué au réchauffement climatique, à la surpêche et aux maladies.

Un écosystème à bout de souffle

Le rapport du Réseau mondial de surveillance des récifs coralliens (GCMRN-Caraïbe) compile plus d’un demi-siècle de données recueillies par plus de 300 scientifiques dans 44 pays et territoires. Le constat est alarmant : les épisodes de blanchiment de 1998, 2005 et 2023 ont provoqué des chutes spectaculaires de la couverture corallienne, à chaque fois liées à des pics de température marine. Ces événements ont entraîné des pertes de 9 %, 17,1 % et 16,9 % de couverture corallienne respectivement.

Depuis 1985, la température de la surface de la mer s’est réchauffée de +1,07 °C, soit un rythme de 0,27 °C par décennie. Ce changement brutal intervient trop rapidement pour la capacité d’adaptation naturelle des coraux expliquent les scientifiques.

Le rapport documente ainsi la transformation profonde des récifs. Autrefois dominants dans les années 1970, les Acropora, coraux ramifiés essentiels à la complexité architecturale des récifs, ne couvrent désormais que 1,8% des fonds marins caribéens. Un effondrement spectaculaire comparé aux 16 % enregistrés il y a un demi-siècle.

En revanche, les coraux massifs comme Orbicella et Porites affichent une relative stabilité, voire une légère augmentation.

Toutefois, la prédominance de ces espèces qui résistent mieux aux vagues de chaleur et aux maladies, réduit la diversité des formes et la complexité structurelle des récifs, indispensables à la biodiversité marine.

Les macroalgues gagnent du terrain

À ces pressions s’ajoute un facteur humain grandissant. Entre 2000 et 2020, la population vivant à moins de 20 km des récifs a augmenté de 13 millions de personnes, amplifiant les impacts du développement côtier, de la pollution et de la surpêche.

Les herbivores tels que les poissons-perroquets et chirurgiens et les oursins à longues épines déclinent. Dans le même temps, les nutriments d’origine humaine favorisent la prolifération des macroalgues qui envahissent les espaces autrefois occupés par les coraux. Leur couverture a ainsi augmenté de 84,8% depuis 1980.

L’émergence de solutions locales

Toutefois, le rapport met en avant plusieurs réussites locales qui démontrent la capacité de résilience des récifs lorsque les pressions sont maîtrisées. Aux îles Vierges américaines, 30 ans de protection du Red Hind Bank Marine Conservation District ont permis d’augmenter la taille des poissons de 35 %. En République dominicaine, les efforts de restauration engagés au sein du sanctuaire marin SAMAR montrent des résultats prometteurs.

Par ailleurs, en Colombie, malgré des conditions dégradées, le récif de Varadero conserve une couverture corallienne oscillant entre 40 et 60 %.

Des actions urgentes

Ces exemples démontrent qu’une gestion efficace peut ralentir voire inverser le déclin.

Le rapport recommande donc une réponse à la hauteur du défi. Le GCMRN propose une stratégie autour de cinq axes majeurs : l’intégration de la protection et la restauration des récifs coralliens dans les stratégies sur le climat et la biodiversité, la réduction des émissions de gaz à effet de serre, l’expansion des aires marines protégées, le développement de la surveillance scientifique et le soutien accru aux programmes de restauration.

Les scientifiques précisent que la santé des récifs caribéens n’est plus seulement une question de biodiversité : c’est désormais un enjeu stratégique pour le climat et les sociétés côtières.

Lors d’un webinaire de restitution ce mardi 9 décembre, Christopher Corbin, coordinateur du Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE), a déclaré “Nous constatons ces succès dans toute la région des Caraïbes. Nous pouvons les étendre et les reproduire. C’est pourquoi la coopération est importante. Les récifs coralliens ne connaissent pas de frontières nationales. Leur déclin ou leur rétablissement dépendent de l’efficacité avec laquelle nous coordonnons nos efforts entre les pays, les secteurs et les institutions.”

Selon le coordonnateur du programme du Secrétariat de la Convention de Carthagène, basé à Kingston, en Jamaïque, il s’agit d’un tournant historique.

C’est le moment pour les Caraïbes de prendre les devants. Nos actions peuvent contribuer de manière significative à la restauration des récifs coralliens à l’échelle mondiale.” a conclu Christopher Corbin.

Caribbean 2025

Chiffres clés

  • 24 230 km² — 9,7 % des récifs mondiaux
  • –48 % — déclin des coraux durs (1980–2024)
  • 1998 / 2005 / 2023 — années de chutes majeures
  • 1,8 % — couverture actuelle d’Acropora (vs 16 % années 1970)
  • +84,8 % — hausse des macroalgues (1980–2024)
  • +1,07 °C — réchauffement des eaux (depuis 1985)
  • +27,6 % — hausse de la population proche des récifs (2000–2020)
  • +13 millions — personnes supplémentaires à moins de 20 km des récifs

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