Un flux lymphatique plus rapide dans les jambes pourrait prédire une meilleure réponse aux diurétiques dans l’insuffisance cardiaque aiguë, conclut cette équipe de la Wroclaw Medical University (Pologne) et de l’Université Duke : ces observations, présentées dans l’European Journal of Heart Failure, apportent un nouvel éclairage sur le rôle du système lymphatique dans l’équilibre hydrique et le traitement de l’insuffisance cardiaque
L’insuffisance cardiaque, une affection dans laquelle le cœur ne peut plus pomper suffisamment de sang pour répondre aux besoins de l’organisme, entraîne souvent une accumulation de liquide et un gonflement dans les jambes. Bien que les diurétiques aident à éliminer l’excès d’eau, certains patients ne présentent que peu ou pas d’amélioration – un phénomène connu sous le nom de résistance aux diurétiques.
L’étude utilise la lymphographie au vert d’indocyanine, une technique d’imagerie par fluorescence proche infrarouge, qui permet de visualiser le flux lymphatique chez 65 patients hospitalisés atteints d’insuffisance cardiaque aiguë. 3 heures après avoir reçu un traitement standard au furosémide (diurétique), les patients ont subi une imagerie des membres inférieurs afin de mesurer la vitesse de circulation de la lymphe dans les vaisseaux. Cette analyse apporte des résultats frappants » :
- chez 95 % des patients répondeurs, le flux lymphatique a atteint le niveau de la cheville en 10 minutes, vs 73 % des patients non répondeurs ;
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un flux lymphatique significatif (≥ 10 cm) est observé chez 88 % des patients répondeurs vs 45 % des patients non répondeurs ;
- la distance médiane du flux lymphatique est de 50 cm chez les patients répondeurs et de seulement 10 cm chez les patients non répondeurs.
« Notre étude démontre un lien clair entre un flux lymphatique plus rapide et une réponse diurétique plus forte dans l’insuffisance cardiaque aiguë », conclut l’auteur principal, le Dr Barbara Ponikowska : « Cela suggère que l’efficacité lymphatique pourrait être un élément manquant pour comprendre pourquoi certains patients ne répondent pas aux traitements standards ».
Zoom sur le système lymphatique : un partenaire circulatoire négligé
Ces résultats soulignent le rôle crucial, mais souvent négligé, du système lymphatique dans le maintien de l’équilibre hydrique. Lorsque les diurétiques prélèvent de l’eau dans la circulation sanguine, le système lymphatique doit reconstituer le volume plasmatique en restituant le liquide interstitiel. Si le transport lymphatique est lent, la diurèse s’arrête, un peu comme une pompe qui tourne à sec à cause d’un drain bouché.
L’hormone aldostérone en cause : autre conclusion, un taux élevé d’aldostérone, une hormone connue pour favoriser la rétention d’eau et de sel, se révèle associé à un ralentissement du flux lymphatique et à de moins bons résultats thérapeutiques. Cela suggère une nouvelle voie thérapeutique pour renforcer l’efficacité des diurétiques.
« En ciblant la fonction lymphatique, il devient possible de parvenir à la décongestion plus efficacement et de personnaliser le traitement des patients souffrant d’insuffisance cardiaque ». Au-delà, le flux lymphatique apparaît ici tel un biomarqueur possible et une cible thérapeutique dans l’insuffisance cardiaque aiguë.
Source: European Journal of Heart Failure April, 2025 DOI: 10.1002/ejhf.3655 Lower extremity lymphatic flow is associated with diuretic response in acute heart failure
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Équipe de rédaction Santélog Déc 10, 2025Admin
