Un diagnostic du trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) bien plus tardif chez les femmes que chez les hommes, c’est la conclusion de cette équipe de l’Université de Barcelone. Un résultat documenté dans la revue European Psychiatry et présenté lors du 38è Congrès de l’European College of Neuropsychopharmacology (ECNP), qui vient compléter le constat d’un diagnostic plus tardif aussi du TDAH chez les adultes plus âgés.
Ces scientifiques montrent que le trouble de déficit de l’attention avec ou sans hyperactivité (TDAH) est diagnostiqué environ cinq ans plus tard chez les femmes, en dépit de symptômes dont des difficultés émotionnelles et fonctionnelles aussi marqués que chez les hommes.
Les symptômes du TDAH se manifestent différemment chez les hommes et les femmes :
- les garçons sont plus susceptibles d’être hyperactifs ou impulsifs, ce comportement est plus visible pour les parents, les enseignants et les cliniciens ;
- les filles atteintes de TDAH sont plus susceptibles de paraître inattentives et sont généralement moins perturbatrices.
Ce constat est important d’un point de vue clinique, car cela signifie que les femmes ne sont tout simplement pas prises en charge suffisamment tôt et, souvent, ne sont tout simplement pas diagnostiquées. Cette présentation différente des symptômes, la méconnaissance par les cliniciens du TDAH chez les femmes, ainsi qu’une méconnaissance des changements hormonaux entraînant une instabilité émotionnelle sont autant de facteurs responsables des différences de délai de diagnostic du TDAH entre les sexes.
L’auteur principal, le Dr Silvia Amoretti de l’Université de Barcelone, précise que « le TDAH touche des millions de personnes, mais que la compréhension actuelle de ses manifestations et de ses impacts spécifiques chez les femmes et chez les hommes reste limitée. Nous confirmons ici que les femmes sont sous-diagnostiquées, et que chez les femmes le diagnostic intervient souvent des années plus tard ».
Ce retard de diagnostic est préoccupant, comme pour beaucoup de troubles et de pathologies, car il peut entraîner de moins bons résultats cliniques, notamment des épisodes de dépression, d’anxiété et des troubles fonctionnels.
L’étude analyse les données de 900 participants, âgés en moyenne de 37 ans, à 45 % des femmes, diagnostiqués pour la première fois avec un TDAH dans le cadre d’un programme ambulatoire spécialisé. Les différences entre participants hommes et femmes ont été évaluées, en termes d’âge au diagnostic, de gravité des symptômes, de comorbidités psychiatriques, de fonctionnement psychosocial et de handicap. L’analyse constate que :
- le diagnostic de TDAH est posé en moyenne à 29 ans chez les femmes vs 24 ans chez les hommes ;
- pourtant, les symptômes apparaissent à peu près au même âge chez les hommes et les femmes ;
- les hommes sont 3 fois plus susceptibles de rencontrer des problèmes judiciaires (18 %) liés à leur comportement que les femmes (7 %).
En conclusion, bien que les symptômes du TDAH débutent à un âge similaire chez les hommes et les femmes, le diagnostic est posé environ 5 ans plus tard chez les femmes. Au moment du diagnostic, les femmes présentent des symptômes plus graves, plus de difficultés de fonctionnement au quotidien et des taux plus élevés de dépression et d’anxiété.
On retiendra que le TDAH passe souvent inaperçu chez les femmes jusqu’à ce qu’il devienne un problème grave.
Une sensibilisation accrue, tant au sein de la société que dans le milieu médical, permettrait aux filles et aux femmes d’obtenir une aide plus précoce lorsqu’elles en ont besoin.
Source: European Psychiatry 11 April, 2025 DOI: 10.1192/j.eurpsy.2025.2441 Sex differences in adults with attention-deficit/hyperactivity disorder: A population-based study
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