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Le protocole Moïse

Publié le 21 décembre 2025 par Alexcessif
protocole Moïse

Nous nous étions rencontré sur un chemin de randonnée en Lozère et nous nous revîmes à Paris. Une fenêtre de tir de quatre fois 24 heures dans le 15 ème et ensuite chacun sa vie. Voilà pour les chiffres et les lettres vinrent quelques jours plus tard: « vous avez un nouveau message » en forme de mail ci-dessous que je reproduisin extenso

«Je me suis enfoncée dans les entrailles du métro, sans me retourner, je n’aime pas les au revoir qui n’en finissent pas. Surtout quand on ne sait pas si revoir il y au(ra). Auquel cas ça s’appellerait plutôt un adieu, je ne t’apprends rien. Mais de toute façon, je ne crois pas en dieu, encore moins qu’en revoir. Donc je ne donne jamais rendez–vous à dieu, ce serait du foutage de gueule.

Revenons au sujet. A cet instant précis (celui où je m’enfonçai dans les entrailles etc,  fô suivre lecteur !), je me demandai si je te reverrais un jour. Je me demandai si je devais te revoir un jour. Je me demandai pourquoi te revoir un jour. Puis j’entendis distinctement un fusible griller entre deux de mes neurones à moins que ce ne fut un rat électrocuté sur le rail. Ne me raille pas stp ! Je déraille.

Flot de pensées dans ma tête, sans cohérence, sans enchaînement, sans queue ni tête, des si, des pourquoi faire, des peut–être et des non peut–être. En vrac. Quand on ne veut pas répondre à une question, le mieux est de passer à la suivante.

Je ne fais que ça depuis hier soir, passer à la suivante, qui est aussi la première, et  celle d’avant et même l’antépénultième.  Y en a pas tant que ça des questions. On est toujours sur la même. Celle dont la réponse donnerait un sens au revoir. Ou du sens à revoir. Ou du sens tout court. Ou du revoir sans aucun sens. Peut–être même du revoir dans tous les sens. Va savoir.

Sauf que j’arrive pas à y répondre à cette putain de question… je n’arrive même pas à la formuler clairement, alors… au fait, c’est quoi la question déjà ? tu vas bien ?

Pour faire diversion, pour me trouver des prétextes, et des excuses, je remplaçai alors la question non formulée sans réponse par des réponses négatives à des non questions formulées : pas fiable, pas confiance, pas pareil, pas d’avenir, pas facile, pas trop vite, pas besoin, pas d’mon’monde, pas pratique, pas envie et, de pas en pas, je faillis me convaincre qu’y avait pas d’raison d’ s’en faire puisque le pas était aussi infranchissable que la mer rouge et qu’il suffisait d’attendre sans bouger qu’il ne se passe… rien… et que ça ne se passe… pas…

Par miracle, comme Moïse avant moi (en toute humilité, cela va de soi), au moment où les roulements de tambour et la garde du pharaon arrivant au grand galop menaçaient de me donner une fichue migraine, je bénéficiai d’un wind setdown qui vint faire émerger une étroite et toute petite bande de pourquoi pas au milieu de l’abîme des pas sans pourquoi.

Je n’ai que ça à t’offrir, ce tout petit pourquoi pas, fragile et précieux. Mais je te l'offre de tout mon cœur.
G.»
(Texte et typo d’origine)

Je n’ai retenu que ce « je te l'offre de tout mon cœur. » oubliant le mais et les pourquoi pas

Trois, six, neuf ans que je t’ai perdu de vue. En temps terrestre c’est l’unité de durée pour sortir d’un magasin Ikéa ou de changer à Châtelet. En temps cosmique c’était tout à l’heure 

Je suis qq part entre Saint Flour et Avignon sur la trace de Urbain V. La chanson de Cabrel me hante, je fais diversion en marmonnant les décimales de Pi c’est le moyen que j’ai trouvé pour occuper le vide mental de mon exil de marcheur. En impro totale cette fois est pire que les autres. Une signature: pas d’endroit où dormir, 7 kilos de bagage sans réchaud ni provisions ni vêtements de rechange. Sur le GR 20 j’avais suivi les conseils des pros: bâtons de marche et gites réservés incluant tentes et repas chauds sur des étapes formatées. Tout ce que je déteste des voyages organisés mais, au regard de la difficulté de ce chemin, faire différemment eut été suicidaire. 

La chanson de Cabrel c’est « Octobre »: Le vent fera craquer les branches, la brume viendra dans sa robe blanche, y aura des feuilles partout couchées sur les cailloux, Octobre tiendra sa revanche. « Octobre » et « revanche ». J’ai décidé une fois de plus, peut-être une fois de trop, de confronter mon petit corps avec la nature au bénéfice de mon hygiène mentale. En octobre les nuits sont fraîches et elles tombent de bonne heure. A se retrouver au milieu de nulle part, dresser un bivouac et lire, en guise de dîner, un bouquin à la frontale dans une tente de 90 centimètres de haut sur 80 de large et 1.90 mètre de long, les nuits sont interminables. Accroupi pour qq étirements le reste du temps allongé, couché pas bougé comme un clébard dans sa niche attendant la gamelle et le lever du jour maître de ma distance et de ma direction pour décamper au sens premier du terme. J’ignore quel jour nous sommes mais c’est mon 7ème bivouac la troisième épicerie mais toujours pas de douche ni d’hôtel. 7 comme la durée de vie d’un slip, 7 comme 7 Bisoprolol et 7 Résitune le matin et 7 Atorvastatine du soir car désormais mes étapes sont calées sur des pharmacies. En Corse je ne l’aurais pas tenté. Même si entre Vizzavonne et Conca j’ai commis qq bivouacs sauvages, en altitude certes et en Juillet à qq heures de marche d’une bergerie et d’un café chaud je me suis « organisé » pour ne pas être fait prisonnier par la nature. Ici, je suis plus proche du clodo que du randonneur, les flics m’ont déjà intercepté lorsque mon bivouac était visible mais je n’ai pas rencontré un Brian Dennehy le shérif chassant Rambo de «  sa » ville pour me ranger dans un placard. Je joue au con méprisant confort et  sécurité avec un bâillon sur l’instinct de conservation car je viens d’identifier une présence dans ma tête: la peur! J’ai pas mal triché avec les mots avant de la nommer à coup de métaphores. Une silhouette au pied du lit, immense, large d’épaule, raté je me suis aperçu que c’était une armoire juste avant de lui inventer une capuche et une vraie faux sur l’épaule! Un Minotaure prêt à me dévorer dans le labyrinthe de mon cerveau? C’est Ronronnette qui trouvait la sortie en me tirant de mon sommeil! Comme souvent c’est grâce ou à cause d’une chatte que la lucidité me trouve. Dans l’appartement, elle tourne en rond, elle s’ennuie — Tiens je suis déjà passée par là, cette table de salon me dit qq chose, ce piano est muet encore un jour de trop, ces fleurs sont fanées, il faudrait que je fasse la poussière, j’en ai marre de ces croquettes, où est passée la télécommande, t’as pas vu ma carte vitale? … de sorte que moi aussi je suis le personnage perplexe d’Aurore Dupin faisant des ronds autour de la mare au diable d’une décision. Il était temps de fuir, avec ou sans moi toutes les chattes s’ennuient. L’ennui, c'est mortel mais c’est le deal, on va tous y passer. Tellement évident que l’on n’y pense pas ou plus mais à qq indices on constate que l’on ne fait que ça, y penser. La mort est tonitruante. Elle nous envoie les faire part d’inconnus célèbres dont la disparition nous affecte ou pas mais nous rappelle qu’elle rode. Tiens j’ai tenu plus qu’Ardisson et moins que Badinter, plus fort que Elkabach mais moins que ce tricheur de Romain Gary et les frères Bogdanov. Johnny c’est fait mais Hardy, Dutronc, Mitchell, mourus, pas mourus? J’ignore depuis quand mais je sens qu’Elle approche. Le père est sur la liste mais j’ai bien failli lui piquer sa place avec cet infarctus venu de nulle part, impossible à prévoir et à omettre à cause de cette putain d’ordonnance du cardiologue. Le respect, ou la trouille, me sont venues tardivement, je ne dis plus « le vieux » de peur de dire « le mort ». Je me souviens du randonneur à cheval désormais incapable de marcher et se pissant dessus, même pas malade, juste épuisé, au coucher souhaitant que demain lui épargne de se lever pour une humiliante journée inutile. Je vis comme un privilège et ne me lasse pas de lacer mes souliers tout seul et de marcher des heures sans claudiquer, je suis curieux de l’aboutissement des dossiers en cours. — Elon, Mars, c’est pour aujourd’hui ou pour demain? Sommes-nous seuls dans l’univers? Combien de temps tiendra ce gouvernement? Le petit Manu retrouvera-t’il les joyaux de la couronne? Je veux vivre encore et savoir qui a tué Kennedy, où est passé le petit Emile, que devient Xavier Dupont de Ligonés? 

Qu’est - ce qui me/nous re.tient? La curiosité, sans aucun doute! Concept qui indiffère les chattes de compagnie

C’est pour cela que j’attends le lever du soleil affamé et transi de froid qq part entre Saint Flour et Avignon. Je ne connais pas d’autre moyen de me sentir vivant et de m’extraire de cette actualité toxique pour mon système immunitaire, nuisible à ma zénitude

Pendant ce temps, là-bas vers le nord, le petit Nicolas se fait belle pour un Tinder sous la douche à la Santé

J’ignore quel est le pire parmi les soucis domestiques basiques en milieu urbain. Ici, pisser est un problème. Cependant, personne n’est dupe, c’est bel et bien une fuite. Le froid, la faim, la pluie prennent de l’importance depuis qq jours. J’ignore si j’irai au bout de cette dinguerie. Une bataille après l’autre, je sais que je vais flancher mais ce ne sera pas aujourd’hui. A Paris je sens le parquet, l’interrupteur, la porte — un petit pipi « on » ne tire pas la chasse selon le règlement intérieur, il doit bien y avoir un truc dans le frigo, un peu de télé et re-dodo. Morning routine. Je suis en train de t’oublier. Je sens la toile humide de la tente sur mon crâne, je cherche la fermeture éclair, je sors dans la forêt, la pluie faire une pause, de toute façon, pluie ou pas, l’herbe serait humide de rosée. Normalement c’est poétique, la rosée, mais là non, je cherche le machin qui permet de pisser debout pour une généreuse miction signe d’une prostate encore jeune puis je le range et me roule dans le duvet en attendant le jour. Je vis au rythme naturel de la météo. Tu es peut-être à Paris tu n’es certainement pas dans les Cévennes mais je sens ta présence. Rien à voir avec la proximité. J’ai la certitude que tu es heureuse où que tu sois. Cela ne m’affecte en aucune façon car cela ne me regarde pas. Un matin confortable j’eu le sentiment de t’oublier en faisant le café pour une autre tête qui ronronne sur l’oreiller d’à coté et je suis ici dans l’ailleurs et le maintenant ni pour me souvenir ni pour oublier. Irrationnel, je suis bien conscient de me mettre en danger avec un au secours en travers de la gorge que personne n’entendrait. Les sangliers et les écureuils se moqueraient d’un mec qui hurlerait un prénom de quatre syllabes qui commence par G la nuit en forêt la bite à la main mais je suis persuadé que cela pourrait me faire du bien d’hurler un bon coup. Mon courage ne va pas au delà de la raison et je suis sûr que la folie me traque ici moins qu’à Paris. En cela, je ne suis même pas semblable aux migrants qui se foutent à l’eau dans l’espoir d’une vie meilleure, la mienne ne peut plus l’être. « Ne plus penser à des choses qui ne sauraient exister et qui n’existerons jamais » Evariste Gallois fourvoyé dans une histoire d’amours fantasmée, un bizarre qui abandonne les humanités au profit des mathématiques refusé à Polytechnique élève supérieur à ses maîtres ignorant des fonctions elliptiques car pas encore par lui découverte.

Les couleurs de l’automne comblent le randonneur jusque là bêtement estival. La vue imprenable sur le viaduc de Garabit, les méandres de la Truyère, je suis tombé encore dans le piège de l’ami imaginaire, le randonneur paisible des catalogues de voyage. La photo est belle, la silhouette se détache sur fond de paysage aux couleurs chatoyantes omettant  thermomètre et fatigue. Au bout de 7 nuits mon corps ne trouve pas le repos dans le sommeil mais le dédain du confort est devenu désir, mon estomac a perdu le rythme des repas chauds, je vis de peu et mes besoins physiologiques trouve satiété dans l’hydratation. La nature pourvoi à mes besoins en eau que je rends potable avec les pilules désinfectantes, pratiquement sans nourriture  solide autre que des gels et des barres vitaminées, j’évacue très peu ce qui réduit les problèmes d’hygiène. 

Mais ce jour là le piège n’était dans aucun guide de voyage et n’en était pas un. C’est lorsque je bouge qu’il m’arrive des trucs et la fille sur le pont fut une jolie intersection

Viaduc de Garabit

— Vous en avez pour longtemps ?

Déconcertée  elle m’a laissé sa place sans sauter du viaduc sur la Turbaye mais elle vit dans mes yeux la possibilité plus attractive  que d’aller voir si les ragondins attendaient en bas. Un ange passa pesant le pour et le contre à moins que ce ne fut une buse, c’était l’heure de la bouffe. Faut croire que l’amour et son simulacre valent  mieux que la mort et son coté irréversible. L’homme sait qu’une pièce jetée en l’air n’a que deux options: pile ou face! Le probabiliste, lui,  évoquera la possibilité qu’elle retombe sur la tranche. 

Aucune de ces hypothèses ne s’avéra. 

La pièce resta en l’air. 

Le temps qu’elle désobéisse à la loi de Newton nous avions de la marge. Elle s’agenouilla tandis que je baissais mon froc. On ne fait que ça remplacer le mémento mori par le carpe diem.

Il faut croire à la supériorité intellectuelle du langage universel non verbal. J’ignorai tout d’elle et c’était une bonne chose car je me sentais mieux dans une shampouineuse que dans une BAC + 6. Inutile d’invoquer l’imposture de la poésie pour mettre une pièce dans une tirelire. Sa présence sur ce parapet pouvait induire la théorie que  se foutre en l’air ou s’envoyer en l’air était assez proche du projet initial. Il est de ces instants où peu importe que les humains de la planète épuisent l’énergie fossile et gaspillent les terres rares, il nous fallait de la chaleur humaine sur quelques centimètres de deux protagonistes,  concave pour l’une, convexe pour l’autre. 

Un autre candidat au suicide eut besoin du pont 

— #@&)ù%$*§ *$^€ dit-il

C’est du chinois! Le mec réalise le rêve de sa vie dans une vie de Ouïgour: finir en beauté sur l’œuvre de ce français universel célèbre jusqu’aux lointaines provinces: Gustave Eiffel! 

Mais la Tour éponyme n’était pas dispo et surtout il en avait soupé de la figurine souvenir qu’il fabriquait H 23 sur 24 dans son goulag.

Je fis semblant d’être en mode avion mais il insista. Le sur-tourisme est vraiment une plaie

— Vous permettez  que je termine ma levrette? 

Après nous être emboité comme des tables gigognes nous avons pu communiquer  la fille sur le pont et moi. Si après mon intrusion dans sa …vie elle avait encore envie de se foutre à l’eau j’aurai une bonne raison moi aussi de sauter du pont.

De toute façon la pièce était retombée. Fin de la parenthèse alors autant causer un peu 

Ainsi elle se raconta

Elle était sorti du dispositif pour la seconde fois. Deux fois comme deux maternité/deux géniteurs, elle ne faisait rien comme les autres si l’autre est une mère du genre de celle décrite dans le livre d’Amélie Nothomb « Frappe-moi le coeur ». Étudiante en gésine, rebelle mais pas folle, c’est elle qui faisait bouillir la marmite dans sa période fourmi mais cigale une fois libérée d’un artiste irresponsable puis d’une brute immature. Femme de personne l’amour, elle avait donné. Elle fut longtemps la femme d’à côté puis, quand son amant fut libre, il devint l’époux d’une autre épouse. Au ciné un remake peut être instructif et en dendrologie un olivier est le seul arbre qui résiste après un incendie mais elle n’avait plus envie de se brûler. Depuis elle faisait son marché en été puis remettait à la flotte le poisson qui n’était pas à la taille réglementaire après un essai où elle donnait sa chance au produit sans vraiment y croire. Le hors norme l’attirait mais les aventuriers sont toujours décevant. Je profitai d’un virgule pour placer l’argument du hasard, la pièce de monnaie  qui se dérobe au pile ou face, tombe sur la tranche ou reste en l’air 

— C’est ça! Me dit-elle, englué dans un profond ennui, l’intranquille teste les lois de la pesanteur. Ton intervention, c’est la pièce qui reste en apesanteur. Tu tombes bien, enfin non bafouilla-t- elle. Le mot — tomber prononcé au bord du vide pouvait passer pour de l’humour grâce à ce moment de détente 

— On peut faire un bout de chemin, si tu veux ajouta-t-elle dans la dynamique de l’extase

Le hasard tu parles que ça me parle! J’aurai pu être « L’homme dé » comme Luke Rhinehart. Chacune de mes décisions était une connerie de sorte que j’étais sur ce chemin, nonobstant les prétextes évoqués plus haut, parce que j’avais décidé de ne plus rien décider. Définitivement, je m’en remettais au hasard devenu stratégie évitant ainsi d’augmenter le poids de la décision à celui de mon sac à dos. A moins que je ne fus victime d’un coup de foudre. Un pic d’adrénaline dû à la proximité de la mort, celle que l’on obtient en faisant un pas en avant sur l’œuvre d’Eiffel et laisser Newton faire le reste. J’étais plus probablement la victime opportuniste en flag d’abus de faiblesse d’avoir manquer trop longtemps du féminin sacré et son imparable intimité. 

Lorsqu’elle cessa sa génuflexion, judicieusement avant mon point de non-retour, bien incapable de réfléchir j’ai souscris tacitement à son

— Tu veux que je me tourne? 

Trop tard! Elle était déjà en position, cambrée, les coudes sur la rambarde guidant mon chybre victorieux avec ses mains. J’étais dedans par atavisme de primate pensant comme le mec qui prends la confiance — normalement, si je fais pas le con, ça devrait aller au bout.  Nous sommes passé sans transition de l’épiderme aux muqueuses avec cette brutalité capiteuse et la sensation d’entrer dans un fondant moelleux, onctueux à point genre mi cuit. Le taux d’oxygène bien insuffisant pour alimenter simultanément le cerveau et l’autre organe à la manœuvre, j’ignore tout de la sensation correspondante dans le camp d’en face faute de débat après le film. Il y a dans l’après de quoi subir l’influence des sens en carence d’échanges thermique. Dans ce cas le sentiment est nul et non avenu.  Castrateur même. En attendant, je poussais mon truc avec le bassin  au plus loin d’elle mimant le coup de rein comme pour avancer les chevilles entravées sur l’air de laisse mes mains sur tes hanches sans penser plus que ça à Adamo quand ma lave envahit son sillon. On n’est pas bien, là? S’il fallait démontrer que si l’amour est nécessaire au bonheur, il n’est pas indispensable au plaisir

— Un bout de chemin! Pourquoi pas! 

Cette fois c’était elle le pourquoi pas 

L’Aubrac a tenu ses promesses de dénivelé et de grands espaces, de cascade et de torrents, de forêts rousses d’automnes où les feuilles mortes se ramassent à la pelle si j’avais une pelle et moins mal aux genoux. Dans les fragrances champignons/fougères, je prends soin à l’étape de mes pieds endoloris, je lave aussi souvent que faire se peut une de mes paires de chaussettes et les remets parfois humides le lendemain matin. Je masse mes pieds avec une lingette humide, les sèche soigneusement et les masse à nouveau avec un baume de chez Akiléine que j’utilisais au bon temps des marathons. J’ai choisi des chaussettes cinq doigts qui évitent les frottements des orteils entre eux que la déformation tarsienne font se chevaucher, étirements de chats, hydratation, respiration et longue attente du lever du jour. En prenant soin de saupoudrer de talcs chaque phalanges je me chausse au matin en ajustant les chaussettes précautionneusement tout en veillant au laçage, souple au pieds, ferme aux chevilles. Après qq heures de marche j’adapte le laçage au volume changeant du pied.

La météo était peu ou prou la même mais le soir, sous ma tente prévue pour un seul, la présence de la fille sur le pont un climat tropical chaud et humide changeait l’ambiance

— Je ne comprend ce qui m’a pris. J’aime trop les garçons pour me foutre à l’eau

— Ta préférence c’est quoi, la taille, la durée…

— Le goût! Parce que la durée… j’espère que tu peux tenir plus longtemps qu’une pièce qui retombe

— Ce qu’il faut de chaos dans la moindre organisation tac-au-tac ai-je. Pourquoi le saut dans le vide?

— J’en avais marre d’être celle qui décide qui fait jouir qui fait souffrir, qui rompt, qui rappelle, j’en avais marre d’être jolie, d’être intelligente, d’être une femme, d’être bien coiffée, de bonne humeur, disponible, marre des fleurs fanées, des charmes rompus, j’en ai marre de la poubelle verte, de la bouffe bio, d’être celle dont ne demande pas l’opinion sur l’imposture de la gauche, des tarmacs et des au revoir pour ne pas dire adieu, marre de la ligne 6,  des feuilles qui rouillent non, pas les feuilles qui rouillent, des quais,  des gares, de l’épilation,  des enfances volées, marre de courir sur un tapis pour aller nulle part…

— Oui mais par tous les temps! On dort?

— Fais toi plaisir!

J’entrai en elle comme on entre dans un temple. Un mec assis par terre comm’ ça il fait quoi à ton avis quand on lui jette une pièce? Il profite comme une offrande intime de ce climat tropical chaud et humide et il va la remettre au tronc commun du denier du culte parce qu’il y a plus démuni que lui! 

— Tu es si improbable! A Paris je t’aurais même pas donné l’heure et tu es là, entre mes jambes.

— Hasard, synchronicité Jungienne, algorithme! Ne crois jamais à ton libre arbitre répondis-je

Elle me regarda, surprise. Ce qui me prouva instantanément qu’elle me prenait pour un con entre le Pangloss de Voltaire et le François Pignon de Francis Veber.

Sans grand discours nous décidâmes tacitement du chacun sa route. J’allais au sud, elle poursuivit vers le nord sans se retourner.

Et l’Evariste dans tout ça? 

Par hygiène mentale j’avais besoin de partir déconfit par le spectacle de l’actualité et le délitement moral, las d’entendre ce brouhaha du bêlement moutonnier de l’élite cognitive tordant les mots au service du mensonge et, je l’ai déjà dis, je commençais à t’oublier. De sorte que j’ai saisi ce bouquin dans une boite à livres dés le km 25 entre Faverolles et Fournel. 

Evariste Gallois génie des maths, incompris, fiévreux, épris, mort en duel à vingt ans, et surtout, usant ses fonds de culotte sur les bancs du lycée Louis-le-Grand entre l’Empire et Louis Philippe. A quoi bon relier des anecdotes qui n’ont aucun lien entre elles? On se ferait des nœuds au cerveau, »on » se sentirait traqué par le souvenir, le même « on » se retournerait le bulbe s’il était mal structuré et enclin à la croyance plus qu’à la science. Pour autant j’en connais des rationnelles qui tentent leur chance au loto ( ce qui nous renvoie aux mathématiques) J’ai fait la connaissance de François Henri Désérable l’auteur d’Evariste  il y a trois ans déjà sur le ferry entre Bastia et l’Île Rousse et il m’a accompagné dans ma flânerie sur le GR 20 sud pendant que tu étais au nord de l’île qq part entre Calenzane et Conca. Le titre était différent mais l’auteur identique. Bon et après? Après? Juste ceci! « Ne plus penser à des choses qui ne sauraient exister et qui n’existerons jamais » . 

Comment ne pas penser à ce: "pas d'mon monde" dont tu es et où je ne suis pas? Il y a, en toutcasprobablement écrit à mon intention, dans les livres les évidences que je n’osais verbaliser, des réponses fastoches à des énigmes élémentaires qui n’en sont que pour moi, la pièce manquante d’un puzzle inachevé qui n’entrave pas la marche du monde.

La variète aussi y va de sa richesse 

« Certainement appuyés sur des bancs, Il y aura quelques hommes qui se souviennent et des nuages pris sur les antennes. Je t'offrirai des fleurs et des nappes en couleurs pour ne pas qu'octobre nous prenne »

De sorte que je marmonne du Cabrel et les cent décimales de π en pensant à Evariste, Louis-le-Grand, la rue Saint Jacques, la sorcière de la rue Mouffetard et surtout à ne pas oublier de t’oublier. Faverolles, Fournel, Brion, Nasbinal, Les Salces, après Mende se sera Florac, Saint Germain de Calberte et Saint Jean du Gard lorsque Stevenson piétine Urbain V où débuta notre nous

Qui puis-je ? J’aime… les Cévennes!

Parfois un douleur me cueille. Inutile de chercher un tireur embusqué même si je sens une flèche empoisonnée de nostalgie, il est impossible de savoir d’où elle vient ni qui l’a décoché. Une situation, une image subliminale, elle vient des strates du passé. Ce matin je me chaussais quand maman est passée m’apprenant tendrement à lasser mes souliers. La flèche qui me transperça ce jour là, c’était celle de la tendresse et de l’attention maternelle dont elle fut si mal été récompensée par mes échecs. Je sais que la marche me réchauffera, mes sous vêtements techniques lavés dans le ruisseau séchant très vite, une polaire et une vingtaine de minute de marche suffisent pour retrouver de l’enthousiasme, le paysage fait le reste. Barjac, Mende, La Fage, Ispagnac, parvenu à Florac les Cévennes succèderont à l’Aubrac et j’aurai 200 km dans les pattes. Je n’ai pas réservé mais je trouverai plus sûrement une chambre cosy à l’hôtel du Parc plus sûrement qu’un dortoir austère à la maison du randonneur. Je rêve d’eau chaude et de drap avant de retrouver ce village où le « nous » fut possible le temps d’une parenthèse. Une salade César et un one shot sur la banquette arrière de la Volveau? Pas vraiment! A Saint Jean du Gard nous avions terminé chacun de son coté le chemin de Stevenson. Curieux de l’un et de l’autre nous avions diné « en ville ». J’avais été séduit par ta maestria à éviter la salade tue l’amour entre les dents et je n’ai pas osé formuler l’invitation sur la banquette arrière. Chacun sa vie, ta montagne Savoyarde, ma plaine de Beauce. Fin de l’histoire?Pas vraiment! Il y eut ce nous quatre nuits à Paris et qq échanges d’un commerce équitable  divertissants et variés jusqu’à l’homme à la mer. Depuis je patauge derrière un navire qui s’éloigne inexorablement. Pour autant je ne suis pas en pèlerinage et je ne redoute rien de ce retour dans la nature. C’est la saison qui est inédite et je ne m’interdit pas la chansonnette. 

On ira tout en haut des collines regarder tout ce qu'Octobre illumine, mes mains sur tes cheveux, des écharpes pour deux devant le monde qui s'incline. 

Le j’irai remplace le on ira, la belle affaire!

J’ai trouvé l’échappatoire  et la réponse à comment se tenir loin des agressions qui mettent en péril mon hygiène mentale de citadin.

La télé éteinte il était impossible de s’éloigner de ce vacarme audible dans chaque rue de Paris et auprès de chaque chaland que j’y croisais chez Farid ou à Auchan sidéré de cette actualité du spectacle ridicule et des opinions aberrantes de mes frères humains. Il me fallait partir pour continuer à aimer les gens et tant pis si je rate le dernier Ozon à propos de Camus. J’ai la même inappétence que Meursault pour la marche du monde. Etranger, je serai absent de Paris quand tombera la nouvelle: aujourd’hui [le père est mort]. Ou peut-être hier, je ne sais pas. 

Où je vais il y a peu de chance de rencontrer la deuxième personne du singulier de l’imparfait de l’indicatif. Tu n’es pas là et je ne peux l’ignorer, ni le souhaiter, je pars en solitude, territoire de lecture. 

« Je me suis souvent hasardé dans ma vie à avancer des proposition dont je n’étais pas sûr mais tout ce que j’ai écrit là est depuis bientôt un an dans ma tête, et il est trop de mon intérêt de ne pas me tromper pour qu’on me soupçonne d’avoir énoncé des théorèmes dont je n’aurais pas la démonstration complète » 

Pareil, Evariste! Je changerais le concept théorème par théorie mais ce texte est signifiant. Une chanson, un livre c’est comme cela que je m’élucide. Galois, Evariste son couloir de nage c’est plutôt les maths où perso je patauge mais j’adapte le discours. Sans oublier que les maths conduisent aux algorithmes et les algorithmes sont pour moi le décodage du hasard et des probabilités du monde quantique. Quelle chance avais-je de tomber par hasard dans une boite à livres qq part en Aubrac sur le même auteur qui m’avait enchanté en Corse? Peu importe! Cependant l’auteur plus que le titre a attiré mon attention une seconde fois dans une autre dimension du temps et de l’espace (Schengen) de l’île ou du continent. Quand il n’y a pas d’interférences autres que celles de la nature non transformée je remplace le «pourquoi» par le «comment» et j’évite les mots « étrange » et « bizarre » de l’irrationnel. A Paris je sursaute à cause d’une porte qui claque, ici les bruits de la faune la nuit m’occupent l’esprit. Je passe des minutes qui finissent par faire des heures à identifier s’ils sont d’origine animale ou produit par le vent dans les branches. La cavalcade d’un lièvre coursé par un renard, l’un pour sauver sa peau l’autre pour nourrir sa famille, la curiosité du sanglier pour la végétation enfouie, le frôlement du vol d’une chouette en rase motte contre ma toile de tente ne sont souvent que des effets du vent dans mon imagination. L’obscurité me permet l’observation des indices comme une dissection mécanique de la temporalité. Je t’imagine héroïne de Louis le Grand comme Evariste sortir du Lycée et entrer dans un estaminet de la rue Soufflot ou roder vers Polytechnique  déposer un dossier d’admission puis je suis vite à court et j’en resterai là des hypothèses. Et choisir entre le philosophe qui dit « pourquoi » et le matheux qui dit « comment ». Il y eut ce moment où le silence se fit aussi profond que l’obscurité. J’avais déjà fait l’expérience de cette pause sans la qualifier d’étrange incapable d’en mesurer la durée. Thérapie du silence! Ouvrir les yeux sur ma condition dans l’univers ne m’apportait aucune information. Et pour cause! Absence de photons et de particules, j’étais perdu dans une dimension subatomique inaudible, invisible, c’était l’instant idéal d’ouvrir les yeux sur ce que l’on nomme lucidité et m’affranchir des références lues ou entendues par hasard dans des bouquins ou des chansons à l’eau de rose. Après tout, que m’importais de savoir si j’étais une onde ou une particule, là ou ailleurs, quand mon père allait mourir, quand Sarko sortirait du séchoir, si les bijoux de la reine seraient retrouvés et si je te croiserais entre Saint Jean du Gard et Avignon. Les trilles ont succédé au silence, le vent a repris du souffle, la forêt s’éveillait et je dé-campais moi et la lucidité dans l’effondrement de la fonction d’onde grâce au lever du jour et le retour des photons.  

Entre les deux GR la partie Cévenole en Lozère et dans le Gard  comporte des étapes communes même si les chemins pour y  parvenir s’entrelacent de la sorte que je profiterai de ma première nuitée à l’hôtel du Parc sans chercher à savoir s’il y avait des opportunités ailleurs. Dans une petite ville il faut aller vers le mieux disant, j’ai besoin de confort et je compte mes pas. La grande rue me semble aussi longue que la rue de Vaugirard pour mes petites jambes. L’hôtel du Parc, c’est bien, c’est central et effectivement il y a des disponibilités. Ainsi que je le ressasse comme un mantra je ne suis pas en pèlerinage! Pour autant je sens ta présence. Le temps ne fait rien à l’affaire et le savoir dans un esprit mal rangé peut apporter la confusion. L’auteur de « Mon maître et mon seigneur » hier et d’ « Evariste » aujourd’hui atteint mon affect quelque soit le biotope du moment. Il établit le lien. Il entretient en moi cette sensation d’avancer en faisant du surplace car je fais plus confiance à mes émotions qu’à mon intelligence. Je m’interroge sur le libre arbitre. Je l’invoque en contre mesure de la sensation d’être la marionnette des forces obscures. Je ne savais rien de cet auteur — nommons-le F-H.D — sur le ferry. Désormais je me suis procuré d’autres de ses œuvres au détour des libraires à propos de Roman Kacew-Gary-Ajar, le récit de son périple derrière le Che en Amérique latine ou Nicolas Bouvier en Iran. En ce qui concerne le lien Evariste/G. il est établi grâce à Louis-le-Grand par le plus grand des hasards. A Brion km 76 je suis tombé sur cette boîte à livres qui n’était sur ma trajectoire que parce que je m’étais égaré. Elle contenait entre des romans de gare et qq bibliothèques vertes « La famille Martin » de Foenkinos et le F-H.D. J’avais lu le premier et je ne tenais pas à revivre ce que j’y avait découvert dans le second, alors va pour « Evariste »! Je savais que tu étais dans le Foenkinos mais je ne m’attendais pas à te trouver dans le même lycée que Galois ainsi que dans chaque pages de la littérature française. Libre arbitre, laisse moi rire!  Devant cette boite à livres toute bête j’étais pris dans la chaîne de Marko du déterminisme aléatoire

Trois ans avant, après « mon » GR 20 sud je suis rentré à Paris avec une sensation d’inachevé. Je suis donc reparti à moto de Paris à Toulon avec une organisation all inclusive. Une cabine pour la traversée, un hôtel à Calenzzane afin de partir sans la fatigue du voyage et une réservation tente/repas à chaque gite d’ étapes de Calenzzane à Vizzavonne. Tu avais raison, l’esprit du GR est au nord! La magie des passage sur chaîne, la verticalité, le contact de l’épiderme et du granit à qq chose de sensuel, d’émouvant, parfois j’avais l’impression furtive d’être la roche avant que la pesanteur ne me ramène à ma condition de rampant le cul en plomb. Par l’effort, très vite on se retrouve soudé, admiratif ou respectueux, dans une ambiance bon enfant chèrement acquise par « l’exploit » quotidien. Mes heures d’arrivées tardives accueillis par la question rituelle — t’as pas vu Edmond? Je marche comme Sylvain Tesson sur « les chemins noirs » après son terrible accident moins diminué par l’âge qu’il ne le fut par son handicap physique. A la 4 ème étape, parce que l’écart se creusait entre ce Edmond et moi à mon avantage, j’avouai que nous avions le même âge. De ce jour et les suivants je gagnais en popularité auprès de ceux arrivés bien avant moi 

Evariste, dans cette chambre sans wifi de la pension Faultrier vit ses dernières instants. Il sera dans qq heures abattu par un tireur d’Elite pour l’honneur d’une jeune fille consentante qu’il a si peu bafoué. Avec son génie des maths, il aurait pu être l’interface  cent ans plus tard entre Niels Bohr et Schrodinger pour démonter la mécanique quantique 

Florac—Hotel du Parc un pic de glycémie à ne pas confondre avec un coup de foudre je suis connu pour l’altération de mon lobe frontal. Le fameux bélier qui fonce n’est qu’une enfant incapable de maîtriser ses pulsions, il est fier de sa spontanéité, de sa forte personnalité mais ce n’est qu’un infréquentable, voilà c’est dit!

Qui puis je? 

Je m’ensauvage  et m’enforeste à la recherche de l’instant zéro celui qui remet mon cerveau en réglage usine. 

Dans une série de plusieurs saisons il y a plein d'instants zéro

« — Je n’aurais pas dû re-coucher avec toi! »

Euh, ma fourchette est restée stupidement entre ma bouche et le truc dans l’assiette sur la table de ce resto du Bld du Montparnasse. Je faisais en temps réel l’expérience de la réalité et de sa perception. Le temps est la seule dimension. Tandis que ma fourchette suspendue restait en l’air on aurait pu jeter en l’air un Scrabble autant de fois que nécessaire et reconstituer l’œuvre complète de Maitre Gimms avant que je ne revienne de ma surprise. J’ai claqué des portes sur des divergence plus anodines. On n’aurait pu s’embrouiller sur l’hypothèse ergodique et la dimension stationnaire par exemple. Dimension, taille, poids, je ne pesais pas lourd avec mon savoir régurgité sans comprendre d’autodidacte face à une CEO et son salaire en K€.  Quelle dose de chaos est nécessaire dans l’organisation la plus pointu? Qui a semé ces cailloux de Petits Poucet sur le chemin qui m’a mené jusqu’à toi et, subsidiairement, ce chemin abrupt au dénivelé positif, s’il est mon sommet n’est peut être pas ton acmé?  me dis-je en plein pic d’empathie

Ma mère trouvait que j’avais du potentiel ce qui prouvait bien que c’était une mère et que c’était la mienne, pour autant je savais que je n’avais pas vraiment le profil pour jouer au Barça

Cette femme sans filtre posée sur une chaise attablée dans ce resto du Bld du Montparnasse était en train d’essarter un jardin secret en friche sans anesthésie

Je ne fais rien d’autre que poursuivre cette évolution aléatoire où le futur dépends du présent. A quoi bon lire si je suis incapable de passer à «autre chose » J’avais un pote à Bordeaux qui invitait ses ex à chaque occasion et c’était chichon & beuveries. Bon il avait, aussi, une piscine ça doit aider. J’avais qq copains bien sûr, mais  avec surtout des souvenirs de virées à moto ou d’exploits sportifs. Bien souvent ce sont des soirées qui commence par — tu te souviens? pour finir par — c’était mieux avant! La plupart ont besoin de témoins de leurs  exploits comme de leurs turpitudes. On garde ceux des premiers bien au chaud et on élimine ceux des seconds.  C’est une théorie, ne gardais-je pas le souvenir de la dernière femme témoins de ma dernière érection à Paris après avoir éliminé la dernière qui m’a aimé à Bordeaux? L'actualité divise! En ce moment ça se joue entre Sarkolâtre de l’impasse Montmorency et ceux collés à la vitrine des magasins d’alimentation comme si c’était un concessionnaire  Triumph. Je quitte Paris avant une semaine sanglante versaillais/communard en 1871 ou protestant/catholique en 1572. Je fuis la consanguinité des Sarkôlatre et l’alcoolisme fœtal de leur raisonnement qui nivelle tout. 

Dans le recul et la solitude j’en apprendrais un peu sur ce meuble qu’ils nomment télé. Il y avait une autre chaîne que Arte! Cnews y faisait des dégâts avec une ligne éditoriale initiée par un mâle hétéro breton de confession catholique en costume traditionnel. La confiance, la chaleur humaine, l’épiderme, l’ipséité, perdue pour la vie à deux et probablement pour la communauté, le bonheur me semble suspect. Je n’ai pas, ou plus, ou pas vraiment, d’aptitude pour vivre à deux. Je n’en ai pas non plus pour vivre seul. Trop de traumas qui disparaissent le temps de découvrir l’alter puis rejaillisse pour un détail de psychopathe. Les tasses rangées dans le placard anses à l’extérieur, les assiettes creuses dans les plates  ou le torchon affecté à la vaisselle utilisé pour s’essuyer les mains, le café puis le nuage de lait à température pour éviter le choc thermique  et cette mauvaise manière de lécher la cuillère de confiture, il y a tant de choses qui nous séparent, nous ne sommes pas du même monde. Je n’ai pas le pouvoir d’oublier. Bon ou mauvais souvenirs, le  mémoricide  n’est pas un super pouvoir. En temps réel j’ai oublié des problèmes sans solution parce qu’il fallait bouffer. Ainsi, un jour, je me suis retrouvé à 4 heures du matin porteur de journaux au volant d’un véhicule pourri en Beauce profonde. J’avais autre chose à foutre que de compiler la séquence des évènements qui m’avaient mis dans la sauce. Désormais j’ai le temps. Constater, encore une fois, mon absence de stratégie est inutile. Moins fort en calcul qu’Evariste je me console avec le bricolage philosophique que le verbe permet. La stratégie? C’est un truc de faible pour les mecs en manque de confiance! Ainsi que la poésie c’est un truc à crever de faim avec une CB dans la poche. Ma randonnée ressemble à du vagabondage. 

La mort ne concerne que les vivants. Pour la nature, et Lavoisier, c’est une nouvelle répartition des atomes dans le vaste univers éternellement en travaux. Rien ne  se perd, tout ce transforme.

A Paris, notre animal de compagnie court après tous les leurres. Ici, dans cette nature, je suis pareil à elle . Un bruissement dans les feuilles attire mon attention, je lève la tête juste à temps pour apercevoir la signalétique vers une sente improbable que j’aurais raté sans ce bruissement « mystérieux ». L’insignifiant chasse l’important

L’harmonie est partout, c’est une définition mathématique. On mesurerait maintes fois la distance entre les points d’inversion inférieur et extérieur  des géodésiques de la lumière en rapport avec l’accélération centripète  maximale dans les trous noir on obtiendrait toujours Phi.

protocole Moïse

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