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Sakiko nomura – tender is the night

Publié le 23 décembre 2025 par Glltn

Avec Tender is the Night (piublié par les édtions Prestel en collaboration avec la Fondation MAPFRE), Sakiko Nomura prolonge une recherche photographique centrée sur la nuit comme espace esthétique et conceptuel. Le titre, emprunté à F. Scott Fitzgerald, ne fonctionne pas comme une référence narrative mais comme une clé affective, orientant la lecture vers la fragilité, l’ambivalence du désir et la suspension du temps. L’ouvrage s’inscrit dans la continuité du travail de Nomura sur le corps masculin, abordé non comme sujet érotique explicite, mais comme surface sensible et instable. Les corps sont fragmentés, souvent privés de visage, réduits à des zones de peau, des gestes inachevés. Cette stratégie visuelle empêche toute identification directe et déplace l’attention vers l’expérience perceptive du regardeur. La nuit joue ici un rôle structurant. Elle n’est pas un simple cadre mais un dispositif qui conditionne la visibilité. L’obscurité permet une économie du dévoilement, dans laquelle la photographie oscille entre apparition et effacement. Le choix du noir et blanc, associé à un grain argentique dense, renforce cette tension. La matière photographique devient presque tactile, soulignant la physicalité du médium autant que celle des corps représentés. L’intervention critique de Simon Baker joue un rôle déterminant dans la lecture de l’ouvrage. Historien de la photographie et ancien conservateur, Baker inscrit le travail de Nomura dans une réflexion plus large sur le regard, le désir et la temporalité photographique. Son texte n’impose pas une interprétation fermée, mais propose un cadre analytique qui éclaire la cohérence formelle et conceptuelle du livre. En soulignant l’importance du rythme, de la répétition et du silence, Baker met en évidence la manière dont Tender is the Night se construit comme une expérience temporelle plutôt qu’un récit linéaire. Son approche critique dialogue avec les images sans les surdéterminer, renforçant la position active du spectateur. L’absence de texte explicatif dans le livre participe de cette logique. Elle refuse toute interprétation autoritaire et place le spectateur dans une position active, confronté à une suite d’images ouvertes, non hiérarchisées. Tender is the Night se construit ainsi comme une expérience temporelle plutôt qu’un récit. La répétition des motifs, la lenteur du rythme et la retenue expressive instaurent une forme de contemplation critique. Par cette approche, Sakiko Nomura, protégée de Nobuyoshi Araki, interroge les modalités contemporaines du regard, du désir et de la représentation du corps. L’ouvrage s’impose comme un objet photographique rigoureux, où la sensualité devient un enjeu formel et théorique. Le livre de 232 pages est maintenant disponible en librairie ainsi que sur Amazon.com.

 

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