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Dream team

Publié le 10 septembre 2008 par Jbernard
L'automne sera peut-être la saison des regrets pour les démocrates. Le candidat républicain John McCain surfe sur le brillant coup tactique réalisé en choisissant comme colistière la pétillante Sarah Palin et l’avance qu’avait le candidat démocrate Barack Obama dans les sondages a fondu. Et certains commencent à se demander si Obama n’a pas fait une erreur en ne choisissant pas sa rivale des primaires Hillary Clinton comme colistière.
S’il l’avait fait, McCain n’aurait pas choisi Palin mais sans doute l’ex-démocrate Joe Lieberman et le duo n’aurait rien eu d’excitant. Ils auraient vraiment eu du mal à proclamer représenter le changement, avec le même aplomb que McCain-Palin, tout en proposant de mener en gros la même politique que la très impopulaire administration Bush. Maintenant, c’est le ticket démocrate qui ne semble pas excitant avec un Joe Biden, vieux routier de la politique washingtonienne, qui a franchement du mal à incarner la nouvelle manière de faire de la politique vantée par Obama. Au lieu d’apparaître divisés, comme ils l’ont été au début de leur convention de Denver fin août, les démocrates auraient été dopés par l’annonce (surprise, car si Obama avait pris cette décision, beaucoup de monde aurait été étonné) du choix d’Hillary. Les partisans les plus fervents (surtout ferventes) d’Hillary auraient hurlé leur joie (au lieu de ronchonner), ses riches donateurs auraient ouvert leur porte-monnaie avec moins de réticence. Et puis cela aurait été une excellente histoire pour les médias. Je vois déjà les titres : « The dream team ».
L’éditorialiste du New York Times Maureen Dowd, qui pendant les primaires démocrates n’a cessé d’exprimer sa détestation d’Hillary Clinton, semble maintenant avoir des regrets : « Vous savez ce que je pense, parce que vous y pensez aussi. Si Barack Obama avait choisi Hillary Clinton comme colistière, nous serions maintenant entrain d’attendre la plus grande nuit de l’histoire de la politique américaine : le débat le 2 octobre entre les deux candidates à la vice-présidente, Ma Barker (alias Hillary Clinton) et Sarah Barracuda (alias Sarah Palin). Maintenant, malheureusement, nous devrons attendre jusqu’à 2012 quand les deux concurrentes les plus acharnées de la campagne seront à n’en pas douter face à face lors du débat présidentiel, avec Palin bénéficiant toujours de la victoire en 2008 contre Obama (qui est maintenant de retour au Sénat organisant sa sous-commission sur l’Afghanistan) ». Pas très optimiste de la part de celle qui comparait il y a quelques mois Hillary Clinton à l’ombre et Barack Obama à la lumière.
Obama n’a pas voulu d’Hillary comme colistière, sans qu’on sache si c’est en raison d’une animosité personnelle, d’une crainte de se retrouver à la Maison Blanche avec le couple Clinton surveillant par-dessus son épaule ce qu’il fait ou d’un choix politique de couper avec les années de la présidence Bill Clinton. La haine suscitée par Hillary chez un certain nombre de partisans d’Obama est assez frappante. Les mêmes se sont déchaînés contre Palin d’une façon qui fait s’interroger sur la part de misogynie dans cette animosité à l’égard de ces deux femmes.
Et maintenant, on se demande si Obama n’a pas fait une deuxième erreur en refusant le financement public pour sa campagne, préférant lever lui-même des fonds, ce qui lui permet de ne pas être restreint par le plafond imposé par le financement public. Un article de New York Times révèle en effet cette semaine que, après des mois de collectes record, la campagne Obama n’a pas rempli ses objectifs ambitieux pour juin et juillet. En plus en refusant le financement public, Obama n’a pas respecté une promesse qu’il avait faite quelques mois plus tôt. John McCain peut compter lui sur les 84 millions de dollars de financement public et peut se concentrer sur sa campagne sans avoir à organiser des réunions avec des donateurs. Obama va devoir continuer à collecter de l’argent et n’aura finalement pas tellement beaucoup plus d’argent que son adversaire républicain, selon le quotidien.

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