Vois tu cher lecteur, je devais visiter JP. Jouyet ce soir, lui poser des questions et rencontrer d'autres blogueurs... Mais le ministre a malheureusement fixé des heures difficilement tenables... Alors, armé de toute ma déception, rabattons nous sur la polémique du moment. La question truste de plus en plus les coulisses politiques autant que les tribunes journalistiques. Invariablement les blogs sont prompts au débat et, tout aussi invariablement, ils opposent les franges droites et gauches de la blogosphère. Edvige, un nom sexy pour une base de données. Edvige draine toutes les attentions, les soutiens, les oppositions et au moins autant de chimères dans les esprits. L'esprit des lumières s'est emparé de certains corps, le cartésianisme laisse place à l'émotionnel. La grande France des humanistes se réveille.
Sur le fond du problème pourtant, un large accord se dégage. Oui, la police doit être capable d'accumuler des informations sur des citoyens susceptibles de troubler l'ordre public. Il en va de la sécurité intérieure. Ce point là est d'autant plus prépondérant que la principale menace a laquelle sont confrontées nos sociétés est filante, insaisissable et progresse masquée avant d'agir. Les points de divergences apparaissent sur les modalités et les critères de fichage des citoyens. En l'espèce, ce sont notamment les précisions relatives a la vie sexuelle qui gênent.
Je ne suis pas férocement opposé à un tel fichage. Je n'ai strictement rien à me reprocher et je ne suis pas naîf au point de croire qu'il est, en l'état actuel des choses (cad sans Edvige) impossible aux autorités d'obtenir en un clin d'oeil la moindre information sur mes comptes bancaires, ma vie sociale, mes relations ou mes appartenances politiques. Le temps aidant, il n'y a d'ailleurs qu'a savoir bien manier Google pour trouver quelques informations. Alors une base de données ou pas... cela ne changera pas grand chose. Vous avouerez d'ailleurs qu'il est quelque peu pétillant de voir certains citoyens s'offusquer de l'arrivée d'Edvige dans la journée et de poster leurs vies sur les blogs, réseau sociaux et autres outils du web 2.0 le soir, persuadés doivent ils être, de disposer d'un entier contrôle sur les informations postées sur la toile. Peut être seront ils supris un jour.
Revenons a la trépignante Edvige. Il se trouve que j'adhère aux arguments exprimés par Authueil dans un récent billet. Si j'avais une critique à émettre, elle porterait bien plus sur le caractère "gravé dans la roche" de ce fichier qui fiche une personne à un moment donné sans offrir la possibilité par la suite d'actualiser les données. L'exemple est criant pour les jeunes pré-ados. Alors mes trolls de gauche se délectent qu'une telle "atteinte aux libertés individuelles" ne froisse pas plus l'auteur de ces lignes qui ne cesse de se réclamer du libéralisme. Faites le tour des blogs, ce sont toujours les même commentaires moqueurs.
Les auteurs de ces réflexions sont pourtant diablement approximatifs. Il ne le sont bien sûr pas sciemment. Ils s'y trouvent aidés par certains blogs libéraux qui se réclament de l'ensemble de la philosophie libérale. Lomig, membre de Liberté, Humanisme, Critique est un de ceux là. Dans son cas précis, j'avoue ne pas bien comprendre non plus sa réaction. Il s'en explique ici. En ce qui me concerne je crois être à l'écart de cette question tant mon attachement à la philosophie libérale l'est avant tout sur un plan économique. Depuis l'ouverture de ce blog, j'ai d'ailleurs précisé cette pensée à plusieurs reprises. Mon meilleur ami Wikipédia ne s'y trompe d'ailleurs pas en retranscrivant le division de la philosophie libérale (ensemble de la pensée) en deux sphères, le libéralisme économique (dont je me sens proche) et le libéralisme politique (pour lequel je suis plus sceptique). En l'espèce je ne suis donc pas froissé par l'ambition des services policiers de mon pays d'établir un fichier selon des modalités précises, je le suis plus lorsque l'Etat décide unilatéralement de créer de nouveaux prélèvements ou de faire payer les transports aux entreprises. C'est un schéma de pensée sur lequel se basent des opinions politiques. C'est donc à ce titre pleinement critiquable, mais pas moins respectable.
Le lignes sont tracées et le débat est planté. A vous de réagir.
Ce billet fait l'objet de multiples réactions au sein du Kiwis, aussi n'hésitez pas à visiter les tribunes des compères: Pierre Catalan.