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Accueillir le Pape pour le bien de l'Eglise !

Publié le 10 septembre 2008 par Hermas
Nous avons insisté et insisterons encore sur l'importance de ce voyage du Pape en France, souligné également par tous ceux qui comprennent à la fois la situation du catholicisme dans notre pays et les enjeux évangéliques considérables qui sont liés à l'évolution morale et politique de ce dernier. Il a beaucoup été glosé, depuis la deuxième guerre mondiale, sur la France devenue "pays de mission". Ce fut, on le sait, le titre [sous forme interrogative] d'un ouvrage devenu célèbre, publié en 1943 par deux prêtres, les abbés Godin  et Daniel, lesquels constataient alors la très forte déchristianisation des milieux ouvriers. A mesure que le temps a passé, cette expression s'est révélée toujours plus prophétique, plus incisive et plus universelle. D'interrogative, l'expression "pays de mission" est devenue un constat tragique, qui n'embrasse plus seulement une catégorie socio-professionnelle mais la société tout entière, gagnée par le matérialisme, le naturalisme, l'hédonisme, le relativisme et toutes les formes de scepticisme, par les effets conjugués d'une crise sociale qui se poursuit hardiment et d'une crise de l'Eglise qui est loin encore d'être résorbée, malgré les efforts d'une quantité de bonnes volontés, à commencer par celles des derniers Papes. Les abbés Godin et Daniel n'auraient sans doute pas imaginé eux-mêmes que la France qu'ils évoquaient pourraient un jour, somme toute prochain, devenir une France sans prêtres. A leur ouvrage a succédé notamment celui de Martine Sévegrand, dont le titre, cette fois affirmatif, "Vers une Eglise sans prêtres", paru en 2004, donne, sans qu'il soit besoin d'entrer dans une critique de son contenu, la mesure du chemin parcouru. Il y avait, en 2006, 20.523 prêtres en France, contre 32.207 en 1990. Pour dix prêtres qui décèdent ou se retirent, on compte environ une seule ordination. Des régions entières du territoire français sont devenues des déserts spirituels, privées du secours habituel des sacrements et du ministère évangélique, où s'épuisent les énergies de quelques prêtres devenus trop rares, vieillissants et souvent peu formés. La sociologie du catholicisme français a inévitablement suivi : en 2006, selon un sondage IFOP paru dans La Croix [ICI], 64 % des Français se disaient "proches" du catholicisme alors qu'après la seconde guerre mondiale huit Français sur 10 se déclaraient catholiques, et la pratique religieuse a subi un effondrement majeur puisqu'elle se réduit (chiffre de 2006...) à quelque 4,5 %. Pendant des décennies, beaucoup de responsables ecclésiatiques se sont rassurés par l'idéologie de l'élitisme, qui consistait, par une dialectique qui a la vie dure, selon laquelle le passé serait un âge obscur et ignorant et l'époque moderne un âge enfin "éclairé", à dire que les catholiques sont moins nombreux, certes, mais qu'ils seraient meilleurs, plus authentiques... A supposer même que cela soit vrai, c'est oublier que le catholicisme n'est rien s'il n'est pas en mission et qu'il est capital, pour le salut des membres d'une société, que celle-ci en reçoive le rayonnement. Le collapsus duu christianisme, dans une société déterminée - l'histoire devrait pourtant nous en avoir tous convaincus depuis longtemps - est un collapsus pour la civilisation elle-même. Il est évident à tous ceux qui ont des yeux pour voir qu'il y a un peu partout des signes rassurants de renouveau, mais le constat présent n'en est pas moins terrible. Récemment interrogé à propos de la venue du Saint Père dans les colonnes du Figaro, Mgr Vingt-Trois, archevêque de Paris, évoque lui-même ces "villageois qui avaient l'expérience d'une église pleine tous les dimanches et qui ont aujourd'hui une messe tous les deux mois dans une église aux trois quarts vide" [ICI]. Il ajoute que cela ne "veut pas dire que l'Eglise est morte" mais qu'elle "vit une transition".Certes, mais il est assez significatif de devoir évoquer cette mort pour mesurer la situation. Il ajoute : "En 28 ans l'état de l'Eglise de France n'a pas empiré ! Elle n'est pas devenue un cimetière de décombres". Certes, là encore. La complexité des situations, d'ailleurs, ne permettrait pas un tel jugement. Mais dire que cet état n'a pas empiré est d'un optimisme relatif, on nous l'accordera, qui ne consolera pas les chagrins légitimes que l'on peut éprouver devant tant de scandales et tant de gâchis accumulés au cours de cette trop longue période de "recherches", "d'expériences" et de résistances aux enseignements du Magistère, dont l'encyclique "Humanae vitae", récemment célébrée, a offert l'exemple archétypique. L'Eglise de France a besoin, et nous avons besoin avec elle, de retrouver sa romanité. Ce n'est pas une revendication de servilité mais de libération, contrairement à ce qu'on affirme ici et là. Pour un catholique, Ubi Petrus, ibi libertas. Les fidèles, les jeunes surtout, et les jeunes prêtres en particulier, le sentent spontanément, qui ne demandent qu'à s'ouvrir à sa voix, quels que soient les sujets abordés, sa voix qui nous invite à la conversion des moeurs, à la conversion de l'intelligence, à la conversion du sens liturgique - laquelle rencontre encore tant et de si dures résistances ! Mgr Lefebvre s'est malheureusement fourvoyé sur bien des points. Mais il avait eu cette intuition, pour le moins, de demander qu'on le laissât, au milieu de ce vaste champ expérimental qu'était devenu l'Eglise de France, faire "l'expérience de la tradition". Sa revendication n'était pas sans équivoque, compte tenu du sens partiellement erroné et sélectif qu'il donnait au mot "tradition" mais, sur le fond, elle n'en était pas moins bien sentie. Partout où l'Eglise, en France, retrouve du dynamisme, c'est, de fait, par une redécouverte de sa tradition, dans le domaine de la prière, de la formation sacerdotale, de l'étude et de l'attachement vrai et loyal au magistère de Pierre. Ce sont ces fidélités-là qui attirent, qu'on le veuille ou non, les vocations sacerdotales, parce que là comme ailleurs, aujourd'hui comme hier, la médiocrité ne peut pas séduire un jeune homme prêt à donner sa vie. Les catholiques de France qui attendent le Pape Benoît XVI l'attendent aussi pour le suivre dans ces redressements, qu'ils espèrent de tout leur coeur dans leurs prières et leurs sacrifices. Venez nombreux, vous aussi, pour l'accueillir à Paris, en particulier samedi prochain aux Invalides. Et que ceux qui ne le peuvent vraiment pas préparent cette rencontre par la prière, en faisant prier avec eux petits enfants et malades, ces humbles ardeurs si puissantes sur le Coeur du Sauveur ! Les enjeux, pour nous, pour ceux qui nous suivent, et pour ceux-là même qui vivent loin de Dieu, sont considérables.

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