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Big mother : Psychopathologie de la vie politique

Publié le 20 juin 2008 par Valabregue
Big mother : Psychopathologie de la vie politique

Big mother : Psychopathologie de la vie politique SchneiderMichel (cité par à l'école du possible) - 20/06/2008

Avec l'irruption de la politique dans la vie privée, on voit se développer l'image du personnage politique dans la vie publique.

La recherche de l'image devient éperdue. L'homme politique est transformé en clown de lui même qui flatte le moi complaisant et menteur dont parlait Freud.

Tout ceci va de pair avec la quasi disparition de la pensée critique.

Aujourd'hui tout devient interactif.

La citoyenneté, qui désignait des droits et la participation à la vie publique de chacun, perd sa portée d'universalité. Le moyen moderne d'obtenir la passivité des citoyens est d'amener les personnes à dire ce qu'elles pensent.

Cela commence à l'école avec la libre expression, cela continue dans les médias, par la multiplication des micro-trottoirs. Les journalistes n'écoutent plus l'actualité, mais leurs auditeurs et cela se termine par l'Etat qui a renoncé à diriger ou à gouverner et qui tente d'impulser. En passant par loft-story bien sûr.

C'est l'ère de la démocratie participative qui n'est qu'un abandon de la démocratie représentative. De façon paradoxale, plus les français sont consultés et plus ils ont le sentiment d'être ignorés par le pouvoir.

" Que veut la mère ? Que nous n'ayons aucun désir.

Que demande-t-elle ? Que sans fin nous demandions. "

Pour l'auteur, on n'est pas dans Big Brother, mais dans Big Mother et la figure dominante n'est pas le panoptique de Bentam qui s'inscrit dans une tradition paternelle de l'autorité mais quelque chose qu'il appelle le " panacoustique ", une unité centrale qui empêche les individus de se parler entre eux mais permet d'entendre toutes leurs plaintes.

Pour Owell, le pouvoir c'était le droit de regard ; pour nous, c'est le devoir d'écoute.

" Ce qu'on nous demande, c'est le bonheur " disait Lacan.

L'analyste n'offre rien. Il permet au sujet d'atteindre une autonomie, de libérer son désir de la demande qui l'étouffe.

Aujourd'hui la majorité des électeurs partage trois convictions :

  • Seul le service public peut assurer le service public.
  • Le bien-être et le bonheur sont d'abord l'affaire de l'Etat et très peu celle de l'individu autonome.
  • Plus l'État est développé, plus la société est avancée.

Le désir d'Etat est un désir de ne plus désirer, de n'avoir plus que des besoins et des demandes.

La politique repose sur une question majeure : " que désires-tu ? " ; cela conduit à une absence de politique.

La conversion de la politique en morale accompagne la transformation de la société en nurserie.

" Le bien peut être l'ennemi mortel du domaine public " disait Hannah Arendt.

Le pouvoir politique a remplacé le juste par le bon.

Partout on attend de la proximité et de l'urgence.

C'est la politique " air-bag ". Un creux qui s'emplit pour amortir les chocs et les coups.

La politique maternante enferme chacun dans son narcissisme individuel ou collectif. La politique devrait être le rappel constant des limites qu'impose le " vivre ensemble " à l'" être soi ".

Les politiques pensant à la prochaine génération n'existent plus.

La déclaration universelle des droits de l'homme avait fondé la séparation entre tyrannie et démocratie.

Aujourd'hui on érige en dogme ce que pense la majorité.

Faire ce que le désir nous force à faire, sans porter tort aux êtres et aux choses pourrait être la visée d'une cure analytique. Mais cela pourrait être une définition humaniste de la liberté.

Que le pouvoir se charge d'être juste et nous nous chargeons de notre bonheur.

Notre époque semble préférer le " zéro malheur " à une vie qui se sait éphémère et en jouit.

Le bonheur est un monospace où l'on lui fuit la fatigue d'être confronté à l'autre. Enlisement dans le chez-soi, contentement du peu, usufruit d'être ce qu'on a...

Michel Schneider, NDLR

Livre de 2002


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