Malheureusement, le premier objectif du fonctionnaire c'est celui de se protéger " les fesses ", tant pis pour les producteurs. On peut difficilement blâmer les fonctionnaires. Leur instinct de survie les pousse à prendre toutes les mesures raisonnables ou non pour éviter de devenir les boucs émissaires des politiciens.
Si la responsabilité de surveiller la salubrité des aliments était confié à des laboratoires privés, le public serait bien mieux protégé et à moindre coût.
Le mercredi 10 septembre 2008
Les abus commis au nom de la santé Yves Boisvert Coup de fil de Max Dubois, de l'Échoppe des fromages, samedi après-midi. Il est paniqué. Les inspecteurs sont dans la boutique et vident les comptoirs du fromager de Saint-Lambert."Ils vont nous mettre dans la rue! Il faut que tu viennes! Ils sont en train de jeter tous mes fromages!", et au bout d'une semaine, quand les analyses biologiques sont terminées, ou bien on détruit les lots parce qu'ils pourraient être contaminés, ou bien on est rassuré, et alors on peut les remettre en vente.sur certains produits des Fromagiers de la Table ronde et de la fromagerie Médard.sur deux fromages justifiait de lancer ces inspecteurs dans 40 fromageries et 300 points de vente.!
Vous sentez-vous plus en sécurité? Le public est protégé, mesdames et messieurs.
Il n'en reste pas moins que le MAPAQ a aussi une obligation d'agir de manière raisonnable pour protéger les commerçants et les fabricants. Il ne l'a pas fait.
On aurait fort bien pu prendre des mesures de conservation temporaire tout en rassurant le public.
La destruction du fromage n'élimine pas seulement la bactérie, mais aussi la preuve que les fromagers auraient pu conserver. Car n'excluons pas un recours en dommages contre le gouvernement pour abus de droit, quand les poussières bactériennes seront retombées.
Comme par hasard, c'est quand le représentant du Ministère a compris que l'Échoppe prévoyait se rendre en Cour supérieure lundi pour obtenir une injonction qu'il a décidé de faire détruire le fromage. Quelques heures plus tôt, pourtant, il acceptait de laisser le fromage sous scellé, hors vente jusqu'à l'obtention des résultats d'analyse.
Résultat net, on a non seulement détruit pour des milliers de dollars de fromage et ébranlé plein de petits artisans et de petits commerçants; on a fait peur à tout le monde, y compris les détaillants, qui n'achètent à peu près rien en attendant.
On nous a tous plus ou moins convaincus que les fromages d'ici sont dangereux, en particulier ceux au lait cru - alors que, bien faits, ils chassent la
D'où provient la bactérie? Peut-être d'un papier d'emballage, peut-être d'un couteau, on l'ignore. On analyse le fromage chez les producteurs, mais en attendant de savoir, on joue de prudence: si la souche est dans la fromagerie, la bactérie a pu être envoyée partout avec les meules.
On envoie donc samedi 264 inspecteurs dans les 300 points de vente de ces fromages partout au Québec. On saisit bien sûr les fromages incriminés, mais aussi tous les fromages coupés, d'où qu'ils viennent.
On craint qu'un couteau ou une planche en contact avec un des fromages visés ait contaminé les autres fromages.
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La Loi sur les produits alimentaires donne aux inspecteurs le pouvoir de saisir et de disposer des produits s'ils ont des motifs de croire qu'ils peuvent être contaminés.
Depuis le 18 juillet, 22 personnes au Québec ont été infectées par la bactérie, la plupart d'une souche reliée au fromage. Un homme âgé est mort, des femmes enceintes ont été atteintes, trois ayant accouché prématurément.
La listériose est à prendre au sérieux, on en convient.
Mais est-on devant une épidémie? Pas vraiment. Dans les cinq dernières années, on a compté au Québec entre 32 et 63 cas de listériose, causant de deux à sept décès par année. On en est à 56 cette année, une année où l'on a attiré l'attention du public comme jamais. Neuf personnes sont mortes, dont huit avant qu'on s'inquiète du fromage.
Même si l'année n'est pas exceptionnelle, on n'a pas à attendre qu'elle le soit pour intervenir. S'il avait fallu qu'on assiste à un Maple Leaf québécois, on aurait évidemment blâmé les inspecteurs pour leur inaction.
Disons, donc, que la découverte de
Tu vois, Max, ils ne sont pas si fous, ces gens du Ministère
Sauf qu'une heure plus tard, le patron des inspecteurs change d'idée: on décide de jeter les 220 kg saisis. Allez hop, dans l'eau de Javel. Il y en a pour 10 000$ facilement.
Et jusqu'à maintenant, tout porte à croire qu'ils ont été détruits totalement pour rien, comme probablement tout ce qu'on a détruit dans les 300 points de vente visités par une armée d'inspecteurs samedi. Certains en ont perdu bien plus que 220 kg.
Ce n'est pas Max qui exagère, c'est le Ministère. On voudrait mettre à terre l'artisanat fromager québécois qu'on ne s'y prendrait pas autrement.
La manière inutilement brutale dont les inspecteurs sont intervenus est un bel abus de droit commis au nom de la santé publique.
On le fait pour sauver des vies, vous dira-t-on. Allez donc répliquer à ça! Entre une vie humaine et quelques milliers de kilos de fromage, le choix est facile, n'est-ce pas?
Sauf que c'est mal poser le problème. On pouvait très bien protéger la santé publique sans tout saccager.
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Récapitulons. Samedi, le ministère de l'Agriculture, des Pêcheries et de l'Alimentation (MAPAQ) annonce le retrait des produits de deux fromageries québécoises. On a trouvé de la
Il faut dire que Max n'est pas un grand consommateur d'euphémismes. Entre deux exagérations, il ne choisit pas toujours la moindre.
Je me rends sur place pour apprendre qu'un compromis a été trouvé, et que les inspecteurs se contenteront de placer les fromages entamés dans un sac scellé, jusqu'à ce qu'on finisse les analyses.
Ça paraît raisonnable: on retire des points de vente ce qui pourrait être contaminé à la Le ministre aussi.