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Misère et décadence du communisme, par Vladimir ILLITCH

Publié le 10 septembre 2008 par Lalouve

"J’ai lu la base commune de discussion pour le 34 ème congrès. Et je suis perplexe. Pour ne pas dire outré.
Je ne pensais vraiment pas que l’idéologie dominante avait pénétré à ce point au coeur du PCF.
Nous sommes au cœur de la lutte d’appareil. Franchement, en adhérant au PCF, ce n’est pas ce à quoi je m’attendais ; disons-le, c’est le PS, mais en pire (je ne pensais pas que cela fut possible, mais cela est).
Nous sommes en plein dans le règne du faux semblant, de la démagogie et de la boursouflure.
En guise de l’analyse marxiste de la société et de la politique française ces 30 dernières années, si nécessaire, vitale, pour un parti communiste, à ce moment de notre histoire, on nous sert d’indigestes tartines sur les nouvelles technologies, la mondialisation, les "dominés"...Des trucs que ne renierait pas Wikimachin, l’encyclopédie pour les nuls.
Pardon, mais, si je suis bien une exploitée, je ne me sens pas du tout "dominée". Je refuse d’avoir un maître. J’ai un patron, cela me suffit amplement, et c’est déjà trop d’ailleurs.
On revient carrément, avec ce vocabulaire, au pré-marxisme, à Hegel avant Marx et Engels. On balaie tout le travail théorique marxiste et communiste du siècle passé. Tranquillement. Mais sur quel fondement?
Je suis une femme, oui, je n’ai pas les mêmes droits que les hommes , c’est un fait, à travail égal, je gagne moins, ni les mêmes moyens, mais je ne me sens pas "dominée" pour autant. Je me sens exploitée, encore plus exploitée, oui, qu’un prolétaire masculin blanc et français, exploitée comme les personnes issues de l’immigration, comme les blacks, comme toutes les "minorités" . Exploitée doublement. Mais pas "dominée" !
Les exploités ne deviennent des dominés que s’ils consentent à leur patron le droit de devenir leur maître, que s’ils lui reconnaissent la légitimité morale de les dominer. Même pas foutus d’aller jusqu’au bout de la dialectique du Maître et de l’Esclave, les beaux penseurs qui nous ont pondu cette infâme base commune.
Où est l’analyse que nous devons avoir sur l’échec du programme commun, sur la fameuse "dérive droitière" du PS, notre "allié" principal, notre "allié" de toujours? Pourquoi personne n’a le courage de dire aujourd’hui : l’analyse de Marchais et du comité central était nulle.C’est pour ça qu’il n’y a pas eu de programme commun, c’est pour ça que Mitterrand a tué le PCF. Le PS ; pourquoi ne dit-on pas enfin ce qu’est, ce qu’a toujours été ce parti? Un parti petit-bourgeois, qui a trahi ses alliés objectifs à la faveur d’un retournement économique mondial, qui a fait que ce parti est devenu un moment celui des petits commerçants, des cadres, des petits patrons, des fonctionnaires aisés et embourgeoisés? Que doit-on en faire alors? Le congédier comme disent certains, ne plus avoir ni liens ni rapports? Ou plus simplement, agir en le prenant comme il est, sans rien attendre de plus que ce qu’il peut nous offrir? SOmmes nous en position de nous priver de certains outils ou devons nous peut être plutôt réfléchir à les utiliser plus judicieusement?
Pourquoi n’y a t il rien sur le prévisible mouvement de balancier qui est en train de s’amorcer et qui va nous arriver dans la gueule? On répète bêtement ce que disent les capitalistes eux-mêmes "c’est une crise du capitalisme financier" ! Qui parle de la classe moyenne en train de se constituer en Chine et en Inde? Qui parle de ce que l’essor du capitalisme va apporter là bas (et qu’il a apporté chez nous ,en Europe et aux USA, quand il était plus rentable pour les capitalistes de nous préserver, nous les prolétaires, pour des tâches fondamentales auxquelles le lumpenprlétariat asiatique n’était pas encore formé à faire)? De ce que ce grand mouvement va faire chez nous? Notre "supériorité qualitative", ce qui nous sauvait avant de la compétition avec le sous prolétariat des pays dits "en voie de développement", nous ne l’avons plus ! Nous l’avons perdue. Pour différentes raisons.
Ce qui s’est passsé avec notre industrie, nos usines, nos ouvriers, cela va se passer avec le "secteur tertiaire", les services, l’informatique, les sciences. La révolution Internet, nous l’avons ratée dès le début !
Et pourtant il me semble que, dans les années 70, le comité central avait esquissé ce retournement des choses, en parlant de "nouveaux pauvres". Mais nous ne sommes même pas foutus d’avoir de la suite dans les idées.
Où est la critique de la base commune adoptée lors du dernier Congrès? Comment se fait il qu’à chaque Congrès, on ait l’impression de devoir réécrire toute l’histoire, de partir d’une page blanche?
Où est le bilan de la direction? L’échec des collectifs unitaires? L’échec de la candidature Buffet à la présidentielle? L’échec des législatives? L’échec (car c’est un échec, ne nous laissons pas jeter de la poudre aux yeux) l’échec des municipales et des cantonales?
Que fait-on de toutes les critiques qui se sont élevées, de toutes les voix qui se sont opposées, contre la dégénérescence du communisme, depuis 25, 30 ans? Elles étaient toutes sans valeur? Elles sont toutes nulles et non avenues?
Quelle partie de ce texte parle de la lutte des classes, du post-fordisme, de la démocratie prolétarienne, du combat d’importance que nous avons à mener contre la propriété privée? Quelle analyse sur la "démocratie sociale"? Le syndicalisme de classe? Interdit d’en parler? Et pourquoi donc?
Pire que tout, où est l’opposition, la résistance face à ce carnage idéologique?
Pourquoi pleurer, comme certaines, que "le dialogue est verrouillé" (et oui, il l’est mais ça ne date pas d’hier) - les anciens copains ont fini par se fâcher dans la course aux places? On n’est plus d’accord entre soi? Pourquoi se lamenter quand hier, on n’a rien dit sur l’organisation de l’assemblée extraordinaire de décembre 2007, que pas une voix ou presque ,parmi tous ces chefs, ne s’est élevée pour dire "rien de tout cela n’est statutaire, votre démocratie est de façade !"? Pire, quand on a même profité de postes à la tête de "commissions" fantoches pour se faire mousser et faire grimper tel ou tel courant? Ah tant qu’on a le nez dans la gamelle, c’est délicieux, mais aussitôt qu’on vous la retire, ça devient dégueulasse?
Mais voilà aussi où nous amènent des mots d’ordre aussi stériles que "Garder le PCF" pour tenir lieu d’opposition communiste au sein du PCF (un comble !).
C’était évidemment la porte ouverte, la main tendue, à la direction sortante, prête à tout pour ne pas mettre en péril ses postes, ses mandats. Comment des communistes ne peuvent ils pas voir que quand l’opposition est tout à fait tolérée ( tolérée au point de faire partie de la Commission de transparence) c’est qu’elle est institutionnalisée et donc ,qu’elle fait partie intégrante de l’appareil? Comment ne pas voir que cela, "garder le PCF", c’était se faire rouler dans la farine. Que la seule question à se poser c’était celle du communisme, d’un parti communiste, pas d’un parti qui s’appellerait "communiste".
Pourquoi toute cette opposition, ou prétendue telle, ne s’est pas réunie dès janvier de cette année pour travailler, collectivement, de la base, à une proposition alternative communiste unitaire? Est-ce qu’on ne savait pas que le Congrès aurait lieu en décembre? Nous voilà aujourd’hui démunis, désunis, obligés de nous compter dans l’urgence sur des rapports de force, dans des conditions inacceptables pour des communistes, pressés au 10 octobre dernier délai pour ,éventuellement, sortir une base commune alternative !
Ou est-ce que certains préféraient magouiller et négocier jusqu’au bout avec leurs soi disants ennemis? Est-ce que d’autres ont préféré "rouler pour eux"? Je ne sais pas - aujourd’hui, plus rien ne m’étonenrait et on peut s’attendre au pire.
Il faut être aveugle pour ne pas voir , pourtant, qu’il y a un désir révolutionnaire qui monte en France. Des révoltes des banlieues, à l’abstention grandissante aux élections bourgeoises, en passant par le vote FN en 2002, du succès de la "démocratie participative" de Royal, en passant par la multiplication des mouvements et coordinations sur tout les thèmes qui intéressent la Politique avec un grand "P". Ne pas le voir, le laisser au populisme, à l’extrême droite. Par avidité, par soif de reconnaissance sociale? Par bêtise?Erreur? Tout cela en même temps?
Non, ce n’est pas "aux gens" de venir vers nous, de grimper jusqu’à nos hauteurs tellement célestes que nous ne voyons plus nos pieds. Ce n’est pas nous qui sommes "trop en avance sur la conscience populaire". C’est à nous de prendre en considération les mouvements des travailleurs, des citoyens.A nous de les écouter. Pas pour les contrôler ou les étouffer, ou les suivre bêtement, par démagogie. Non. Pour les écouter, les analyser en marxistes, les traduire, et donc, les soutenir, les porter.
Quant à la proposition "d’ouvrir le PCF", elle est tout simplement ridicule. Je croyais qu’un parti communiste avait pour vocation d’accueillir des communistes, et pas "tout le monde". Car "tout le monde" n’est pas communiste. Beaucoup pourraient le devenir si nous faisions correctement notre travail. Mais nous ne sommes même pas foutus de rassembler les communistes en notre sein ! Nos camarades sont sans doute aujourd’hui plus nombreux dehors que dedans, ce n’est pas un échec, ça? Notre moyenne d’âge, ce n’ets pas un échec? Notre absence flagrante de diversité culturelle, ethnique, ce n’est pas un échec? L’instrumentalisation des luttes dites, à tort, "sociétales", à des seules fins électoralistes, ce n’est pas un échec ça? Et le tout, plus cuisant encore que le 1.93% à la présidentielle?
Alors nous les communistes, nous n’avons pas le choix? Nous devons soit subir un parti social-démocrate stalinien, soit supporter des communistes nationalistes et électoralistes, qui préfèrent la souveraineté nationale à la souveraineté populaire et rêvent du retour d’un "Etat fort"? Mais Marx, Lénine et Luxemburg doivent se retrouner dans leurs tombeaux !
Misère et décadence du communisme en France - voilà comment devrait s’intituler cette base commune.
Tant que cela continuera comme ça, tant que nous serons dans l’idéologie dominante, dans la gestion des dégâts du capitalisme, tant que nous serons dans un appareil et pas dans une organisation de masse qui oeuvre à la démocratie prolétarienne, nous ne pourrons plus prétendre être communistes. Ce parti est un parti réformiste, anti-révolutionnaire et conservateur.
Il est temps de refonder le communisme en France et de laisser la place aux prolétaires, aux marxistes, aux libertaires et aux révolutionnaires.
Un seul conseil aux camarades dirigeants et autres apparatchiks permanents ; retournez au turbin ,ça nous fera des vacances et ça vous remettra les idées en place.
Avec vous, la bourgeoisie peut dormir sur ses deux oreilles. Vous êtes les Kautski du 21ème siècle.
De : Vladimir Illitch
lundi 8 septembre 2008 "

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