Horloge du PC: 06h01. Depuis plusieurs jours, je débloque. Il suffit de voir l'heure à laquelle je me couche, l'heure à laquelle je poste des papiers et la nature de mes posts pour s'en apercevoir. Je ne sais pas ce qui m'arrive... Enfin si plutôt, je sais ! Il y a quelque chose qui m'oppresse, qui me perturbe fortement depuis trois-quatre jours. Je vais vous parler d'une de mes camarades de classe au Collège. Je l'ai retrouvée grâce à Copains d'avant, vous savez, le site où l'on peut retrouver tous ses potes des années lycée ou des années... collège. Dans la liste, son nom me dit bien quelque chose alors je consulte les photos qu'elle a déposées sur sa fiche. On y retrouve moi et elle dans la même classe. Je ne me rappelais même plus qu'on avait été dans la même classe. Je me rappelle bien de quelques soirées chez elle, vaguement, mais c'est tout. J'ai bien eu quelques affinités avec elle mais sans plus, d'autres de mes amis en avaient plus. On n'a pas toujours été correct avec elle non plus à l'époque. La voir sur ma photo de classe m'a étonné et après, je me suis rappelé, j'ai vraiment mis son nom sur son visage. Je suis retourné sur sa fiche après avoir avoir rigolé en revoyant ces photos-là. Ca faisait une paie... Les trois premières lignes de son annonce sont classiques, puis d'un coup, un trait coupe l'annonce et s'ensuit un paragraphe d'une sobriété à toute épreuve, entre nostalgie et tristesse totale. "Stéphanie est décédée lundi 19 novembre 2007 à 21h10 à l'age de 33 ans. Toute sa famille et ses proches sont sous le choc. David, qui devait devenir son fiancé est très attristé par cette terrible nouvelle."
Je ne comprends pas.
32 ans et je ne me rappelais même plus de son nom, ni de son prénom. Je ne me rappelais même plus qu'on avait été dans la même classe. Elle est morte à 32 ans. Je ne sais même pas quoi ajouter ! Depuis trois jours, je suis sous le choc et je la connaissais à peine. Je ne l'ai pas encore annoncé à mes amis d'enfance. Ce sont devenus des hommes mais je connais déjà leur réaction... Ca me remue l'estomac et me fait travailler le cerveau. Je crois que c'est la première fois où je suis persuadé de ne pas pouvoir écrire ce que je ressens. Je me sens vide, pris au dépourvu comme la mort peut prendre au dépourvu parfois, souvent, tout le temps. J'ai trop perdu de temps, la vie est trop courte, la vie est imprévisible. J'ai peur, j'ai peur de l'inconnu, j'ai peur de la mort. Je ne veux pas regretter. Je ne veux pas regarder derrière moi pendant 10 ans. Je ne veux pas. Je ne veux pas m'empêcher de dire "je t'aime" à mes amis. Pensez ce que vous voulez sur les hommes, qui ne doivent rien montrer, où sur les femmes, qui sont peut-être plus sensibles, je m'en fous. Je m'en fous total. Je ne veux pas. La vie est trop fragile. Je vous le jure. Même à 32 ans, même à chaque seconde. Que valent les querelles ? Imaginez votre pire ennemi, où mieux, un ami qui vous a trahi et avec qui vous vous êtes brouillé, face à la mort. Imaginez-le face à la mort. Est-ce que ça valait vraiment le coup ?
Je m'isole, je m'enferme, je bloggue, je ne vois plus personne, raconte ma vie à de purs inconnus, je suis dans une blogosphère où j'écris, je suis devenu un "no life" branché sur le net à longueurs de journée. Il faut que je sorte, il faut que j'm'en sorte. Je disjoncte, je pète les plombs et j'ai peur. Je ne sors plus, même pas pour aller prendre un verre. Je perds mon temps et je vais de plus en plus mal. Je m'isole, je m'enferme et je m'enfonce. Pour l'une des premières fois de ma vie, j'ai l'impression, que cette fois-ci, je ne rebondirais pas. J'ai toujours eu l'espoir mais là, faut le trouver.
Je dis ça et je fais le contraire. Ca ne peut pas marcher. J'ai très envie de dire "je t'aime" aux gens et en même temps de me retrouver seul, absolument seul, surtout en ce moment. Pourquoi ? Pourquoi ? Pourquoi ? Non pas pourquoi ça ne peut pas marcher mais pourquoi je fonctionne comme ça ? Greg, sors-toi de là et essaie de profiter.
Elle est morte à 32 ans. 32 ans. Je n'en reviens pas. Je vais prendre l'air. Besoin de respirer.
Axelle, Xav, Juju, Fred, Nico et même toi Julian, avec qui je me suis brouillé, je vous aime.