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15 septembre 2008
La finesse de Benoît XVI
Chantal Delsol a été conquise par Benoît XVI lors de son discours aux Bernardins :
" Chaque fois qu'un pape visite la France, se déroule un scénario à peu près analogue : une bonne partie des médias vocifère, pendant qu'une foule de fidèles se mobilise. Aujourd'hui plus encore qu'au cours des derniers voyages de Jean-Paul II, c'est la différence des styles et des tons qui me frappe : hargne et sérénité. [...]
[U]n petit homme en blanc s'avance dans une travée, environné de clameurs, sans ostentation ni gloire. Il est paisible. On sent dans sa démarche la persévérance et le sentiment que le chemin est long, mais que les forces ne manqueront pas. Il salue modestement. C'est un pèlerin, en somme. Un passant. Il parcourt le vieux monde, dont il constate sans aigreur ni acrimonie l'essoufflement, le vide, la dérision meurtrière. [...] Ce petit homme doté d'un grand cerveau (personne ne le nie), s'installe au micro devant un parterre composé du gratin parisien. Bien entendu, il sait exactement ce qu'on lui reproche. Mais il n'est ni un soldat [...] ni un politicien. Point de polémique. Ni d'agressivité. Finaud. Il sait qui se trouve dans la salle : beaucoup de ces plumes qui ont en leur temps défendu le marxisme jusqu'à extinction des feux, et continuent, avec une mauvaise foi sartrienne, à identifier l'Église à son Inquisition ; beaucoup de ces gens qui combattent l'idée même de vérité et confondent la tolérance avec le relativisme, tiennent Dieu pour l'ennemi du genre humain et tentent de faire croire à leurs lecteurs naïfs que l'Europe n'a pas d'identité, sauf à devenir sectaire et fanatique. Il les salue d'un regard neutre, comme s'il allait donner une conférence sur la syntaxe de Balzac. Et leur sert un discours pédagogique de haute volée [...] sur la quête de Dieu. [...]
Voici le message tranquille laissé par cette silhouette et cette voix modestes : nous existons. Nous existons plus loin que dans les arrière-cuisines et les consciences muettes. Nous influençons les gouvernants, nous offrons des modèles éducatifs, nous proposons un art de vivre et de penser. On ne pourra pas nous reléguer. Nous représentons l'institution la plus ancienne et la plus durable qui ait jamais existé dans l'histoire. Nous avons fait ce continent. Si les "vigilants" se réclament aujourd'hui des droits de l'homme, dont ils ne peuvent plus se passer, c'est bien parce que ces moines du XIIIe siècle ont suivi la trace d'un Dieu qui confirme la dignité humaine. L'Église a fondé non seulement ce que nous sommes, mais aussi ce qui nous reste lorsque nous ne voulons plus être rien."
MJ
Posté le 15 septembre 2008 à 13h55 par Michel Janva | Catégorie(s): Liberté d'expression
Commentaires
Texte également très fin de Chantal Delsol.
Rédigé par : Jean | 15 sep 2008 18:42:34