La semaine dernière le septuple vainqueur du Tour de France a annoncé sa volonté de revenir à la compétition et de remporter la grande boucle 2009. On hésite encore à se prononcer tellement que le sportif est en dehors de toutes les normes...
Le 24 juillet 2005 Jean-Marie Leblanc, Christian Prud'homme et Amaury dans son ensemble soufflaient. Le Tour de 2005 s'achevait et dans cette fin lugubre s'en allaient Lance Armstrong et Richard Virenque. L'américain écrasait la course depuis 1999 et établissait un nouveau record de victoires (7) dans le doute et la suspicion tandis que le Français remportait lui un septième maillot de meilleur grimpeur, la-aussi un nouveau record. Les deux cyclistes, en plus des records, avaient le point commun d'avoir une réputation sulfureuse de dopé. Virenque fut convaincu par la justice, avait payé sa faute et gagné l'estime d'une opinion publique en mal de héros tricolore sur le Tour. Armstrong a lui toujours suscité (au moins) l'interrogation quant à ses performances depuis 1999. En 2004 le bouquin L.A confidetiel – Les secrets de Lance Armstrong (écrit par les journalistes David Walsh et Pierre Ballester) relatait le témoigne d'une ancienne masseuse de l'Américain et les doutes de ses anciens coéquipiers dont Greg Lemond. Le livre aura pour effet d'annuler une prime que devait verser l'assureur texan SCA Promotions pour la sixième victoire d'Armstrong sur le Tour de France : 5 millions de dollars !
Dans le Monde du 18 juillet 2005, le soigneur d'Armstrong de 2002 à 2004 (Mike Anderson) déclare « n'avoir aucun doute sur le fait qu'Armstrong a utilisé des produit interdits pour gagner le Tour de France... » L'Équipe pense le tenir avec des analyses d'échantillons B du Tour 1999 positifs à l'EPO (6 sur 10) le 23 août 2005. L'Américain se défend efficacement : Nie tout en bloc, réfute la validité des tests par l'absence de contre-expertise quand il ne reconnaît pas la validité des tests et se vend dans son pays comme un persécuté de l'anti-américanisme primaire dans un contexte de guerre en Irak... Une commission du CIO demande la suspension du laboratoire de Châtenay-Malabry pour non respect du secret médical... Il était vraiment temps qu'il arrête. Il faisait plus de mal au cyclisme qu'autre chose.
Des conférences à 1 000 dollars le ticket !
Si l'on s'en tient à son image brouillée des dernières années, l'opinion sur le cycliste est forcément catastrophique. Mais voilà, s'attaquer à Armstrong c'est faire avec cette victoire (la plus belle) du texan sur son cancer des testicules dépisté en 1996. Ses chances de survie étaient estimées à 50%. Avant ça, Armstrong était un solide espoir du cyclisme mondial. La chimio ne lui a pas conféré seule ses pouvoir surhumains. Il y a un peu de talent malgré tout ! Il se révèle au monde sur le tour 1993 en remportant l'étape de Verdun. Deux mois plus tard il devient champion du monde du cyclisme du route à seulement 21 ans à Oslo dans des conditions météo dantesques. Armstrong parfait ses armes, remporte une deuxième étape sur le Tour 1995, remporte deux classiques (San Sebastian en 1995 et Flèche Wallonne en 1996). Termine deuxième de Paris-Nice 1996. Au regard de sa carrière, ce cancer semble un léger contre-temps sur son ascension. Mais l'américain est marqué à vie par cet épisode (bah ouais quand même) et lance sa propre fondation pour la recherche contre le cancer : la Lance Armstrong Foundation. Après ses sept titres sur la grande boucle le texan va d'état en état pour vendre son expérience dans des conférences à 1 000 dollars le ticket, se dresse comme un héros américain (ce qu'on lui accorde sans peine) devient pote avec W.Bush et incarne le ressentiment anti-français aux USA.
Retour à la compétition en 2009
Le site de Velonews se fait l'écho le 8 septembre dernier d'une folle rumeur : Lance Armstrong ferait son grand retour à la compétition la saison prochaine. Cinq piges dans la très controversée équipe Astana (celle d'Alexander Vinokourov): Le Tour de Californie, Paris-Nice, le Tour de Géorgie, le Dauphiné libéré et le tour de France. L'équipe Kazakh dément dans la foulée, mais l'intéressé confirme l'information le lendemain sur le site de sa fondation de lutte contre le cancer. L'objectif est de remporter un huitième Tour de France et faire la promotion de sa fondation. À son sens, la prévention du cancer est oubliée aux États-Unis bien que faisant 500 000 par an.
Depuis une semaine l'Américain a clarifié sa position sur son retour à la compétition après avoir remporté les 12 heures de Snowcross, une course VTT par équipes. Notamment que l'idée prioritaire était promouvoir sa fondation en courant « aux quatre points du monde, que ce soit en Australie, en Afrique du Sud, en Amérique du Sud, en Europe aux États-Unis ». La présence de Johan Bruyneel (son manager et ami chez US Postal) à la tête d'Astana l'y envoyait tout naturellement. L'Américain est moins catégorique estimant qu'entre Levy Leipheimer et Alberto Contador (« le meilleur cycliste du moment ») ça va être compliqué.
L'idée peut être également que l'Américain monte sa propre équipe. Cela aurait le mérite de permettre à l'Américain de recruter comme il veut et surtout qui il veut. Le Texan a quand même un peu réfléchis à son idée de huitième victoire et sa question de faisabilité : « Ce serait une erreur d'affirmer ça ».
en tout cas, Christian Prud'humme (directeur de l'épreuve) a vu rouge lorsque les dépêches associait Armstrong et Astana (blacklisté du Tour) sur le grande boucle en 2009 insistant poliment sur l'obligation pour chaque coureur de se soumettre aux règlements : « Dès lors que son équipe que l'on ne connaît pas et lui-même se soumettront aux règles, concernant notamment le dopage et l'antidopage dont la perception a beaucoup évolué ces dernières années; dès qu'il sera aux sommets, on l'acceptera...Je classe ce retour sous l'angle du défi ». Sur cette dernière phrase, comprenez ce que vous voulez !
TDF 2008 : des vainqueurs, des souvenirs, des dopés.