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Il faut que les artistes acceptent de gagner moins

Publié le 16 septembre 2008 par Cédric Tamboise

La révolution culturelle du web s'accélère. Encore hier, Dailymotion signait un accord qualifié d'historique avec les grands représentants des ayants droits de l'univers du cinéma, et quelques jours plus tôt, c'était Deezer plateforme quasi incontournable de MOD (Musique On Demand) gratuite et d'origine française (cocorico) qui signait avec Warner pour mettre officiellement son répertoire en ligne (après Universal Music, la SPPF, Sony BMG).
Ces nouvelles applications permettent d'écouter quasiment toutes les chansons de son choix, pour peu que l'on dispose d'une connection à Internet, ce qui devient vraiment universel (il y a juste le mobile qui pêche encore un peu, du fait de l'absence massive du lecteur Flash, mais gageons que ca ne durera pas).
Ces accords signés permettent aux Majors, et donc indirectement aux artistes de ne pas passer à côté du gâteau de web largement dominé par le peer to peer. Théoriquement au moins, car les plateformes populaires ont gagné leur popularité grâce à leur offre gratuite et globale, financée exclusivement par la pub.

Ce système est bien joli que le papier, mais bien moins reluisant une fois mis en place.
En effet, Deezer pour ne parler que de lui, car représentatif de la problématique globale, propose des publicités au format Adsense, en haut et en bas des listes de musiques. Mais le concept même de ces formats de publicité textuelle est qu'ils doivent être vus pour qu'ils rapportent.

Or, la musique n'est pas vue, mais écoutée (désolé d'enfoncer des portes ouvertes, mais c'est important). Et c'est tellement vrai que tous les outils proposés par le site dispensent les utilisateurs de naviguer. Les radios, les playlists, ou sur certains concurrents l'écoute dite intelligente liée à un thème ou à une humeur, font que les publicités ne sont pas vues. La fenêtre du navigateur ouverte sur le lecteur reste en arrière plan, pendant que l'on travaille ailleurs, la musique dans les oreilles.

Je ne dis pas que le business model de Deezer n'est pas rentable, mais il est évident qu'il ne rapporte pas autant que les intéressés euent pu l'espérer: en juin 2008, la SACEM commençait à désespérer qu'il ne lui ai rapporté que 70'000 € en six mois.

Comparé à des ventes d'album, nous sommes bien en dessous des bénéfices espérés.

J'en viens donc au coeur de mon propos. Eu égard à ce qui précède, résumons et extrapolons:

  • la culture de musique gratuite, après être véhiculée via le peer-to-peer est remplacée par une musique presque gratuite grâce aux plateformes d'écoute en ligne;
  • ces plateformes, pas plus que le peer-to-peer ne rapportent à leurs ayants droits;
  • les majors deviennent quasi inutiles dans ces nouveaux vecteurs de diffusion (Deezer rêve de mettre en avant de nouveaux artistes, et commence à y arriver);

Il reste bien sûr l'alternative des plateformes de téléchargement dites légales, et payantes bien sûr. C'est d'ailleurs le prochain single de Patrick Bruel qui sera distribué exclusivement via ce biais (le single ne se vendant que très mal est devenu bien trop cher). Mais pourquoi choisir ce mode de téléchargement, payant et bien souvent contraignant, alors que l'on peut écouter la musique gratuitement et légalement, et si nécessaire la télécharger (moins légalement je vous l'accorde).
Bref, le modèle de rémunération des artistes me semble à repenser complètement, au risque d'en retrouver plus d'un sur la paille. Pour moi, et l'avenir dira si je me suis trompé, je pense que les artistes ne gagneront quasiment plus rien sur la vente de leur musique (cette dernière ne se vendra tout simplement plus).

Ceci n'est pas catastrophique en soit. Les coûts liés à l'enregistrement et à la distribution de nouvelles oeuvres fondent comme neige au soleil: la plupart des équipements étant désormais abordables pour le particulier, et les méthodes de diffusion en ligne quasiment gratuites.

Là où les Majors peuvent, mais pour un temps seulement, apporter leur pierre, est sur l'aspect marketing, qu'ils maîtrisent encore, notamment grâce aux grandes radios qui imposent facilement un nouvel artiste ou un nouvel album.

Mais il faudra dans un avenir pas très lointain que les artistes acceptent de gagner moins, et principalement grâce à leurs concerts et tournées, où ils produisent un show, en travaillant quotidiennement. Finalement, l'ère d'un album  qui se vend seul ou presque, pendant des mois ou des années est peut-être révolue... et ce n'est pas plus mal !

Source de l'image: CaptPiper @ Flickr

 


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