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Fichage des Roms en Italie…

Publié le 16 septembre 2008 par Emmanuel

A l’heure où quelques uns dans la blogosphère voudrait lancer une tendance à l’ambiance totalitaire et réduire le droit des individus au néant au profit de la vindicte populaire sous couvert de jeux amusants, il est bon de rappeler qu’en Europe même, pendant que notre ministère de l’identité nationale fait fumer ses tableurs de quotas d’expulsions, les atteintes à la liberté individuelle fleurissent de toute part dans un tas de fumier : fichier Edvige, systématisation du passeport biométrique, etc, une forme de summum, une boucle bouclée est atteinte en Italie, où l’une des communautés les plus touchées avec la communauté juive durant la Seconde guerre mondiale est désormais à nouveau dans le collimateur d’un état dérivant vers le totalitarisme policier. Juger vous même à la lecture de l’article qui suit. Problèmes sociaux, vindicte collective, aboutissent à une réponse de stigmatisation d’un groupe social, désigné comme fautif et fauteur du trouble. On appelle cela un bouc émissaire. Gageons que les peuples européens sauront en finir avec les psychopathes du fichage, de la censure et de la violence collective aux individus et aux minorités. Ne serait-ce qu’en mémoire de ces deux fillettes Roms, mortes dans l’indifférence estivale sur une plage méditerranéenne.

BRUXELLES (AFP) - Les Roms sont meurtris et furieux de l’aval donné par l’Union européenne (UE) au “fichage” des membres de leur communauté en Italie, mis sur la sellette lors d’une grande conférence organisée mardi à Bruxelles par la Commission européenne.

Le financier George Soros s’est fait leur hérault. “Je suis sérieusement préoccupé par le fichage des Roms en Italie. Je crains que cela ne devienne une norme de facto dans l’Union européenne”, a-t-il dénoncé. Il a été fait “citoyen Rom” par un représentant de la communauté.

“Le fichage ethnique devrait être illégal et j’espère que la Cour européenne de Justice établira ce fait”, a-t-il lancé.

May Bittel, membre fondateur du forum des Roms et des gens du voyage au Conseil de l’Europe, a enfoncé le clou. “Si on avalise la manière de faire en Italie, c’est toute l’Europe qui va suivre”, a-t-il soutenu.

La représentante du gouvernement italien, Eugenia Maria Roccella, sous-secrétaire d’Etat pour l’Emploi et les politiques sociales, a subi de plein fouet ce ressentiment. Les Roms ont quitté la salle lors de son intervention, puis sont revenus pour la conspuer et la siffler.

La Commission européenne s’est également retrouvée sur la défensive, pour avoir donné son accord à ce recensement controversé quelques jours avant la réunion de Bruxelles.

Le Français Jacques Barrot, commissaire chargé de la Justice et des Libertés, a mis en garde le gouvernement italien contre toute pratique incompatible avec le droit communautaire.

“Nous avons fait savoir que nous n’accepterions aucun recensement sur une base ethnique ou religieuse”, a-t-il affirmé pour se défendre contre les critiques.

“Le gouvernement italien nous a assuré qu’il entend suivre ces instructions claires. Mais tout le problème est dans l’application”, a-t-il reconnu.

“Vous dénoncez la discrimination ethnique. La Commission est tout à fait sur cette ligne”, a pour sa part assuré le président de la Commission, José Manuel Barroso.

Mais “la situation dramatique des Roms ne peut être réglée depuis Bruxelles”, a-t-il averti. “Les instruments pour créer ce changement sont dans les mains des Etats membres. Les politiques pour l’intégration des Roms sont de la compétence des Etats membres”, a-t-il insisté.

La présidence française de l’UE, représentée par la ministre du Logement et de la Ville Christine Boutin, s’est engagée à soumettre des propositions d’actions concrètes en faveur des Roms lors d’un sommet européen en décembre.

Une déclaration publiée à l’occasion de la conférence de Bruxelles va servir de base pour les travaux du sommet de décembre. Elle insiste sur l’engagement contre toutes les formes de discrimination et sur la défense des droits de toutes les minorités.

“Nous devons faire la preuve que les valeurs que nous défendons à l’extérieur sont vivantes chez nous et que nous sommes exemplaires en la matière”, a affirmé le chef de la diplomatie française Bernard Kouchner dans une déclaration lue en son nom.

“J’espère que le sommet européen de décembre verra se concrétiser l’illégalité du fichage ethnique en Europe”, lui a répondu depuis la tribune Soraya Post, présidente du réseau international des femmes roms.

Plus virulent, Rudko Kawczynski, président du Forum européen des Roms et des Gens du Voyage, s’est demandé à quoi servait cette conférence.

“Nous subissons aujourd’hui un gentil blabla sur l’intégration, alors que cela fait 800 ans qu’on essaie de nous expulser d’Europe, et personne aujourd’hui ne nous a dit ce qui va être fait pour nous débarrasser des comportements anti-Roms”, a-t-il lancé, ovationné par l’assistance.

Les Roms, peuple sans Etat, seraient quelque 10 millions en Europe et constituent la plus grande minorité ethnique de l’UE.

Par Christian SPILLMANN AFP - Mardi 16 septembre, 19h38


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