Poème en écho au "Métissage" de G.Friedenkraft

MI-GAULOISE MI-MAURICIENNE

Café ou thé ?
Pain
ou bien riz ?
C'est vrai, j'ai toujours hésité.
J'ai de tout temps flotté, fluctué
et jamais je n'ai su
choisir.
Le café est noir, âcre et fort,
rugueux sur la langue, il m'aide à
réagir au quart de tour et
à aller, foncer droit devant ;
le velouté du thé au lait,
doux au palais
réchauffe corps
par les après-midis obscurs
et apaise au seuil des nuits
qui se préparent à dormir.
Le pain ? Je l'aime, il est rugueux,
son écaille blonde maintient
captive la pâleur des mies
ces molles qu'il fait bon mâcher ;
le riz, quant à lui,
tout gluant
fume, attendant que sa blancheur
inodore soit profanée
par les sauces brunes aux senteurs
riches et aux saveurs qui font
presque exploser palais et langues.
Je n'arrive pas à trancher
ni à me décider pour l'un
sans que l'autre, piqué au vif
ne soit jaloux et courroucé,
prompt à me rapeller à l'ordre.
Mais, pour ce qui est des alcools
qu'Apollinaire avait chantés
le jus de canne fermenté
goût sucré, couleur d'ambre brun
l'emporte sans conteste haut
la main sur le vin
de la Gaule !

Patricia Laranco.
Le 18/09/08.