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Échelle de valeur ou la guerre des zéros

Publié le 20 septembre 2008 par Dulconte

Aujourd’hui le gouvernement américain a annoncé que pour sortir de la crise financière il allait racheter toutes les actions qui pourrissent les comptes des banques et risquent de provoquer l’effondrement du système financier mondial. En soit c’est sûrement louable, l’effondrement de tout le système n’aiderai pas grand monde. N’étant pas un expert en économie, j’éviterai de rentrer dans le fond du sujet, même si je pense que l’économie doit être un outil et non le centre de la société comme c’est le cas aujourd’hui. Pour ce qui est de l’économique pur je vous conseille ce blog que je trouve très intéressant : les cordons de la bourse .

Ce dont j’ai envie de parler et qui m’échappe complètement c’est le nombre annoncé du coût de cette opération, environ 1 000 000 000 000 soit mille milliard, un billion ou un Tera. Mais que diable cela peut-il représenter ? Réfléchissons… Bien prenons le SMIC disons 1500 $ pour faire simple ça nous donne 667 millions de mois de travail 13 milliard de jours de travail soit 35 millions d’années de travail pour un smicard français… oui oui c’est bien ça faite le calcul vous même, enfin je crois quand je vous dis que je suis perdu. Si on prend la salaire minium argentin on arrive à 100 millions d’années de travail.

Prenons le PIB, ça représente 8% de celui des USA et 10% de la dette avant  la crise.

ça représente environ 2% du PIB mondial

Seul 12 pays ont un PIB de plus de 1000 milliards

Ça représente le PIB des 170 pays les plus pauvres de la planète sur 200

Ça représente un peu moins de la moitié du PIB français.

Je n’ose même donné ce nombre en lires turques avant qu’ils n’enlèvent 6 zéros. Allez pour rigoler ça aurait donné 1 700 000 000 000 000 000 lires turques ( y a 15 zéros, soit moins que le nombres de zéros que j’ai eu en dicté au collège, mais quand même).

Quittons maintenant le monde de l’argent, cela représente 1% du nombre de cellules de notre corps.

Il faut à la lumière 386 jours pour parcourir cette distance en kilomètre, une goutte d’eau dans notre univers qui fait environ 13 milliards d’années lumières.

Par contre il faut  1,1 millions d’années pour un véhicule roulant à 100 km/h.

le son lui nécessitera  10 ans pour parcourir cette distance.

Si on s’amusait à entasser 1000 milliards d’atomes on aurait un fils d’un nanomètre d’épaiseur sur 1km de long.

Ça représente aussi environ 100 fois le nombres d’étoiles que contiendrait notre univers, c’est à Moïse que ça doit faire bizzare !

Un grand lecteur lisant une page de 1500 signes à la minutes nécéciterait quasiment 2 millions d’années pour lire un livre ayant ce nombre de pages. Ne me dite pas que ça n’existe pas, surtout en Argentine, si Borges le raconte ce ne peut qu’être vrai, le seul à pouvoir lire son livre de sable en entier est son immortel, tant qu’il ne trouve pas la source qui…

Si on attaque l’informatique on obtient un ordre de grandeur plus compréhensible, c’est la taille des plus gros disques durs que l’on peut acheter, sauf que l’on est en base 2 et non en base 10….

Ça représente 10 fois le nombre de site recensé par Google.

J’ai beau me torturer les méninges, je n’arrive pas à trouver un ordre de grandeur, un exemple qui me fasse comprendre l’énormité de ce nombre. Il est peut-être temps de se retourner vers le contes, vous savez ceux qui évite de compter et préfère conter…

Je pense à celui de ce roi qui grâce à l’aide d’un sage a gagné une guerre. Il décide de le remercier et demande donc au sage ce qu’il désire pour son aide. L’homme répond qu’il ne désire rien, qu’il n’a aucun besoin de richesse, que sa vie et ces quelques biens lui suffisent amplement. Le roi insiste encore et encore et il arrive  un moment ou le sage ne peut plus, sans provoquer la colère du roi, refuser.

Il dit alors au roi :

- Très bien seigneur je vais vous dire ce que je désire, pour cela apportez moi un plateau d’échec.

Le roi le lui fait apporter et le sage reprends :

- Mon seigneur, avant de vous dire ce que je désire, je veux que vous me juriez que s’il vous est impossible de répondre à ma demande vous n’insisterez pour me faire un autre don.

- Je vous le jure sur tout ce qu’il ya de plus sacré dans mon royaume lui a répondu le roi.

- Très bien sire, ma demande est extrèmement simple. Je désire que vous mettiez deux grains de blé sur la première case de l’échiquier, puis 4 sur la seconde puis 8 sur le 3ème, 16 sur la 4ème etc.

En entendant cela le roi s’est exclaffé :

- C’est donc cela ta demande, voilà qui est singulier et ma foi fort simple. Toi mon soldat de garde va chercher un sac de blé et offrons à notre sage sa récompense.

Hélas rapidement le sac de blé s’avère insuffisant et le roi se alors rendu compte qu’il lui serait impossible de répondre à la demande du sage. Le sage est donc reparti chez lui sans le moindre présent. Le roi s’est retrouvé bien penaud d’être ainsi tombé dans ce piège, mais à respecté sa parole.

Le nombre final de grains de blé est effectivement vertigineux. Cela représente sur la dernière case 264  grains de blé, soit 18 446 744 073 709 551 616 (18 milliards de milliards) ce qui est bien plus que la production mondiale de blé. Ce nombre est bien sur très supérieur à celui qui me préoccupait aujourd’hui (il atteint péniblement la case 40), mais je crois que c’est cette histoire qui montre le mieux la totale absurdité de la surenchère actuelle ou les nombres perdent totalement de leur sens, où l’on saute allégrement d’un ordre de valeurs à l’autre sans plus rien ni comprendre, ni contrôler ce qui se passe.

Certe tout ceci n’a rien d’une démonstration scientifique et ça n’a pas l’intention de l’être et certains me reprocheront surrement mon mélange des genres. Comme disait mon instituteur de CM2, on ne mélange pas les pommes et les poires. Mais il faut bien chercher à quoi se racrocher pour tenter de comprendre…

Certains ont-ils aussi cette étrange sensation que tout le système financier est entré en raisonnance ? Même les militaires, qui ne marchent jamais au pas sur un pont, en connaissent les conséquences et nos génies de la finance ?

Pour finir un couplet de la chanson Rosa de Jacques Brel :

C’est le tango du temps des zéros
J’en avais tant des minces des gros
Que j’en faisais des tunnels pour Charlot
Des auréoles pour saint François
C’est le tango des récompenses
Qui vont à ceux qui ont la chance
D’apprendre dès leur enfance
Tout ce qui ne leur servira pas
Mais c’est le tango que l’on regrette
Une fois que le temps s’achète
Et que l’on s’aperçoit tout bête
Qu’il y a des épines aux Rosa

éé

éé


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