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Koons, luxe et sensibilité immatérielle

Publié le 20 septembre 2008 par Thomas Ka

C’est l’artiste le plus cher du monde, le provocateur bien organisé, l’homme capable d’investir Versailles sans se dégonfler… Jeff Koons a acquis une aura sans borne.

Inaccessible à plusieurs points : le prix, le sens, la place, l’offre.

Vous pouvez, en revanche, vous reporter vers cette édition “illimité”, ce baby-koons présenté en porte-clefs (100 euros) ou boule de neige (150 euros). Elle reproduit le fameux Split-Rocker de Versailles qui était composé de plus de cents mille fleurs…

Je me suis donc rendu un samedi matin ensoleillé pour acheter ma boule de neige pour m’offrir ce rare privilège de bénéficier d’une “œuvre” d’un artiste majeur. L’artiste des millionnaires, l’artiste luxe que peu de personnes peuvent s’offrir. (Galerie Pierre-Alain Challier, 8, rue Debelleyme, 75003 Paris. Tél. : 01 49 96 63 00. www.pacea.fr)

Posséder un œuvre d’art, est-ce donc cela le luxe ?

Le marché de l’art est un lieu de spéculation très dynamique qui bénéficie toujours de la bonne santé de l’économie. Les liquidité dégagées par les investissements spéculatifs permettent d’investir dans des toiles, installations, sculptures, vidéos dont les tickets d’entrée avoisinent des sommes astronomiques. En dehors des spéculations habituelles, ce sont les crises financières, mais aussi les divorces et les héritages libères ces œuvres.

Une œuvre, pourtant, échappe à ce système dont Jeff Koons est l’étendard, le chantre, la preuve vivante, brillante et obscure : la zone de sensibilité picturale immatérielle d’Yves Klein.

Celle-ci a un prix, qui se paie en or. Lingots, feuilles ou poussière… qu’importe, l’or est essentiel car il sera une monnaie sacrificielle ; l’or accaparé par le circuit économique sera au moment de la cession de la zone de sensibilité picturale immatérielle restitué à la nature.

Cette vision de l’artiste n’est transférée qu’à son propriétaire que par la restitution de l’or à la nature. Le dépositaire de cette sensibilité bénéficie d’un reçu. S’il souhaite s’en défaire, l’acheteur suivant doit la payer le double de son prix en or, uniquement.

Ce calcul exponentiel du prix est destiné à accaparer tout l’or du monde autour d’un objet. Un joli piège, une machine infernale et fantasque…

Alors, posséder une réalité ou s’offrir une sensibilité ? Qui prendra donc le luxe de ne rien posséder ?

A lire pour crâner dans les soirées :

- Le marché de l’art (version marxiste), Karel Teige

- Le marché de l’art (version capitaliste), Raymonde Moulin

- Comment je suis devenu marchand de tableaux, Sami Tarica

- Yves Klein, Pierre Descargues


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