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Légende du beau Taru’ia et de la princesse Tuihana

Publié le 21 septembre 2008 par Argoul

Pendant la période du matarii i nia, le ari’i (roi) Teri’i tau Mata Tini souhaite organiser une grande fête pour célébrer l’abondance de uru (l’arbre à pain). Il décide que le plus bel homme qui existe sera l’invité d’honneur de ces festivités. Il envoie alors ses messagers dans toutes les vallées à  la recherche de cet homme d’une beauté unique. Ces derniers vont de la mer à la montagne, entrent dans chaque vallée, y découvrent des hommes de belle apparence mais jamais ne trouvent un homme exceptionnel, « le plus bel homme qui existe ». Ils rentrent bredouilles et en informent le roi.

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Celui-ci ne se résigne pas et, dans la nuit, fait un songe dans lequel il découvre que le plus bel homme qui existe vit dans la vallée de la Fautau’a, caché dans une grotte.

Dès le lendemain matin, il rappelle ses messagers pour leur annoncer précisément où se trouve le jeune homme. Il leur ordonne de le ramener avant le début des festivités. Les commissionnaires, étonnés, suivent les indications du roi et tombent exactement sur la grotte où vit le plus bel homme qu’ils n’aient jamais vu. Ce jeune homme s’appelle Taru’ia. Ses parents le cachaient dans cette grotte depuis de nombreuses années car les ancêtres de sa famille leur étaient apparus en songe et les avaient mis en garde : « Un jour des hommes viendront chercher Taru’ia. Il pourrait alors lui arriver malheur ! » Les parents de Taru’ia avaient préféré cacher le garçon pour le préserver de la malignité des hommes.

Mais ce jour-là, les choses étaient différentes. Les ancêtres ne devaient pas être opposés au départ de Taru’ia puisque le roi a vu en songe le lieu exact de son habitation. De plus, les messagers n’ont eu aucun mal à le trouver, sur ces indications du songe. Les parents décident alors d’accepter que leur fils - le plus bel homme qui existe dans le monde polynésien connu - quitte la vallée de la  Fautau’a pour rejoindre le ari’i – le roi. Taru’ia, le beau garçon découvert, dit alors, pudique, aux messagers : « Je ne veux pas de cérémonie pour moi. Redescendez prévenir le roi que j’arrive. Je viendrai seul demain. »

Ces derniers acceptent et quittent la vallée. Le lendemain, Taru’ia se met en route seul. Sur son chemin, il rencontre une très jolie jeune fille, Tuihana. Elle se trouve être la sœur du roi et va, elle aussi, participer aux festivités. Les deux jeunes, sans savoir leur origine ni leur histoire, tombent immédiatement amoureux. Tauru’ia, qui ne peut voyager avec la princesse, lui propose de l’attendre sur la route aux abords du lieu de fête. Il poursuit donc son chemin et se poste en bordure, attendant le passage de la princesse Tuihana.

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A quelques pas de lui, sur ce chemin, quelqu’un a tué un cochon pour la cérémonie. Il y a beaucoup de sang et les viscères ont été abandonnées là. Des gens du coin, voyant ce jeune homme qu’ils ne connaissent pas à côté de tout ce sang et de ces viscères s’inquiètent, d’autant que la princesse Tuihana qui est attendue, n’arrive pas. « Il a sans doute tué la princesse, c’est pour cela qu’il y a tout ce sang », se murmurent les hommes. Ils courent prévenir le roi - on ne sait jamais comment naissent les rumeurs, puis enflent tellement qu’elles deviennent la vérité dans les esprits. Le souverain, persuadé de la mort de sa sœur, décide d’arrêter le coupable et exige sa mise à mort.

Taru’ia est capturé sans ménagement, ligoté, sa beauté humiliée. Il apprend qu’il va mourir. Il ne pourra même pas s’expliquer auprès du roi. Tel est le bon plaisir, et les dieux rient des prétentions humaines à « la justice » devant de tels événements. En cette période de matari’ ini’a, il est cependant tabou de tuer un homme sur un marae (aire de culte des anciesn temps). Alors Taru’ia leur dit : « si je dois mourir, je préfère être jeté dans l’océan ». Les gardes du roi acceptent et le jettent à l’eau alors qu’un requin vient de s’approcher de leur pirogue. Ils repartent, sûrs du devoir accompli. Ils ignorent alors que le requin était là pour protéger Taru’ia - et le sauver ! Il ne faut jamais se fier aux apparences et croire aux conventions.

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Pendant ce temps la princesse Tuihana, bien vivante, arrive auprès du roi pour les festivités. Elle est étonnée de ne pas avoir rencontré Taru’ia au bord de la fête, comme promis. Elle interroge le roi pour savoir s’il l’a vu. Le plus bel homme de la contrée a dû se remarquer ! Le roi se rend compte alors que les habitants lui ont menti, que sa sœur est devant lui, en chair et en os, et qu’il a accusé un jeune homme inconnu sans jamais chercher à savoir la vérité. Il s’est contenté de croire les on-dit. Non seulement sa sœur n’est pas morte, mais il a fait tuer son invité, ce qui est un crime devant les dieux e – qui plus est – « le plus bel homme qui existe » révélé en songe ! Il est effondré de ces bévues qui le rendent indignes d’être roi.

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La princesse Tuihana, désespérée de son amour tué, s’offre alors pour réparer devant les dieux cette erreur d’accusation et de mise à mort par le roi (ari’i). Elle propose de rejoindre Taru’ia dans les profondeurs. Le roi accepte et sa sœur est amenée sur le lieu des flots où a été jeté le jeune homme afin de le rejoindre. Tuihana ignore que le requin protecteur de la famille de Taru’ia est encore là. La fille est précipitée dans les flots, comme son amant avant elle.

Mais le requin ramène les deux corps vivants sur terre. Etonnement du roi, des princes et de la cour ! Tuihana demande alors à son frère le roi d’accepter le verdict des dieux : son union avec Taru’ia. Il ne peut faire autrement après que leur volonté ce fut si clairement manifestée et que la justice des hommes ait si malencontreusement faillie. Le roi accepte donc officiellement - et il est organisé de grandes festivités pour leur mariage. La légende ne dit pas s’ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants mais, en ces temps et en ces lieux mythiques, il est fort probable que ce fut le cas…

Sabine


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