Magazine

Cunégonde en Antarctique : 16

Publié le 22 septembre 2008 par Porky

Suite de la scène14

ROSIE

Mais où sont-ils passés ? Je ne vois plus personne.

Seraient-ils donc partis ?

VOIX DE DAKTARI

   Tu viens, oui, la bobonne ?

J’en ai presque fini avec cette muraille.

ROSIE

Un tel désert ici ne me dit rien qui vaille.

(Cri étranglé de Daktari)

Qu’y a-t-il, ô seigneur ? Pourquoi as-tu crié ?

Réponds-moi, je te prie. Te serais-tu blessé ?

(Silence)

Réponds, je t’en supplie. Interromps ce silence !

(Toujours aucune réponse)

Je n’ose m’avancer. Je crains que cette engeance

N’ait la stupide idée de me prendre pour cible.

Daktari ! Parle-moi ! Vraiment, il est pénible !

Admettons-le pourtant : ce n’est plus de son âge

De brandir une masse et de faire un carnage.

Il doit être étendu asphyxié sur la glace

A moins qu’une vertèbre explosée il replace.

Allons le retrouver.

(Elle disparaît. Un cri. Elle reparaît)

   Disparu lui aussi !

Il n’y a plus de trou ! Ah bien, c’est réussi !

Me voilà isolée dans ce lieu déplaisant.

Vous tous, où êtes-vous ? Oh mon Dieu, quel tourment !

Mais que vois-je à mes pieds ? Un bout de chiffon rose ?

(Elle se baisse, ramasse le chiffon.)

Il n’y en a pas qu’un : mais qui donc ici ose

Salir cette blancheur en semant tout du long

Cette étoffe miteuse et qui ne sent pas bon ?

On dirait… Oui, bien sûr ! L’initiale tissée

Sur le coin du mouchoir par les déshérités…

La Madone est partie. Elle l’a emmenée

Et dans un piège affreux nous sommes tous tombés !

(La porte s’ouvre, deux ours avec un béret jaune surgissent et se jettent sur elle.)

LE PREMIER OURS (bâillonnant Rosie qui se débat et la maintenant solidement)

Bien parlé la rombière, amène tes kilos !

(A son compagnon)

Pique-lui donc son arme à savoir ses sabots !

LE SECOND OURS

La voilà déchaussée. Elle est inoffensive.

LE PREMIER

Restons pourtant prudents et sur la défensive.

LE SECOND

Retournons dans l’igloo et prévenons la reine

Du succès de son plan. Cela valait la peine

D’attendre un petit peu avant le mitraillage.

LE PREMIER

Quelle prise de guerre ! A présent, quatre otages !

(Ils rentrent dans l’igloo avec Rosie. Un grand moment de vide. Puis, quelques silhouettes réapparaissent au loin et s’approchent prudemment. On reconnaît l’armure de Cunégonde et le palanquin de la Grande Ourse.)

LA GRANDE OURSE (Légèrement caustique)

Bravo pour votre plan. Dans le genre manqué

On ne peut faire mieux.

CUNEGONDE

   Là, je suis sidérée.

Comment donc votre sœur a-t-elle pu savoir

Ce que nous complotions au sein de ce boudoir ?

LA GRANDE OURSE

Ses espions, je le sais, touchent même le trône.

FIFI

Quelqu’un était caché derrière un grand pylône.

LANLAN

Et a tout entendu. Et a tout répété.

CUNEGONDE

C’est enrageant, vraiment, d’avoir été piégé.

Mais où sont donc Rosie et le fier Daktari ?

Dans le désert glacé ils se seraient enfuis ?

FIFI

Madame, hélas, je crains qu’ils n’aient de la Madone

Subi le triste sort et qu’il n’y ait maldonne.

Loin d’avoir libéré nos pauvres compagnons,

Nous avons à présent perdu deux autres pions.

LANLAN

La chose est ennuyeuse, il faut en convenir.

Nous donnons à la sœur bientôt de quoi remplir

Un réfrigérateur d’otages en déroute.

CUNEGONDE

Sur mes capacités, tout à coup, j’ai des doutes.

La grâce des élues m’aurait-elle quittée ?

A de grosses erreurs serais-je destinée ?

Et si tout ce génie, qui fit tant de prouesses,

De mon ex venait ? Adieu donc la sagesse !

LA GRANDE OURSE

Vous délirez, ma chère, et ce n’est pas bon signe.

Reprenez-vous un peu et sachez rester digne.

FIFI

Ah, Madame voyons, soyez plus raisonnable.

Je fréquente la cour, ce lieu si délectable,

Et puis vous assurer que votre ancien mari

N’a plus dans sa besace une once de génie.

LANLAN

En a-t-il eu un jour ?

FIFI

     Là n’est pas le propos.

LANLAN

Cela l’est, mon ami, pour preuve le chaos

Qui dans ce bel esprit sème la confusion.

CUNEGONDE

J’ai grand besoin, je crois, d’une bonne infusion.

Retournons au palais, cogitons de nouveau :

Il faut qu’absolument fonctionnent nos cerveaux.

(Tout le monde repart en direction du palais.)

(A suivre)


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Porky 76 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte