Au salon de coiffure de Nabeul

Voici le récit de quelques heures passées chez un coiffeur pour femme à Nabeul, en Tunisie ; Vous verrez avant les photos sélectionnées du jour : Chouuufff !



J’ai accompagné ma maman chez le coiffeur, à Nabeul dans le vieux quartier. Nous trouvons le salon pour femme à l’enseigne en arabe dans une rue étroite et agitée par des Tunisiens en grande conversation comme à l’ordinaire. Les sons gutturaux de l’arabe s’élèvent de toutes parts : Ils se connaissent tous et se le font savoir. Toujours mobile, les Tunisiens parlent, miment et rient avec la même verve que ce soit sous les nuages, la pluie ou le soleil écrasant. Voilà qui est surprenant : la communication continuelle et légère ! Ceux qui ne conversent pas, sont immobiles et seuls les yeux, toujours animés repairent la moindre nouveauté. Nous n’attirons (presque) pas les regards, ma mère est une habituée du salon de coiffure.
Une odeur de shorbat nous accueille lorsque nous entrons dans le petit salon décoré de photos et de fleurs ; Aujourd’hui, la cruche en terre cuite, les cendriers ne sont pas sortis, ramadan oblige. J’examine les photos qui représentent les canons de la beauté en Tunisie : Les yeux sont noirs, encore agrandis par des traits de crayons, les traits du visage sont ronds, le teint est clair et la moue voluptueuse : La femme exprime la sensualité à travers chaque détails de son visage… Chacun de ses attributs féminins est révélé et prononcé. Les cheveux sont très longs, de couleur caramel et surtout lisses : Les accroches cœurs sont de mises sur le front large des demoiselles. Les mains sont peintes.
La maitresse du salon nous accueille après avoir fini de faire sa vaisselle dans le bac qui sert aussi à laver les cheveux. Ma mère m’étonne une fois de plus avec son arabe imbibé de formules qui fait agréablement écho chez ses interlocuteurs.
Avant de s’occuper de ma maman, la coiffeuse à une cliente à satisfaire : Une vielle dame drapée dans un tissu blanc qu’elle retient autour d’elle par les dents. C’est une veuve. Une veuve soignée puisqu’elle vient se faire épiler le visage. Ma maman m’avait déjà parlé de ces séances d’épilation, pour y avoir assisté ; Impressionnante vue pour n’importe quelle française chez qui l’épilation du visage se réduit à la moustache pour les vaillantes …La pratique commune est d’avantage la décoloration que l’épilation pour les européennes. Au contraire, en Tunisie, les femmes se font entièrement dépiler le visage : Front, joues, tempes, moustaches, nez intérieur et extérieur, cou et nuque ! Je suis sciée ! Le sucre chauffe dans une boite de conserve, la coiffeuse utilise un petit bâton, qu’elle touche avec sa langue pour s’assurer de ne pas bruler ses clientes et commence à étaler cette pâte visqueuse… Et aussi vite, arrache les poils qu’elle replonge dans la petite boite de conserve. La dame ne bronche pas, la jeune femme qui plus tard vivra aussi l’épreuve fera une autre tête ! En tous cas, elles affichent toutes les deux un visage rosé et rosi ! Qu’il faut souffrir pour être belle en Tunisie !
Viens le tour de ma maman : Shampouinée énergétiquement dans le bac à vaisselle tandis qu’arrive une amie de notre coiffeuse, pour présenter des vêtements affriolants. J’assiste à une drôle de scène dans la cuisine : Les vêtements sont exhibés, la conversation fuse et toutes semblent s’agiter, mais rien ne sera vendu ! Trop chère, garde-le ! Et la Tunisienne ne négociera pas son prix ; C’est qu’elle ne veut pas vendre…
Ma mère prend place pour le brushing alors qu’entrent de nouvelles clientes et les filles, si bien que le salon est plein de femmes ; joviales et bavardes, l’ambiance est décontractée et au rire ! Les enfants sont le centre d’attention et sont continuellement stimulé, ce qui m’a beaucoup surprise !
Expérience unique pour moi, je comprends que passer au salon de coiffure en Tunisie est loin d’être une partie de plaisir entre la dépilation du visage et … le défrisage des cheveux… Voila une sacré épreuve qui m’a fait frémir, moi spectatrice ; Il faut tirer le plus fort possible sur les cheveux ! A la force des bras et armé d’un peigne retourné, la coiffeuse tire encore et toujours les mèches de cheveux qui se réduisent … Tandis que le sol se jonche de cheveux… Et que le visage de la jeune fille est de plus en plus crispé ! Je ne pourrai voir le résultat car la séance est longue… Je sais que seul les proches de la jeune voilée pourront apprécier, elle qui ne voulait pas être vue sans son voile prés de la fenêtre du petit salon et qui avait exigé la sortie du fils de la coiffeuse avant de se dénuder le visage…
Il faut souffrir pour être belle !
Quant à ma poulette, elle a ses bigoudis sur la tête, soigneusement posé entre deux fous rires de la coiffeuse et après le brushing s’il vous plait. Voila le secret d’un brushing à la Dallas et c’est une coiffeuse tunisienne de Nabeul qui nous l’avons appris !