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150e anniversaire des relations Franco-Japonaises - partie 1

Publié le 23 septembre 2008 par Reyep
Pour ce mois de septembre synonyme de retour de vacances, de rentrée scolaire pour certains et de reprise du travail pour d’autres, nous avons voulu participer à cette ambiance studieuse au travers de quelques chroniques concernant un événement important de cette année. En effet, au cas où vous ne le sauriez pas encore, 2008 est une année importante pour les relations Franco-japonaises. Qui peut me dire pourquoi ?
- Parce que Laurence Boccolini présente l’adaptation du jeu télévisé japonais le Mur Infernal sur TMC ?
Non, vous êtes le maillon faible, au revoir !
- Parce qu’il y a plein de concerts de groupes de Visu cette année, qu’ils sont trop beaux et que ce sont les plus géniaux concerts de toute ma vie, et que je veux aller vivre au Japon même si je n’ai que douze ans!
Non mademoiselle mais vous gagnez une entrée gratuite pour le prochain concert de Tokyo Hôtel.
- Parce que Nicolas Sarkozy a été méchant avec les Japonais et qu’il a dit : "Ce n'est vraiment pas un sport d'intellectuel, le sumo!"
Non Jacques, et ce n’est pas bien de balancer sur ses petits camarades.
Comme personne ne trouve je vais vous le dire, 2008 marque le 150ème anniversaire des relations franco-japonaises ! Et ouais rien que ca ! Mais hormis que ca fait beaucoup de bougies pour un seul gâteau, qu’est ce que ca signifie concrètement ?
Et bien au travers de quelques chroniques sur le blog, nous allons essayer de vous faire brièvement découvrir l’histoire du Japon, les premiers contacts avec les occidentaux, leurs conséquences ainsi que l’évolution de ces relations. Et bien entendu ce que représentent ce 150ème anniversaire et les évènements en rapport qui se sont déroulés ou se dérouleront au cours de cette année. Année qui est bien entamée d’ailleurs donc il ne faudra pas trainer en route.
Notre but n’est pas de faire un cours d’histoire détaillé mais plutôt de débroussailler les connaissances que nous pouvons avoir sur le Japon et nos relations avec lui. Nous espérons surtout qu’au bout de ces futures lectures nous vous aurons donné l’envie de vous plonger dans des livres d’histoire pour en apprendre d’avantage…et non Naruto ca ne compte pas.
Sommaire
1 – Histoire du Japon
2 – L’évolution des contacts avec les Occidentaux
3 – Les relations avec la France
4 – Le 150e anniversaire
1. Histoire du Japon
Il serait difficile de parler des rapports qui se sont établis entre les Japonais et les Occidentaux au fil du temps sans évoquer l’histoire politique, culturelle et sociale du Japon. Comme beaucoup de pays asiatiques, il a été fortement influencé par la Chine, à laquelle il a tout d’abord emprunté de nombreuses découvertes et idées, qu’elles soient politiques ou culturelles. Suite à cette période d’assimilation, riche de nombreux contacts entre les deux pays, le Japon a connu une période de repli sur soi qui lui a permis d’acquérir une autonomie culturelle et de s’affranchir de l’influence de son voisin. Mais il a également connu une forte instabilité qui a vu évoluer l’organisation politique et militaire du pays, notamment à travers le rôle de l’Empereur et plus tard du Shogun. C’est au cours de cette période qu’auront lieu les premiers contacts avec les Occidentaux, en 1542 avec l’arrivée d’un navire Portugais.
Sans rentrer dans les détails, les historiens ont recensés deux sociétés Japonaises primitives, les Jomon présents depuis le Ve millénaire avant J.-C., et les Yayoi, apparus vers le IIIe siècle avant J.-C. D’après les découvertes archéologiques, une bonne partie de la civilisation Yayoi aurait transité par la Corée et d’autres régions du Sud-est Asiatique. On retrouve une influence chinoise dans les productions artisanales des Yayoi de l’époque.
Le Japon était alors composé de tribus, qui seront ensuite réunies suite à des conquêtes. La religion était basée sur le culte de la déesse-soleil dont prétendaient descendre les chefs religieux. Cette déesse serait à l’origine de la ligne impériale. Ce n’est que vers les Ve et VIe siècles qu’apparut un Etat japonais, basé sur une division clanique, les Uji. Jusqu’au VIème siècle, le Japon conservait un pouvoir en Corée et les habitants conservaient encore des origines continentales. On peut noter qu’au début du XXe siècle, le Japon annexait la Corée, notamment en arguant d’une parenté entre les deux peuples. Mais nous n’aborderons pas ici le triste épisode de cette guerre.
Les Japonais ont ainsi énormément puisé dans la culture Chinoise, de nombreuses connaissances étant apportées au Japon via les immigrants Coréens. Dés le premier siècle de notre ère, des échanges avaient lieux entre les deux pays, au travers d’ambassadeurs et de marchands, ce qui entraina un changement progressif et diffus de la société Japonaise. A partir du VIe siècle, en raison du rayonnement accru de la Chine avec la dynastie des T’ang, l’aura de la civilisation Chinoise aux yeux des Japonais s’accru et le processus d’assimilation s’accéléra. En 552 la religion bouddhiste fut adoptée officiellement par la cour du Yamato, et servit de vecteur à la propagation de la culture Chinoise, notamment avec les nombreux bonzes et Japonais convertis qui revinrent au Japon pour propager la religion, et à travers elle les idées Chinoises.
Cette influence connu son apogée en 645, lors d’un coup d’Etat donnant naissance à l’ère Taika ou « ère du grand changement ». L’objectif était alors de faire du Japon une réplique de la Chine et de ses institutions, notamment au travers d’une organisation politique de type impériale. Le souverain n’avait plus uniquement un rôle de chef religieux mais également exécutif, et l’Empereur allait ensuite conserver cette double autorité. Les Japonais essayèrent de lui adjoindre un gouvernement centralisé inspiré du modèle Chinois mais il fut difficilement adaptable à la société Japonaise de l’époque et cette centralisation administrative fut un échec. L’archipel fut divisé en provinces mais le gouvernement central ne put les contrôler. Des tentatives similaires d’adopter les systèmes fiscaux et militaires chinois furent également des échecs.
A partir du IXe siècle, les mentalités Japonaises connurent progressivement un changement important. Les Japonais ne cherchèrent plus à imiter constamment la culture Chinoise mais plutôt à assimiler les idées qu’ils avaient acquises. Le japon se dirigeait vers une autonomie culturelle. Cela entraina une rupture des relations avec la Chine et un isolement du Japon qui permit une accélération du processus. Cette évolution se traduisit notamment par la modification du système d’écriture basé sur le Chinois. Les Japonais adaptèrent ce système avec l’ajout des kanas.
La tentative d’adoption du système administratif Chinois eut notamment pour conséquence la création de domaines, dirigés par des aristocrates de la cour. Une fraude fiscale importante et l’appropriation de ces terres firent que le pouvoir impérial ainsi que le système administratif centralisé périclitèrent. Chaque domaine acquis une autonomie relative et avait pour seul contact avec la cour le versement d’un impôt aux familles princières. La famille impériale perdit une grande partie de son pouvoir même si elle conservait une partie de son prestige. Une famille contrôlant de nombreux domaines, les Fujiwara, acquit même à travers des mariages avec la famille impériale une influence totale sur elle. On peut tout de même noter que le prestige de l’Empereur lui assurait de conserver une place au sein du pouvoir politique Japonais, même s’il ne s’agissait que d’un pouvoir de façade. Et au cours de cette période l’Empereur conserva le pouvoir religieux, et dans une moindre mesure le pouvoir administratif, tandis que le Shogun avait en charge le pouvoir militaire.
A partir du Xe siècle, l’Etat eu de plus en plus de mal à maintenir un pouvoir fort sur les provinces les plus éloignées de la capitale impériale Kyoto, qui passèrent sous le contrôle de seigneurs provinciaux. Ceux-ci acquirent un pouvoir militaire en augmentant le nombre de guerriers à leur service. Finalement l’Empereur fut obligé de déléguer la prise en charge de la force publique au chef des Minamoto, Minamoto Yoritomo, qui devient le premier Shogun en 1192. Comme nous l’avons dit, le Shogun devenait de fait, au travers du pouvoir militaire et policier, le réel chef de l’Etat, tandis que l’Empereur conservait quasi uniquement le pouvoir religieux et un pouvoir administratif, essentiellement honorifique.
Pendant plusieurs siècles, la société Japonaise allait être de type féodale avec une montée en puissance de la classe guerrière. De plus en plus de seigneurs locaux ou régionaux prirent en charge la gestion de domaines après avoir été nommés par le Shogun.
D’un point de vue religieux, ces changements se ressentirent également sur le bouddhisme, avec l’apparition de nouvelles tendances via des sectes, notamment le Zen, qui eut une grande influence sur la classe guerrière.
Mais l’augmentation du nombre de seigneurs, l’accroissement de leur puissance et de leur influence allaient miner progressivement le pouvoir central et provoquer une anarchie de plus en plus importante tout au long des XIVe et XVe siècles. Des seigneurs locaux prirent le contrôle de régions entières et demandèrent une allégeance totale de leurs vassaux. A partir du XVIe ils furent appelés « daimyo ». Le Japon allait connaitre une période d’agitation et de combats, chacun luttant pour acquérir de nouveaux domaines et accroitre son pouvoir.
C’est dans cette période de grande instabilité que vont arriver les premiers occidentaux, à partir de la moitié du XVIe siècle. Nous allons maintenant voir comment se sont déroulés ces premiers contacts et leurs impacts sur la société Japonaise.
Texte Murezor

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