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Freddy Lyonnais

Publié le 23 septembre 2008 par Argoul

Nombre de commentateurs de la gauche française ironisent à coups de cocoricos sur la renationalisation des sociétés de crédit immobilier Fannie Mae et Freddy Mac aux États-Unis. On reconnaît bien là le « style » d’une certaine génération impuissante, manifestement incapable de penser la nouveauté et soucieuse avant tout de désigner l’Ennemi pour se compter et se recompter. Sans que jamais le total ne fasse la moitié, depuis Mitterrand II. L’impuissance conduit à l’abstraction, l’incapacité à l’amalgame, et l’entre-soi à la mauvaise foi.

Exemple parfait à propos du Resolution Loans Trust (RTC) qui va reprendre les crédits douteux des établissements financiers aux Etats-Unis. « C’est un Consortium de Réalisation (CDR) comme le Crédit Lyonnais ! », entend-on. Ha ! Ha ! le capitalisme le plus débridé d’aujourd’hui en est réduit à agir comme ce bon vieux socialisme des sages d’hier.

Et d’ajouter – sans réfléchir – « c’est la nationalisation des pertes après la privatisation des profits ! » Croyez-vous peut-être que les pertes abyssales du Crédit Lyonnais, défaits en CDR aux actifs vendus à l’encan, n’ont pas été une « nationalisation des pertes » ? Qui a payé la note, à votre avis ?

Si l’on décortique calmement les situations, Fannie Mae et Freddy Mac ont été renationalisés par un Etat libéral APRES une crise systémique, alors que le CDR a été établi par un Etat socialiste pour défaire les investissements hasardeux propres d’un Crédit Lyonnais DEJA nationalisé. Il était piloté par un membre de la Noblesse d’Etat lui aussi socialiste… mais pas plus contrôlé que les dirigeants libéraux les plus débridés !

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Bel exemple de prescience « de gauche » que ce laisser-faire d’un Intouchable. Jean-Yves Haberer, major de l’ENA 1959, Inspecteur des Finances, a été PDG du Crédit Lyonnais nationalisé de septembre 1988 à novembre 1993. Il n’a écopé que d’une amende ridicule de 59 000€ pour avoir causé des pertes de près de 16 milliards d’€. Qu’est-ce que la « justice sociale » lorsqu’il s’agit de l’un des siens ?… De même, les ministres des Finances de l’époque (Michel Sapin et Edmond Alphandery), Jacques de Larosière gouverneur de la Banque de France, et Jean-Claude Trichet directeur du Trésor, ne sont nullement inquiétés. La « Caste » se défend, le socialisme n’est qu’un mot pour faire bien.

Son ancien adjoint à la banque a dit d’Haberer qu’il avait « une forme d’état d’esprit qui consistait à imaginer la réalité telle qu’il se la représentait et un désir de la présenter sous un jour favorable ». On frémit de penser qu’il s’agit du même formatage chez tous les socialistes. Mais n’a-t-on pas lieu de le craindre quand on suit les déclarations enflammées et à côté de la plaque des leaders socialistes se poussant du col pour le concours de beauté du Congrès ? L’une confond allègrement MACIF et CAMIF pour « construire » l’un de ses coups de gueule « émotionnels » dont elle a le secret - appris au théâtre ; l’autre glapit contre le système libéral… après avoir voté les statuts qui reconnaissent l’économie de marché – autre nom du système libéral – lors de la dernière réforme au PS.

Nous tombons au moins d’accord sur une chose : que le système soit libéral ou socialiste, le « ni-ni », cette relation incestueuse entre administration et entreprise, est un non-sens économique. Il montre ses faiblesses tant aux Etats-Unis (garantie d’Etat sur les crédit privés de Fannie Mae et Freddy Mac) qu’en France (une banque nationalisée n’a pas une meilleure gestion qu’une banque privée).

Sur le Crédit Lyonnais un rappel des faits
Récapitulatif des responsabilités, La Tribune
Sur la caste des Inspecteurs des Finance, voir le livre de Ghislaine Ottenheimer, Les Intouchables


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