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Voilà Marc

Publié le 23 septembre 2008 par Unepageparjour

Voilà Marc ! Le numéro de Mathieu s’étant affiché sur l’écran de son portable, il vient aux nouvelles.

Que se passe-t-il, s’enquiert-il timidement, un peu gêné d’entrer dans la longue intimité de ses deux amis. Tu as cherché à m’appeler, Mathieu ? Tout va bien ? Vous avez marché si longtemps, on se demandait, avec Jean ... le patron aimerait fermer ... la bougie est presque éteinte ... elle tient encore, un petit peu, plus pour très longtemps, je crois. Le patron m’a dit de le comprendre, que ce n’est pas facile, ces soirées qui durent si tard, tous les jours, tu comprends ?

Et mon tiramisu, tu me l’as ramené, au moins ? Rigole Marie.

Marc écarte les bras en signe d’impuissance.

Ne me dis pas que tu l’as mangé, espèce de goinfre ! S’amuse toujours Marie, faussement furieuse.

Matthieu se lève.

Je vais te le chercher, et régler la note au passage, pour libérer le patron du restaurant. Il part, son ombre s’évanouit dans la nuit. Marc et Marie se retrouvent seuls, tous les deux, pour la première fois peut-être. Elle pense qu’elle a juste oublié de parler des quinze ans à Mathieu... Pourtant, elle s’était promis, juste avant, de leur donner le même challenge, à tous les trois. Reviens dans quinze ans, je t’épouserai.

Marc s’assoit à son tour sur le banc, encore chaud de la présence de Matthieu.

Je pars, lui annonce Marie. Ou plutôt, je repars. Tu ne m’as encore rien demandé, mais je devine ce que tu souhaites me dire. Me dire que tu te moques de qui Fleur est la fille. Me dire que tu l’aimes déjà, que tu m’aimes depuis toujours, que tu veuilles fonder une famille, que tu veuilles vivre avec moi. Me dire que peu t’importe les bruits, les ragots, ce que les gens d’ici pensent et racontent, que tu ne vois que du bonheur pour moi, que je suis ta lumière, ta vie, ton espoir, le souffle qui t’emmène, qui te tire, qui te pousse. Tu m’aimes, tu m’aimes, tu m’aimes, tu ne cesses pas de te le répéter depuis que tu m’as vue, au premier jour de ton installation ici avec ta famille. Tous tes rêves se sont construits autour de moi. Tu as toujours été jaloux de Matthieu, un peu de Jean aussi, car tu sais bien que j’ai un faible pour les plus faibles, et que toi, tu es si fort. Tu as parfois peur de me faire peur, alors que tu ne voudrais être que douceur, amour, tendresse, pour me transporter dans tes rêves les plus fous, les plus insensés. Tu m’aimes, Marc !

Marc laisse s’enveloppé du silence de la nuit. Sa main se pose sur celle de Marie, qui ne la retire pas. Immobiles l’un et l’autre.


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