La première réaction des marchés financiers à l'annonce du plan de sauvetage de George W Bush a été
de repartir à la hausse. C'était l'expression d'un lâche soulagement. Les parachutes interventionnistes allaient éviter que tout le système financier s'écrase. Ce moment d'euphorie est vite
retombé, comme un soufflé.
En effet le sauvetage annoncé va seulement repousser la solution au problème de la crise financière. Autrement dit ce sera reculer pour mieux sauter. Je reproduis ci-contre la page de
dessins de Mix et Remix, parue dans L'Hebdo de ce jour ( ici ): un dessin vaut
mieux bien souvent que de longues explications. Ce dessin illustre le plan de sauvetage des banques : pour boucher de petits trous "on" va prendre dans un grand trou, celui du trésor
US...
Sur son site, Tocqueville Magazine ( ici ), Michel de Poncins, lundi 22 septembre, rappelle le principe des calamités
dont le prétendu sauvetage est l'illustration : "Une calamité d'origine publique conduit toujours à une autre calamité pour soi-disant corriger la première". A l'appui de cet énoncé il se réfère à
l'article de Vincent Bénard dont j'ai fait l'objet de mon article du 10 septembre sur Le marché du crédit hypothécaire perverti par
l'interventionnisme .
Dans Le Figaro du 18 septembre ( ici ), Frédéric
Sautet, économiste au Mercatus Center (George Mason University), fait cette observation : "Si la conjoncture ne peut provoquer une telle crise, même si elle peut contribuer à l'aggraver, il
est tout aussi surprenant de soutenir que le manque de contrôle serait la cause première du mal actuel. En effet, le secteur financier américain est déjà extrêmement réglementé et supervisé
par plusieurs organisations gouvernementales".
A propos du sauvetage destiné à rassurer les marchés - et l'auteur ne devait pas connaître encore l'ampleur de celui-ci au moment où il écrivait son article - Frédéric Sautet ajoute : "Si
à première vue, ces tentatives de sauvetage public peuvent paraître opportunes, une telle infusion de liquidités comporte cependant, consubstantiellement, une illusion : le gouvernement n'ayant pas
de ressources illimitées pour sauver le système de la faillite, la seule ressource dont il dispose, au final, c'est l'argent des contribuables (impôts et inflation)... Et cette solution ne peut
résoudre, à elle seule, le problème fondamental de moyen/long terme qu'est la raréfaction de l'épargne".
Il en arrive à la conclusion à laquelle aucun des candidats à la Maison Blanche ne se résoudra : "Pour s'en sortir, il n'y a, hélas, désormais d'autre issue que d'accepter les faillites bancaires
et de renoncer, au plus vite, à ce nouvel interventionnisme qui, à court terme, paraît rassurant, mais qui, à moyen et long terme, alimente des tsunamis économico-financiers devenant véritablement
incontrôlables".
Pour finir je ferai mention du commentaire judicieux de William A. Niskanen, senior fellow, du Cato Institute, à propos de ce sauvetage, commentaire paru ce jour
( ici ). Il observe qu'en six ans George Bush a demandé deux fois les pleins pouvoirs : au moment de la guerre
d'Irak en arguant que ce pays détenait des armes de destruction massive, qui n'ont d'ailleurs jamais été trouvées, et maintenant pour le sauvetage des banques. Il note "suprême ironie" que "le
coût total de la guerre d'Irak à ce jour est de 700 milliards de dollars, le même montant que l'administration demande pour acheter les mauvais crédits hypothécaires".
Francis Richard