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notes sur la vie d'artiste

Publié le 26 septembre 2008 par Lironjeremy

Avec moins d’écart que Béatrice Rilos sur Erratique (qui me disait laisser communément patienter ses écrits des mois avant de les donner à lire ; comme pour éprouver leur nécessité), je publie ici quelques fragments parfois qui en s’attardant sur les pages d’un carnet ou dans un document Word non conclu attestent alors d’une importance personnelle, de revendications durables ou d’attentions obsessionnelles (le livre l’immeuble etc.). Ce qui suit.

Quand on me dit « il y a vivre aussi » par ce que je semble trop investi dans l’art, dans les exigences de ma pratique, et m’y épuise, c’est dire quoi au fond sinon que vivre serait davantage une quiétude flegmatique une jouissance simple de ce qui est donné, une Épicure, une économie. Que l’art ne doit pas impliquer sa vie totalement. Moi je répond que je vis artistement et qu’il me semble que malgré la dureté parfois, les exigences et les difficultés de cette implication, cela m’est la seule manière de vivre pleinement. D’être au monde, partie prenante. Ce n’est pas une attitude de chalenge, une conquête de la gloire publique. Ce goût pour les pinacles, ou pour le pouvoir que confessait un certain président en campagne. Je ne peux pas repousser les questions parce qu’elles ont trop durées et s’imposent comme un mauvais gravier, une encontre au confort. On abandonne pas un problème, on y lutte. Oui, je dis que mon implication dans l’art est un niveau de mon implication dans la vie. Cela contient une part de repos, de plaisir simples qui sont « profiter » un peu. Mais c’est peut-être maladif, cet apaisement dégage bientôt des reliefs auxquels viennent s’accrocher l’attention et la curiosité. Ce plaisir, cette impression spéciale, on les notes. D’abord à soi même et puis plus objectivement, avec plus de vérité, considérant bientôt le contexte, les échos. Quelque chose se passe comme s’il fallait redoubler l’expérience du réel par une extrapolation questionnante et bientôt créatrice. Quelque chose se pose en regard du réel, qui est comme l’éprouver, le sonder et en somme l’attester. Et faire œuvre n’est pas surpasser le réel, imposer un règne iconique ou artefactuel, c’est aller à sa rencontre, le poser comme énigme, vastitude, promesse, et donc objet d’une attention spéciale, totale. L’œuvre d’art est un outil actif, une porte et non une conclusion. Pour cela que j’aime me poser quelques fois et contempler un masque africain ou une œuvre autre, parcourir quelques fragments de poésie ; dans ce repli du passé sur le présent je vois des immensités. Il y a là dedans une contradiction, c’est à la fois désespérant et lieu de possibles, une promesse. Et dans le métier d’artiste, il ne s’agit pas de penser l’exposition comme un geste promotionnel (même si l’on peut que se réjouir et dans un sens chercher une reconnaissance qui nous permette de persévérer avec plus de moyens), considérons plus simplement l’occasion de créer et soumettre un ensemble qui est comme s’approprier le problème singulièrement, le circonscrire en quelque sorte à quelques aspect insistants en nous. Et appeler par la discussion, par la critique etc. un prolongement du problème.


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