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L’ancien président de la RATP n’aime plus le métro, ou Christian Blanc, le visionnaire du long terme éphémère ;-)

Publié le 26 septembre 2008 par Jean-Paul Chapon

Comme il l’avait laisser entendre en juin dernier lors des Assises de la Métropole, Christian Blanc préfère la voiture au métro. Le secrétaire d’État au développement de la Région-Capitale avait alors déclaré sa certitude, que la solution pour demain était la voiture électrique, laissant planer un doute sur la priorité à donner aux infrastructures de transports collectifs.

Hier le doute a été levé. Pendant que d’un côté le SDRIF était voté hier soir par l’assemblée régionale d’Ile-de-France, de son côté, le secrétaire d’État à la Région-Capitale était auditionné par la Commission économique de l’Assemblée Nationale. Là, comme le rapporte le Parisien, il a « tiré à vue sur les projets SNCF et RATP » de rocades de métro et de train autour de Paris. A propos de Métrophérique ou Arc-Express, Christian Blanc a déclaré « quand j’étais président de la RATP, j’avais moi-même lancé cette idée. Je devrais sauter de joie. Mais le projet de la RATP aurait été très bien il y a quinze ans. On ne l’a pas fait dommage. Aujourd’hui, il faut faire ce dont on aura besoin dans quinze ans. » Même sort réservé à la rocade ferrée qui se construit à partir des tangentielles, et finalement pour Christian Blanc, « la priorité est d’achever l’autoroute la Francilienne à l’ouest de Paris et on ne pourra pas faire les deux pour des raisons financières. » Pour quelqu’un qui reproche au SDRIF son manque d’ambition, c’est un peu l’hôpital qui se fout de la charité ;-)

L’argument de « ce qui était bon il y a 15 ans ne l’est pas aujourd’hui » est digne du café du commerce ou de la plus parfaite mauvaise foi. Avec un tel raisonnement, le métro qui a fêté ses 100 ans il y a quelques années, n’aurait été bon que lorsqu’il a été décidé à la fin du 19ème siècle, et encore pour 15 ans, mais il ne le serait certainement plus aujourd’hui ? Allons, Monsieur Blanc, soyons sérieux. Ce n’est pas un argument digne d’un ancien président de la RATP qui à ce titre devrait pourtant être bien placé pour savoir qu’en terme de transports collectifs, on raisonne sur le long terme, le très long terme, plutôt à 50 ans ou 100 ans qu’à 15 ans. Quant à la demande qui justifiait Orbitale il y a 15 ans, elle s’est encore accrue, et fait que non seulement il faut Orbitale devenu Métrophérique ou Arc-Express (pour faire plaisir à Jean-Paul Huchon et Mireille Ferri, malgré leur ralliement de circonstance à ce projet), mais aussi la rocade SNCF, deux projets auxquels le secrétaire d’État préfère la route. Et il a en partie raison, il faut aussi la route. Le périphérique répondait à la demande il y a 30 ans, c’est vrai. Et surtout aux idées d’il y a 30 ans. Mais imagine-t-on Paris aujourd’hui sans le périphérique… et sans les RER ? Et en prime sans Orbital ou Métrophérique ? Plus de 30 ans après, ces infrastructures nécessaires à l’époque le sont encore aujourd’hui. C’est plutôt sur les financements qu’il faudrait réfléchir, au financement pour pour répondre aux besoins d’aujourd’hui et à ceux des années à venir.

Avoir été président de la RATP il y 15 ans, c’est bien. Une petite mise à jour avec exercices pratiques quotidiens serait peut-être la bienvenue pour vérifier si ce qui était bon il y a 15 ans ne l’est pas encore aujourd’hui, et demain, car il paraît fort peu probable que la tendance actuelle s’inverse, que la petite couronne se vide comme par miracle et que la grande couronne disparaisse. Quant à tout miser sur la voiture, gardons à l’esprit que la pollution générée par le carburant n’est pas la seule à prendre en compte, que le tout électrique repose sur la production d’électricité, de batteries, et qu’enfin la congestion de la Ville par la voiture, qu’elle soit électrique ou à essence continuera à freiner son développement. Il y a certes les autoroutes, et une fois encore il n’est pas question pour Paris est sa banlieue de les critiquer, mais le tout autoroute jusqu’à chaque maison, commerce ou bureau est aussi absurde qu’illusoire. Bref, il ne suffit pas de vouloir avoir raison contre tous pour se poser en visionnaire. N’est pas Delouvrier qui veut. Un peu de modestie, de respect de l’opinion et du travail des autres, ce n’est pas mal non plus pour faire un visionnaire.

Jean-Paul Chapon


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