Magazine Océanie

Brèves rencontres polynésiennes

Publié le 28 septembre 2008 par Argoul

J’apprends que certains Polynésiens « ne peuvent pas payer » leurs consultations médicales sous prétexte qu’ils n’ont pas d’argent.
« - Le gros 4×4 devant ta porte, il est à qui ?
- A moi, Taote (docteur).
- Tu peux t’acheter un 4×4, mais tu n’as pas d’argent pour payer ta consultation ?
- Taote, si je paie toi, j’ai plus l’argent pour acheter l’essence, tu sais l’essence est chère et il en faut beaucoup. »

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Pour les massages, ils disent aussi qu’ils n’ont pas d’argent pour payer les 20% restant à leur charge.
C’est le cas de cette vieille femme handicapée qui touche une pension d’invalidité sur laquelle vivent 3 générations. Personne ne travaille. Les plus jeunes ne vont ni à la pêche, ni dans le fa’a’apu (plantation). Ils restent couchés une grande partie de la journée, regardent la télévision et attendent les aides sociales. Toute la smala vit sur la pension de la vieille femme!

Une fillette de 5 ans pèse 60 kilos.
«  - Taote, ma fille elle a mal à l’estomac !
- Cesse de lui donner toutes ces sucreries, casses-croûte et autres ma’a gras ou sucrés.
- Taote, elle peut rien manger parce qu’elle a mal à l’estomac. Alors je lui achète des bonbons pour lui donner des forces ! »

Le vendredi soir, certains ont fait la bringue et bu une ou plusieurs caisses de bière (24 bouteilles de 50 cl chacune) avec les copains, d’autres se sont battus. Le samedi ou le dimanche, on appelle le taote parce qu’on a mal à la tête et que lundi on ne pourra pas aller travailler ! (Pour ceux qui travaillent)

On me signale le cas d’une des îles sous le vent d’une population d’environ 1000 habitants où l’on compterait une centaine d’employés municipaux. Cela ferait une moyenne d’1 employé municipal par famille ?

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Une famille polynésienne tout à fait convenable :
La mère a fait des études (bac+2), le mari possède lui aussi un diplôme.
Les deux parents travaillent, ils possèdent leur propre maison, ont deux enfants.
La mère partage son lit avec le fils (14 ans), le père, lui, dort avec la fille (15 ans).
 
Atihei est un jeune homme de 17 ans, filiforme. Il est collégien et la moyenne de ses notes flirte avec 2 ou 3 sur 20. Mal aimé par son père, il est le troisième d’une fratrie de quatre. Il a fait plusieurs fugues, sèche très souvent les cours et n’apprécie pas le collège. La maman se désespère mais le travail de leur roulotte la préoccupe davantage. Les personnes qui gravitent autour de cette famille pensent que c’est la faute de son prénom.
«  - Ah ! bon, pourquoi cela ? Je m’étonne. Explique-moi.
- Les Vieux nous disaient souvent de faire très attention au choix des prénoms des enfants.
- Que signifie son prénom ?
- ‘Ati’ c’est le malheur, les ennuis, l’accident ; ‘Hei’ c’est un collier, une couronne. C’est un mauvais prénom, il porte la poisse à ce gamin. Il paraît que c’était le prénom d’un grand-père et que ses parents ont voulu faire plaisir… Les prénoms avec Mau, c’est très mauvais aussi !
- Heureusement, maintenant on trouve des livres avec la signification des prénoms en tahitien.
- Oui, mais Atihei va continuer à s’appeler Atihei, non ? »
[Mais non, il peut demander au tribunal de changer son prénom s’il prouve pourquoi il lui fait du tort. Il peut aussi adopter un autre prénom pour l’usage courant, même s’il conserve l’officiel sur sa carte d’identité. Quand on veut, on peut]
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E. me raconte :

« L’autre nuit les gendarmes farani (la gendarmerie nationale) sont venus car il y avait bringue - et une musique très forte à côté.
- Alors ? le volume de la musique a baissé ?
- Oui, un peu. Ce serait la fille de mon cousin qui habite à côté qui les a appelés. Elle est pompier.
- Cette jeune dame sortait peut-être d’une astreinte longue et difficile ?
- Ben, je sais pas, ils sont fâchés avec nous. Tu te rends compte elle va à pied à la caserne !
- C’est bien, elle entretient sa condition physique. Où est sa caserne ?
- Ben, celle de Punaauia !
- Ha, ha, ha, mais ce n’est qu’à trois cents mètres !
- Ben, quand même, elle prend pas sa voiture pourtant c’est loin !… »

L’autre jour, au marché, j’ai acheté des ina’a (alevins), comme à la Réunion. Il y avait fort longtemps que je guettais cet instant. Mes amis m’avaient bien dit qu’à la saison, des camionnettes passaient dans leurs quartiers en criant « ina’a, ina’a » mais moi qui habite la Capitale, je n’avais jamais eu cette chance. Au jeune homme qui vendait ces alevins je demande :

«  Tu connais une recette ?
- Oh ! non, je ne sais pas les cuire, moi je suis seulement vendeur, tu sais !
- Quand ta mère les prépare, tu les manges ?
- Oui, bien sûr c’est bon ! »

Tama’a maita’i (Bon appétit).

Sabine


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