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Alexandre dumas, Lettres à mon fils

Publié le 28 septembre 2008 par Gsand1804
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J'ai fini ce matin la correspondance de Dumas père et Dumas fils. Un petit volume de 300 pages, comparativement aux XXVII tomes de la correspondance de George Sand, c'est un peu maigre! J'ai un peu regretté que la plupart des lettres du père au fils se résume à demander de donner 200f à l'un, 300f à l'autre... toutefois certaines lettres m'ont ravie. Alexandre Dumas fils étaient très ami avec George Sand, il l'a notamment aidé pour adapter son roman "Le Marquis de Villemer" en pièce de théâtre. Cette association s'est soldée par un franc succès ! Plusieurs lettres sont adressées à Sand, d'autres sont de Sand. J'ai particulièrement aimé celles dans lesquelles Alexandre fils raconte comment lors d'un voyage à la frontière russe, il est tombé sur la correspondance de Sand et Chopin chez la soeur de celui-ci, comment il avait recopié les lettres et comment finalement il est parvenu à les récupérer et à les rendre à George !

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Alexandre écrit alors à son père, vers le 15 mai 1851, ces quelques lignes :

"Rien n'est plus triste et plus touchant, je t'assure, que toutes ces lettres, dont l'encre a jauni, et qui ont toutes été touchées et reçues avec joie par un être mort à l'heure qu'il est. Cette mort, au bout de tous les détails les plus intimes, les plus gaies, les plus vivants de la vie, est une impression impossible à rendre. Un moment, j'ai souhaité que le dépositaire, qui est mon ami, mourût subitement, afin d'hériter de son dépôt et d'en pouvoir faire hommage à madame Sand, qui serait peut-être bien heureuse de revivre un peu de ce passé mort."

Le 30 mai 1851, Alexandre Dumas père écrivait à Sand:

"Chère et illustre,

Votre lettre m'a profondément attristé. Pourquoi donc voulez-vous que votre coeur ait vieilli et quelle est cette affectation de vouloir que je le voie plein de rides. Non pas. Votre coeur est le coeur d'Indiana, de Valentine, Claudie,  et non celui de Lélia [il s'agit des héroïnes de Sand, Lélia est réputée pour avoir un coeur froid par rapport aux autres] Votre coeur est jeune, votre coeur est boon, votre coeur est grand, et la preuve, vous le voyez bien, c'est qu'il saigne à la moindre blessure.

[...] Si Alexandre renvoie ou rapporte les lettres, je pars à l'instant pour Nohant. Je vous embrasse et je reviens.

Soyez forte [et] courageuse comme le génie qui est en vous.

Tous les respects du coeur

Alex. Dumas"

J'ai aussi beaucoup aimé cette petite phrase en fin de lettre, écrite par Alexandre Dumas fils qui avait passé un mois à Nohant chez George Sand : "Allons, bon appétit et ne mangez pas trop vite." Juste une petite phrase, un petit clin d'oeil qui montre leur connivence, lui qui se sentait appartenir à la famille de Sand!

J'apprends aussi que Sand comme Dumas père n'ont pas trop aimé "Les Misérables" de Hugo.

Alexandre Dumas fils a souvent passé un mois d'été chez Sand, et son père ne manque pas d'écrire quelques phrases sur George, des phrases amicales mais qui montre aussi une admiration littéraire:

"Je t'embrasse -dis à ma grande Sand - que je baise ses bonnes petites griffes qui roulent si bien les cigarettes et qui écrivent de si belles choses" [lettres du 17 septembre 1863]

Il y a comme cela de petites pointes d'humour qui montre l'affection que chacun portait à l'autre.

Enfin, la lettre d'Alexandre Dumas fils à George Sand annonçant la mort de son père, est bien sûr très émouvante, le 6 décembre 1870 :

"Chère Maman,

[...] Mon père est mort hier, lundi 5 décembre à dix heures du soir sans souffrance. Vous ne seriez pas pour moi ce que vous êtes, que vous seriez toujours la première personne à qui j'annoncerais cette mort. Il vous aimait et vous admirait plus que toute autre."

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George Sand répond le 17 décembre 1870:

"Mon cher fils, je n'avais rien reçu de vous et j'étais inquiète. Je reçois aujourd'hui 17 décembre la triste nouvelle que vous m'annoncez. Une consolation, c'est que ce pauvre père a eu une fin douce, que vous étiez près de lui et que jusqu'au bout, vous avez pu veiller sur lui. Gardons-lui toutes les piétés du souvenir. Je suis heureuse de vous savoir en bonne santé. Ici, c'est de même, en attendant les évènements.

Toutes nos tendresses à vous tous.

Votre maman qui vous aime et voudrait bien vous embrasser. G. Sand"

Je trouve cette lettre très belle, parce qu'elle fait d'Alexandre son enfant, étend sa famille jusqu'à lui comme pour mieux le consoler, Dumas est avant tout un père, elle ne parle pas de l'homme public, de l'écrivain, c'est véritablement une mère qui parle à son fils de son père...

Voilà, je voulais partager avec vous cette lecture et ces quelques lettres toutes tirées du recueil publié par Claude Schopp.

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