La valeur économique ajoutée (Economic Value Added, EVA) constitue en ingénierie financière l’excédent de résultat d’une entreprise comparé au coût de financement des bailleurs de fonds et actionnaires.
Un certain Finegan a “inventé” vers la fin des années 1980 la base de cette notion fumeuse qui est censée permettre aux financiers de calculer si et quand leurs investissements produiront de la trésorerie en suffisance.
Les économistes dits “modernes” se sont rués sur cette nouveauté pour en introduire les principes dans l’évaluation des entreprises. Autrefois ( il y a 25 ans… ) on effectuait cet exercice en comparant des valeurs statiques de bilan : actuellement une telle méthode passe aux yeux des financiers pour une méthode préhistorique.
Ils lui préfèrent de loin celle dite de la valeur actuelle nette, qui résulte d’un actualisation des futurs flux de trésorerie que génèrera l’entreprise concernée : ça c’est moderne et ça “fait sens” et des spécialistes américains le disent, alors…
Sauf que lorsque la finance internationale et sa mère l’économie se gangrènent, on ne peut que se demander si nos chers experts n’ont pas eux aussi joué aux apprentis sorciers en capitalisant sur des bénéfices futurs éventuels et virtuels pour calculer des valeurs d’entreprises représentant parfois 20 ou 50 fois leur profit annuel “escompté” - dans tous les sens du terme.
On avait cru comprendre qu’avec l’éclatement de la bulle internet, on serait plus prudent et conservateur dans l’évaluation des entreprises … et le futur donne tort aux banquiers et autres économistes “modernes”.
Ce qui arrive sur le marchés financiers et sur la valeur des instruments étranges mis sur le marché n’est pas autre chose qu’une application en grand des principes rappelés plus haut : on évalue des actifs sans tenir aucun compte d’une valeur substantielle sous-jacente, car elle n’existe même plus.
Et donc aussi longtemps qu’il existera des chalands pour acheter et vendre de tels instruments, et qu’il y a donc un marché (même complètement artificiel en valeur), on ne soucie ni de prodiguer de bons conseils ni de jouer au casino. Le seul hic est de ne pas rester pendu en bout de chaîne avec une trop grande exposition, mais la période qui précède ce hic est semblable à des moissons miraculeuses…
C’est notamment ainsi qu’on socialise les pertes .. tout en profitant des profits accumulés. Vive le progrès social.
A noter aussi que personne ne parle de cet aspect des choses, ni dans les médias, ni a fortiori chez les spécialistes qui doivent déjà être en train d’inventer la prochaine formule magique à fabriquer du vent … voilà cerainement l’un des points centraux d’une réforme législative et professionnelle impérieuse.