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"Touche pas au grisbi, salope!"

Publié le 29 septembre 2008 par Lalouve

Y’a un truc que je pige pas dans cette affaire de "crise du capitalisme financier" ( je mets ça entre guillemets parce que la qualification du capitalisme en financier - qui permet à Sarkozy de dire que "le capitalisme financier c’est mal", sous entendu "mais y’en a d’autres qui sont bien" - ne m’inspire qu’une confiance modérée, voire me laisse dubitative).
Qu’est-ce-qui s’est passé avec l’argent? Comment les banques centrales peuvent elles en sortir autant, à foison? Elles font chauffer la planche à billets ou elles tapent dans de colossales réserves?
D’après ce que je comprends, en fonction des rares éléments sérieux qu’on veut bien nous donner ou qu’on peut arracher ici ou là, de très nombreuses banques dans le monde (enfin, notez bien quand même, surtout en Europe et aux Etats-Unis) seraient en train de couler à pic.
Risquant ainsi d’emporter nos éconocrocs et nos emplois (parait-il , indirectement) dans leurs faillites...donc, on serait les premiers concernés et les premiers à devoir désirer que "l’Etat" investisse dans ces banques malades avec notre argent pour sauver leurs fesses. Parce qu’ainsi on sauverait les nôtres ( ben oui , vous vous rendez pas compte vous...Comment ferait on sans banques, hein? Et comment ferait on sans le capitalisme même, vu qu’on vous répète tous les jours qu’il n’y a rien d’autre qui soit possible et qui nous rende toutes et tous aussi heureux?...)
Donc résumons : des banques , poussées par quelques individus ayant les yeux plus gros que le ventre, investissent dans des produits dérivés pourris ( junk bonds, subprimes etc) en espérant pouvoir en tirer un bénéfice substantiel, à la hauteur du risque colossal qu’elles savent pertinemment prendre ainsi. Un peu comme au casino : avec 10 elles investissent pour 100 ( mais elles prennent aussi le risque de perdre 100).
Il se trouve que les règles sont ainsi faites qu’on n’est pas obligés d’avoir 100 dans ses caisses pour investir pour 100 (la fameuse obligation de couverture est minime).
C’est la prime au risque, en gros. (Enfin il y a beaucoup à dire sur la question car il faut encore savoir qui le supporte réellement ce risque...Tiens c’est marrant j’ai l’impression que c’est nous.)
Je me permets d’émettre l’hypothèse que la façon dont est traitée ce sujet en général repose sur une vision strictement capitaliste de la question.
Personnellement, je suis pour que ces banques pourries crèvent la gueule ouverte (je le dis comme je le pense parce que, après avoir entendu ce week end Fion nous demander à nous les travailleurs du "courage" pour renflouer ces enf...de banquiers et actionnaires bien trop gras, tu repenses à la phrase d’un camarade qui avouait récemment que, parfois, il regrettait le claquement sec de la guillotine en place de Grève...).
Bien. Je demande à M. Fion à partir de quand il estime qu’on en a eu assez du courage, et qu’il est temps que ce soit aux autres d’en faire preuve?
Nous sortir, comme le fait ce brave Fion, toujours lui, pour en appeler (sans rire) à "l’unité nationale", que ça va tuer des emplois et donc , qu’il ne faut pas laisser faillir ces banques, c’est un peu comme dire qu’il faut garder des centrales nucléaires toxiques et fuiteuses ouvertes qui mettent en péril la santé de toute une région uniquement pour sauver 500 emplois.
Comme si surtout, dans une société socialiste où l’énergie serait collectivisée et publicisée, on ne pourrait pas sauver ces emplois autrement...Évidemment, s’ils ne veulent pas changer de système ( au fond, si nous ne voulons pas changer de système) il y a toutes les chances pour que ce soient bien nous qui trinquions avant eux. Mais dans un autre système, dans un autre monde, en effet, la perspective est différente car sacrifier les êtres humains plutôt que les profits, et vice versa, c’est toujours une question de choix au final !
Bref, il faudrait sauver l’économie virtuelle pour que l’économie réelle ne soit pas atteinte, nous disent-ils.
Franchement je crains que ce soit un peu n’importe quoi.
C’est vraiment un argument de capitaliste, c’est à dire de mec qui veut le beurre et l’argent du beurre. D’où les tentatives ahurissantes des représentants politiques de la bourgeoisie ces derniers jours pour nous convaincre que nous devrions avoir peur ( mais sans paniquer complètement sinon on va tous retirer nos sous et ça ne fait pas leurs affaires). Il s’agit pour eux de nous gagner à leur cause et de nous faire avaler que ce qui les touche nous touche.
Le problème de ce que nous vivons aujourd’hui vient d’ailleurs que de la soi disant "crise financière". Bien que nombreux soient ceux qui font des efforts désespérés pour nous faire gober le contraire.
De deux choses l’une : soit cet argent perdu existait, soit il n’existait pas.
On sait que les écritures comptables sont maîtresses depuis longtemps dans l’art de faire passer des vessies pour des lanternes ( cf Enron etc). Entre les provisions, les amortissements, les écritures "hors bilan" etc...
Les fameuses normes IFRS n’ont rien changé à tout ça, au contraire, elles ont été créées presque spécifiquement pour maquiller l’imminence du cassage de gueule qui couve depuis 10 ans.
Alors, s’il n’existait pas, cet argent, il ne peut pas être perdu. Par définition.
Dans ce cas, que les banques assument leurs magouilles et leurs écritures verreuses seules. Elles se retrouvent débitrices sans pouvoir payer? Tant pis.
S’il existait, ce fric, et bien il existe nécessairement toujours, mais il n’est pas ou plus dans les caisses des banques, il a juste changé de mains (il faut savoir où il est) .
Notez qu’on n’a même pas le début d’une vérité là dessus, sur "où est le grisbi?" ! Une seule chose est sûre : ça fait belle lurette qu’il n’a pas été investi dans le secteur public, collectif et qu’on n’en a pas vu la couleur. Donc il n’est pas dans nos poches, même indirectement.
Alors où? Où faut il aller le prélever cet argent? ! Réfléchissons bien... On n’a pas une petite idée?
Et s’il était dans les poches des actionnaires eux-mêmes? S’il était dans les poches des actionnaires des assurances, des générales de santé, des laboratoires pharmaceutiques, des marchands d’armes, bref, dans les poches des 1500 personnes les plus riches du monde?
S’il était dans les châteaux de M Arnault? Dans les Rolls Royce de M. Mittal? Dans les hôtels particuliers de M. Tapie? Dans les fondations de M. Bill gates? Dans les yacht de M. Bolloré ?Sur les comptes suisses de M. Lagardère? ...
S’il était dans les caisses des fonds souverains et des banques centrales aussi, tiens? Dans les banques chinoises? Indiennes? Dubaiotes? Finlandaises? Dans les organismes centraux qui eux aussi spéculent ( c’est ça qui est dingue) à des niveaux encore plus élevés, sur la valeur des monnaies, sur celle de l’or?
Les banques se sont engagées sur les marchés financiers avec de l’argent qu’elles n’avaient pas. Elles avaient le minimum légal pour investir, mais pas de quoi couvrir l’intégralité de leurs positions en cas de "retournement de la conjoncture" (retournement nhérent au système boursier lui même, puisque la plus belle fille du monde ne peut offrir que ce qu’elle a n’est ce pas...).
C’est bien ça, le principe de la spéculation. Plus le risque est grand plus le gain peut l’être, mais plus la chute est terrible.
Mais dites moi,au fait, quand l’un d’entre nous, particulier, fait faillite (surendettement, faillite civile, souvent pour des motifs qui n’ont rien à voir avec la spéculation d’ailleurs) l’Etat vient il à notre secours? Les conséquences individuelles ne sont elles pourtant pas tout aussi dramatiques, quoi qu’à une échelle très réduite?
Pourquoi on nationaliserait quand ça va mal, pour privatiser quand ça va bien? (ce qui se passerait, à n’en pas douter). Pouruqoi pour nous les banques pourries et pour eux La Poste par exemple?
Et pourquoi se servirait-on doublement de nos sous pour cela?
Surtout, pourquoi se servirait on de notre fric sans que nous ayons en contrepartie de vrais titres de créance sur ces établissements?
Bien sur on va nous faire peur : "vous allez tout perdre", "vous allez en chier", "c’est vous qui allez trinquer". C’est possible qu’on morfle - mais c’est pas sûr non plus. Et c’est même envisageable qu’on morfle moins qu’eux, et peut être que ça ira même mieux enfin, ensuite. Pas d’accord en tout cas pour qu’on prenne notre argent pour renflouer ces banques verreuses, et en tout cas, pas sans que nous ayons et des titres de créances et des pouvoirs de contrôle directs pour verrouiller le tout.
Attention, l’Etat en France, c’est Sarkozy (ou ses hommes-liges, de près ou de loin, des gens de toute manière acquis à la cause du capital même quand ils prétendent venir du PS) du plafond au plancher, donc, l’Etat, c’est le grand capital - personnellement, je ne lui accorde aucune confiance.
Aussi, chers amis, réjouissons nous ( mais allons quand même retirer nos petits bas de laine, on ne sait jamais avec les flibustiers), c’est bien le moment 1° de mutualiser ( plutôt que de laisser les clefs à l’Etat) les banques et de créer ces fameux "pôles publics de la finance" tels que les ont pensé les différentes forces progressistes en 2005, et 2° c’est peut être le début de la fin de l’Etat, et en tout cas de l’Etat-Nation comme entité à part entière qui écrase la souveraineté populaire et qui est un des meilleurs freins à toute possibilité politique réellement révolutionnaire.
En tout cas, on pourrait se retrouver demain ensemble devant leur réunion pour leur dire haut et fort :
"Touche pas au grisbi, salope ! De l’argent, il y en a, dans les caisses du patronnat"
Qu’est-ce que vous en pensez? ;-)

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